L’Alberta de Danielle Smith, les principales préoccupations des PDG et vos émissions de voyage
POLITIQUES PUBLIQUES
C’est maintenant l’Alberta de Danielle Smith
Depuis la victoire du Parti conservateur uni en Alberta, la première ministre Danielle Smith a le mandat de faire avancer les politiques de la province en matière de climat et d’énergie. Or, ces politiques ne s’harmoniseront peut-être pas toujours avec les objectifs climatiques du gouvernement fédéral. Dans son discours de victoire, Mme Smith a fait part de son intention de s’opposer au « plafonnement de la production de facto d’Ottawa » et au projet de règlement sur l’électricité propre du fédéral. Les deux paliers de gouvernement pourraient cependant collaborer et faire des compromis, puisqu’ils visent tous les deux la carboneutralité d’ici 2050.
Voici certaines des idées et politiques du Parti conservateur uni qui pourraient avoir une incidence sur les objectifs climatiques du Canada :
Croissance et diversification de l’emploi : L’objectif de cette stratégie présentée dans le cadre du programme du Parti est d’accueillir des entreprises des secteurs de l’agriculture, de l’aviation, de l’énergie et de la fabrication. L’Alberta a déjà réussi à attirer des entreprises d’énergie en démarrage. Mais est-ce que ce nouveau plan stimulera un afflux plus important et accélérera la diversification ? En s’engageant à ne pas augmenter les impôts, la province pourrait attirer les investisseurs qui explorent diverses régions.
Métiers spécialisés : Un crédit d’impôt non remboursable de 1 200 $ pour les travailleurs des secteurs essentiels aux efforts de décarbonisation (dont les métiers spécialisés) pourrait aider à résorber la pénurie chronique de main-d’œuvre.
Mesures incitatives pour le captage du carbone : Le gouvernement albertain va-t-il mettre en place les mesures incitatives pour la décarbonisation des six entreprises membres de l’Initiative Alliance nouvelles voies, vu son objectif d’atteindre la carboneutralité dans le secteur des sables bitumineux d’ici 2050 ? Danielle Smith a dit qu’elle envisagerait de le faire.
Plan de réduction des émissions et de développement de l’énergie : Les détails n’ont pas encore été dévoilés, mais l’objectif de ce plan est d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. L’Institut Pembina a suggéré à la province de démontrer son intention en mettant en place un plan à court terme pour réduire les émissions du secteur des sables bitumineux et les émissions de méthane d’ici 2030.
TRANSPORTS
Un été haut en émissions
Vous prenez l’avion cet été ? N’oublions pas que nos déplacements ont une incidence sur l’environnement.
Vol aller-retour | T de CO2e | Coût pour compenser (CAD) |
---|---|---|
De Vancouver à Cancún | 1,01 | 22,53 |
De Toronto à Rome | 1,48 | 34,09 |
De Calgary à Hawaii | 1.83 | 38,34 |
De Montréal à Bangkok | 4,21 | 92.31 |
Source : Choose
Il est vrai que les émissions augmentent plus rapidement dans le secteur aérien que dans les secteurs ferroviaire, routier et maritime, puisque les carburants d’aviation durables n’ont pas encore véritablement pris leur envol.
Il ne faut pas se sentir coupable d’aller se détendre dans un lieu exotique, mais il peut être bon d’acheter des crédits compensatoires de carbone. Les compagnies aériennes canadiennes offrent à leurs passagers d’acheter de tels crédits pour
compenser le coût environnemental de leur voyage. Cependant, n’oubliez pas ceci :
1. C’est une solution imparfaite. Quand vous achetez des crédits, vous compensez les émissions de votre déplacement en finançant la plantation de quelques arbres en Équateur, par exemple. Mais ce n’est pas tout à fait équivalent. Plusieurs personnes sont d’avis que ces crédits sont inefficaces, mais ils valent mieux que rien. Bien entendu, ils ne sauraient remplacer les politiques qui visent à décarboniser des secteurs.
2. Il faut trouver un fournisseur de confiance. Certains programmes de compensation du carbone ne réduisent pas les émissions de gaz à effet de serre autant qu’ils le prétendent. Le Gold Standard, une norme appuyée entre autres par le Fonds mondial pour la nature, propose des projets que l’on peut suivre de A à Z en toute transparence. Mais il existe une foule d’autres options.
3. Justice climatique. Chaque petit geste compte. Quand vous achetez des crédits compensatoires pour appuyer des projets dans des pays à faible revenu, vous contribuez à la justice climatique. En effet, ce sont généralement les pays qui sont les plus touchés par les changements climatiques, alors qu’ils produisent eux-mêmes peu d’émissions.
Votre curiosité a été piquée ? Le sujet a été abordé l’été dernier dans l’un des balados de dix minutes de la série Les Innovateurs : Are Carbon Offsets Actually Effective ? (La compensation carbone est-elle efficace ? – en anglais seulement).
EN PRIORITÉ
Le prix du Règlement sur les combustibles propres
Combien le Règlement sur les combustibles (RCP) propres du Canada (qui entrera en vigueur le 1er juillet) coûtera-t-il à la population d’ici 2030 ? Le Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) a qualifié ce règlement de « généralement régressif ». Ottawa a rétorqué que le rapport du DPB était « faussé ». Le RCP vise à réduire la limite d’intensité carbone de l’essence et du diesel de 15 % d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2016). Les premiers ministres des provinces de l’Atlantique veulent que le gouvernement fédéral retarde l’entrée en vigueur jusqu’à ce qu’un plan soit en place pour « remédier à l’incidence disproportionnée du Règlement sur les Canadiens de l’Atlantique ».
Voici les répercussions économiques du RCP prévues par le DPB :
17 cents/litre | Augmentation du prix de l’essence d’ici 2030 ; 16 cents pour le diesel. |
-0,3 % | Diminution du PIB réel canadien, ou 9 milliards de dollars en 2030. |
0,62 % | Coût du RCP en pourcentage du revenu disponible d’un ménage à faible revenu en 2030 ; 0,35 % pour un ménage à revenu élevé. |
0,87% | Coût du RCP pour un ménage moyen en Saskatchewan (ou 1 117 $). C’est la province où il est le plus élevé, suivie de l’Alberta (0,80 %, ou 1 157 $) et de Terre-Neuve-et-Labrador (0,80 %, ou 850 $), en raison du poids des combustibles fossiles dans leur économie. |
Source : Bureau du directeur parlementaire du budget
AGRICULTURE
L’énergie renouvelable a la cote
Des agriculteurs ont adopté l’énergie renouvelable et de nouvelles technologies pour réduire leurs émissions et augmenter leur production.
En 2021, environ 12 % des agriculteurs canadiens avaient intégré l’énergie renouvelable dans leurs exploitations, soit plus du double des niveaux déclarés en 2015, selon les données de Statistique Canada. Mais l’adoption de l’énergie renouvelable s’accélère-t-elle assez rapidement pour réduire les émissions agricoles, qui représentent actuellement 10 % des émissions de GES totales du Canada ? C’est plus facile à dire qu’à faire. Dans les régions éloignées, se brancher à un réseau plus propre coûte trop cher pour de nombreuses petites entreprises du secteur.
Sous le soleil : L’énergie solaire est la forme d’énergie renouvelable la plus populaire : le tiers des agriculteurs de l’Ontario et le quart des agriculteurs de l’Alberta exploitent les puissants rayons du soleil. L’installation est coûteuse, mais les économies potentielles à long terme peuvent compenser les coûts. L’un des agriculteurs avec qui l’Institut d’action climatique RBC s’est entretenu a installé des panneaux solaires d’une valeur de 300 000 $ et s’attend à rentabiliser cet investissement d’ici sept ans grâce aux économies d’énergie. L’énergie éolienne gagne aussi en popularité sur les terres agricoles canadiennes. Plus de la moitié des installations de ce genre se trouvent en Ontario.
Sous la terre : L’énergie géothermique, une importante source de chauffage des serres, des sols et de l’eau pour la pisciculture, est utilisée par 1,9 % des exploitations agricoles du Canada, en particulier au Manitoba (4,1 %) et en Ontario (3,5 %).
Un morceau du sol : Les agriculteurs de l’Île-du-Prince-Édouard et du Québec sont les plus enclins à faire des analyses d’échantillons de sol, mais cette pratique est en train de gagner du terrain dans les autres provinces. L’échantillonnage des sols permet de mesurer les nutriments qui demeurent dans les champs après une récolte, ce qui aide à faire une évaluation et à obtenir de meilleurs rendements.
Faire plus avec moins : En améliorant leur productivité, les exploitations agricoles aideront le Canada à produire plus en utilisant moins d’énergie. En 2021, plus du quart des exploitations ont déclaré utiliser des systèmes de pilotage automatique qui réduisent le gaspillage de semences et d’engrais (contre le cinquième en 2015), tandis que 20 % ont dit utiliser des trayeuses robotisées (contre près de 9 % en 2015).
Le programme Signaux climatiques est géré par Yadullah Hussain, directeur de rédaction, Institut d’action climatique RBC, avec la participation d’experts de l’Institut.
Articles précédents :
ÉNERGIE
Le marché du refroidissement est en effervescence
L’augmentation persistante des températures de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels entraînera une intensification des incendies de forêt, des inondations et des événements météorologiques extrêmes, ainsi qu’une hausse de la demande de climatiseurs, qui pourrait même être imposée par la loi. Alors que la demande d’énergie liée aux climatiseurs triplera d’ici 2050, les émissions de ce segment pourraient doubler en l’absence de réseaux plus propres et de technologies de refroidissement efficaces.
La Commission ontarienne des droits de la personne insiste pour protéger les locataires de la province contre la chaleur (la climatisation ne figure actuellement pas parmi les services essentiels dans la Loi sur la location à usage d’habitation). En 2021, environ 64 % des ménages canadiens disposaient déjà d’un système de climatisation, contre 55 % en 2013. De plus, la croissance de l’immigration et l’augmentation de la chaleur et de l’humidité pourraient stimuler la demande. Ce n’est pas seulement une question d’inconfort : selon le Bureau du coroner de la Colombie-Britannique, un dôme de chaleur a causé la mort de 619 personnes en 2021.
D’autres régions du monde pourraient subir des conditions encore plus intenses. L’Asie du Sud, région très peuplée, devrait être la plus touchée par les changements climatiques. D’après la Banque mondiale, un « refroidissement équitable » s’impose, car la hausse de la chaleur et de l’humidité pourrait retrancher pas moins de 4,5 % à 5 % du PIB de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh, dont la population totale s’élève à près de 1,8 milliard de personnes
Alors que les températures et les revenus augmentent en Inde, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend à ce que les besoins en refroidissement du pays dépassent 1 milliard d’unités d’ici 2050, contre 67 millions aujourd’hui. En Chine, le parc de climatiseurs doublera presque pour atteindre 1,4 milliard d’unités.
Les systèmes de climatisation représentent déjà près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De nombreux pays asiatiques brûlent encore du charbon pour produire de l’électricité. Il faudra donc accélérer le passage au gaz naturel, au nucléaire et aux énergies renouvelables pour lutter contre la chaleur et freiner le réchauffement planétaire.
POLITIQUE PUBLIQUE
Cinq idées de Washington, D.C. sur le climat
John Stackhouse, premier vice-président de RBC, affirme après une visite à Washington au début du mois que les minéraux critiques constituent le nouveau pétrole, qu’ils transforment rapidement la vision du monde des États-Unis, et que le Canada ferait mieux de se préparer à ce changement. En provenance de la capitale des États-Unis, voici ses cinq principales observations sur le climat qui ont des répercussions sur le Canada :
- Le grand pivot. Il est de plus en plus évident que Joe Biden souhaite définir sa présidence par la capacité des États-Unis à se dissocier de la Chine. Cette volonté repose en partie sur ses politiques climatiques et sur les investissements considérables dans l’hydrogène, la capture du carbone et les véhicules électriques prévus par la loi sur la réduction de l’inflation. Toutefois, les inquiétudes des États-Unis en matière de sécurité, à savoir qu’ils dépendent trop de la Chine dans tous les domaines, constituent un facteur plus important.
- Plus de tensions dans l’Arctique. Les États-Unis repèrent des ressources minérales essentielles en Alaska, alors que la Russie fait de même de l’autre côté de l’océan Arctique. Le Canada devra agir rapidement pour exploiter sa part et l’exporter s’il veut participer à la nouvelle chaîne d’approvisionnement durable des États-Unis.
- De nouvelles tensions commerciales. Il ne faut pas croire que les États-Unis renouvelleront l’Accord Canada-États-Unis-Mexique sans livrer bataille. Les subventions destinées à encourager la croissance verte pourraient évidemment être la cible des critiques. Washington fait la même chose, mais les contradictions n’ont jamais entravé les politiques commerciales des États-Unis.
- La sécurité énergétique est une question de sécurité nationale. Qui aurait pu s’attendre à ce que Joe Biden accorde beaucoup d’importance au forage ? Or, peu de choses comptent plus que le pétrole et le gaz et leur contribution à l’inflation nationale à Washington en ce moment. Toute mesure manifeste prise par le Canada pour réduire l’approvisionnement en énergie pourrait aggraver la situation mentionnée au numéro 3.
- Accroissement de la demande d’infrastructures. Les efforts de Joe Biden visant à rapatrier les activités de fabrication nécessitent des investissements massifs dans les ports, les routes et les corridors numériques. Le Canada a beaucoup à offrir dans ce domaine, qu’il s’agisse des entreprises de construction et d’ingénierie ou des investisseurs institutionnels. C’est peut-être le moment d’aider notre allié, mais aussi de nous aider nous-mêmes.
ÉNERGIE
L’économie du recyclage : réduction de la pollution plastique
Il est souvent difficile de comprendre l’ampleur du défi posé par les changements climatiques, lequel peut s’exprimer en tonnes d’équivalent pétrole, en parties par million et en kilojoules. Prenons l’exemple du secteur du plastique, qui produit 430 millions de tonnes métriques par an. Ce chiffre semble incompréhensible si on ne le rapporte pas aux humains. Il équivaut à environ 50 kilogrammes pour chacun des 8 milliards d’habitants de la planète, ou au poids de deux valises pleines que les compagnies aériennes autoriseraient à transporter (sans payer de frais supplémentaires).
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) présente trois idées pour contribuer à résoudre le problème apparemment insurmontable que pose l’accumulation de plastique et pour aider à nettoyer les océans.
- Conception plastique 2.0 : Les voitures, les logements, les friteuses, les ordinateurs portables et les produits de base modernes contiennent des composants en plastique pour lesquels il n’existe que peu de solutions de rechange moins coûteuses. Les responsables du PNUE soutiennent que de meilleures décisions de conception (concernant par exemple les colorants, les combinaisons de matières et la taille) pourraient contribuer au recyclage de la majeure partie des produits du plastique.Des solutions ? Établir des règles de conception qui favorisent la réutilisation ou le recyclage et normaliser les formats à employer dans toutes les sociétés.
Le résultat : Selon les prévisions du PNUE, la rentabilité du recyclage pourrait doubler et faire baisser de 48 % les émissions de gaz à effet de serre. - Construction d’infrastructures de collecte. Plus de deux milliards de personnes dans le monde ne sont pas reliées aux systèmes de collecte des déchets.Des solutions ? L’harmonisation des processus de collecte et de tri avec les systèmes de recyclage peut assurer la conformité du plastique recyclé aux exigences de qualité, d’uniformité et de classement du nouveau plastique. Les gouvernements peuvent réduire les risques liés aux infrastructures de recyclage au moyen de conventions de vente et d’achat à long terme.
Le résultat : Grâce au « recyclage mécanique » (qui repose sur des technologies éprouvées) et à la technologie de conversion chimique (dont l’empreinte écologique élevée suscite la controverse), il est possible de recréer des matières plastiques à partir de matériaux existants. - Déchets d’un pays… : Le PNUE recommande de redoubler d’efforts pour réglementer le commerce du recyclage.Des solutions ? Des cadres juridiques pour le commerce des déchets plastiques instaureront la transparence, limiteront les déversements illégaux et éviteront aux pays de tomber dans l’embarras (voir le conflit relatif aux déchets entre le Canada et les Philippines).
Le résultat : Le secteur privé, les gouvernements et les autres parties prenantes seront fortement encouragés à faciliter les technologies de recyclage et à les perfectionner.Pour en savoir plus :
PNUE : Mettre fin à la pollution plastique
POLITIQUE PUBLIQUE
Le gaz à l’ordre du jour du G7
L’Allemagne fait pression pour accroître les investissements dans le gaz naturel, tandis que la Chine (ainsi que l’Inde) recherche des « voies multiples » pour l’utilisation des combustibles fossiles, ce qui pourrait heurter les participants au sommet du G7 qui débute aujourd’hui à Hiroshima, au Japon.
L’Allemagne considère le gaz naturel comme une « source d’énergie transitoire », arguant que ses terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié, construits à la hâte, pourront être réaffectés à l’hydrogène lorsque cette technologie aura atteint une certaine ampleur, tandis que la Chine et l’Inde affirment qu’une voie énergétique unique ne répond pas à leurs besoins.
Le G7 cherchant à saper la future production énergétique russe lors du sommet, l’accord sur les voies (au pluriel) permettant de réaliser la transition énergétique est devenu plus pressant.
Plusieurs questions de sécurité énergétique, d’environnement et de géopolitique figurent à l’ordre du jour du G7. Également à surveiller : l’évolution du « club climat », idée qui a été étoffée lors du sommet du G7 en Allemagne l’année dernière.
Qui peut adhérer au club et à quoi ressemblera son cadre ? L’Asian Development Bank Institute (ADBI) a quelques idées à ce sujet :
- Supprimer progressivement les subventions et améliorer la tarification du carbone. L’ADBI recommande d’en faire une condition préalable à l’adhésion au club.
- Accroître le soutien à la recherche et au développement écologiques. Les travaux de recherche et développement liés à l’environnement représentent environ 1,8 % du total de la recherche et du développement au Royaume-Uni et en France, et 0,3 % aux États-Unis.
- Imposer une taxe sur les importations de carbone aux régions qui n’ont pas de système de tarification du carbone. Un ajustement carbone aux frontières sera nécessaire pour protéger la compétitivité des participants au club climat.
Pour en savoir plus :
Communiqué des ministres des Finances du G7 (en anglais seulement)
Rapport de l’Asian Development Bank Institute (en anglais seulement)
BÂTIMENTS
Le défi de 40 milliards $ du Canada
Les bâtiments sont depuis longtemps au cœur du problème des émissions au Canada, puisqu’ils génèrent un huitième de nos émissions, soit quelque 90 millions de tonnes (Mt) de dioxyde de carbone chaque année. Et ces émissions augmentent, car on construit plus de maisons et de locaux commerciaux chauffés au gaz naturel.
Un nouveau rapport de l’Institut d’action climatique RBC explore l’ampleur du défi des bâtiments au Canada :
- 5,8 millions : Nombre de nouvelles habitations dont le Canada aura besoin d’ici 2030, soit 40 % de plus, car la crise d’accessibilité à la propriété et le pic d’immigration actuels font augmenter la demande.
- 18 Mt : Émissions de gaz à effet de serre ajoutées à notre empreinte carbone chaque année conformément aux codes et pratiques en vigueur. Les émissions provenant de la production du ciment et de l’acier utilisés pour les construire s’ajouteront à ce total.
- 90 Mt : Émissions de gaz à effet de serre provenant des bâtiments existants. Pour atteindre nos objectifs de carboneutralité, nous devrons changer notre façon de construire et ce que nous construisons. Nous devrons également moderniser nos bâtiments actuels en rénovant quelque 16 millions d’habitations et 750 millions de mètres carrés de locaux commerciaux.
- 40 milliards $ : Investissements requis chaque année, dont 60 % pour les rénovations et le reste pour les nouvelles constructions.
Lisez le rapport complet ici.
CERNER LE PROBLÈME
Projet de loi des États-Unis sur la capture de carbone
La capture et le stockage du carbone aux États-Unis constituent une immense opportunité d’investissement, alors que sont déployés les crédits d’impôt prévus par la loi sur la réduction de l’inflation. Un nouveau rapport du département de l’Énergie des États-Unis sur les possibilités de capture, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) met en évidence l’ampleur et le défi de la transition énergétique du pays :
20 Mt par an | capacité de CUSC actuelle aux États-Unis – la plus importante au monde |
400 à 1 800 Mt | quantité de CO2 à capter annuellement d’ici 2050 pour atteindre les objectifs de transition énergétique des États-Unis |
600 milliards $ US | investissements nécessaires aux États-Unis pour tirer parti des possibilités de CUSC |
48 000 à 155 000 | kilomètres de tuyaux nécessaires pour acheminer le CO2 vers les sites de capture et de stockage américains d’ici à 2050. Infrastructure actuelle : 8 000 km |
Source : Département de l’Énergie des États-Unis
ÉMISSIONS
Charles l’écologique ?
Le roi recycle. Bien qu’il soit difficile d’imaginer le roi Charles III trier lui-même le plastique des matières organiques, la maison royale a l’habitude de recycler les déchets alimentaires, le verre, le plastique et le papier dans l’ensemble de ses palais. Le château de Windsor est alimenté par l’hydroélectricité, Balmoral par la géothermie, et les ampoules LED et les compteurs intelligents parsèment le vaste domaine. La biodiversité est également un élément clé dans l’ensemble des propriétés, avec une politique d’herbe longue, une utilisation limitée des pesticides et l’introduction récente de ruches à Buckingham Palace.
Néanmoins, les dernières données montrent que les émissions de gaz à effet de serre de la famille royale ont augmenté en 2022 en raison du chauffage, des véhicules possédés ou loués et d’une hausse de 46 % des voyages d’affaires par rapport aux niveaux prépandémiques.
Un avertissement princier : Au fil des décennies, le nouveau roi s’est forgé une réputation d’héritier respectueux de l’environnement. Lors du sommet du G20 à Rome, en 2021, celui qui était alors prince de Galles a averti les décideurs politiques représentant les économies les plus puissantes du monde qu’il s’agissait littéralement du salon de la dernière chance pour forger des partenariats public-privé et obtenir les billions de dollars nécessaires pour atténuer l’impact des changements climatiques.
Prix Earthshot : La Fondation royale et le prince William (l’actuel prince de Galles) ont créé l’année dernière le prix Earthshot d’une valeur de un million de livres sterling pour récompenser les entreprises qui luttent contre les changements climatiques. Parmi les lauréats figuraient une entreprise omanaise qui minéralise le CO2 dans la roche et un groupe de femmes autochtones d’Australie qui protège la Grande barrière de corail.
Émissions royales : Le soutien à la monarchie ayant atteint un creux historique au Royaume-Uni (et au Canada), polir l’image du nouveau roi en matière de climat pourrait contribuer à jeter un éclairage (LED) sur les changements climatiques. Un bon point de départ : les émissions de la famille royale.
À LIRE :
- Nuclear Fusion By 2028? Microsoft Is Betting On It. (en anglais seulement) (The Washington Post)
- LG, Stellantis Project Hangs In Balance As Canada Politicians Fight Over Money (en anglais seulement) (Bloomberg)
- Oceans Have Been Absorbing The World’s Extra Heat. But There’s A Huge Payback (en anglais seulement) (The Guardian)
- Squaring The Circle: Reconciling LNG Expansion With B.C.’S Climate Goals (en anglais seulement) (Pembina Institute)
- European Energy Security: An Uncertain Road Ahead Amid A Triple Crisis (en anglais seulement) (Macdonald-Laurier Institute)
TRANSPORTS
Stimuler les ventes de VE au Canada
Le Canada est-il en bonne voie d’atteindre son objectif de 100 % de ventes de véhicules à zéro émission (VZE) d’ici 2035 ? Selon les projections de BloombergNEF (BNEF) et de l’Institut d’action climatique RBC, au rythme actuel, nous risquons de rater cet objectif. Les véhicules électriques (VE) ne représenteraient en outre que 38 % de l’ensemble du parc automobile canadien, soit moins que les 50 % nécessaires pour atteindre l’objectif global, selon les prévisions de BNEF. Il est essentiel d’augmenter le parc de VE pour faire une différence dans les émissions.
Une vague d’investissements, y compris de généreux incitatifs, afflue pour renforcer la chaîne d’approvisionnement en VE du Canada et préserver l’avenir de l’industrie automobile. Mais pour atteindre l’objectif de 100 % de ventes en un peu plus d’une décennie, il faudrait que les consommateurs adhèrent massivement au projet. L’industrie devra abattre les obstacles à l’accessibilité et améliorer l’infrastructure de recharge pour susciter une adoption élargie.
Angoisse liée à la recharge : Un tiers des Canadiens interrogés par KPMG hésiteraient à acheter un VE en raison, entre autres, de la peur de ne pas pouvoir recharger la voiture à temps. Un autre tiers des personnes interrogées préférerait une voiture hybride (par crainte de manquer de batterie).
Les propriétaires de VE sont convaincus : Une grande majorité des propriétaires canadiens de VE interrogés dans le cadre d’un autre sondage réalisé en mars comptent bien remplacer leur VE actuel par un autre VE, quand le moment sera venu, en raison du coût d’utilisation moins élevé, du plaisir de conduite et de l’absence de bruit par rapport aux voitures dotées d’un moteur à combustion. Pourtant, selon un sondage de PlugShare, près de la moitié des propriétaires de VE hésitent à prendre leur voiture pour de longs trajets, et deux tiers d’entre eux possèdent un véhicule à essence pour les trajets plus longs.
Perception et réalité : Avant d’acheter un VE, environ deux tiers des personnes interrogées pensaient que l’autonomie de leur VE serait leur plus gros problème – cette proportion diminue après l’achat du véhicule, pour passer à un tiers seulement. L’accès aux bornes de recharge publiques est sans doute le problème le plus important à résoudre : avant de posséder un VE, 66 % des personnes interrogées s’inquiétaient de cette question. Après l’achat, ce pourcentage demeure considérable, s’élevant à 44 %.
EN PRIORITÉ
Vers une agriculture durable
On doit s’engager sur la voie d’une agriculture plus durable, et ce rapidement. Ce secteur vital utilise une grande quantité de ressources, demeure un grand émetteur de carbone et érode la biodiversité. Un nouveau rapport examine le capital naturel consommé par le secteur :
23 % | Part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre dans le monde. |
80 % | Part de l’agriculture dans la perte de biodiversité. Le secteur est également responsable de 80 % des modifications du régime foncier (utilisation du territoire et déforestation) et de 5 % de l’appauvrissement de la couche d’ozone. |
50 % | Pourcentage de toutes les zones libres de glace utilisées pour l’agriculture ; 55 % des océans font l’objet d’une pêche commerciale. |
70 % à 84 % | Pourcentage de l’eau douce utilisée pour l’agriculture. |
Source : Bloomberg NEF BNEF (bbhub.io)
MINÉRAUX CRITIQUES
Remédier à l’insuffisance de lithium
La décision du Chili de nationaliser ses mines de lithium met en évidence la précarité des ressources essentielles à la décarbonation. Bien que cette mesure vise à stimuler la production chilienne, les analystes s’interrogent sur la capacité de ce grand producteur à augmenter sa production par ses propres moyens. Cette initiative suit de près celle qu’a prise le Mexique au début de l’année, soit de nationaliser l’exploitation et l’extraction du lithium, et s’inscrit dans le cadre d’un problème d’expansion plus large auquel sont confrontés les « métaux verts » à un moment où ils sont censés jouer un rôle clé dans la décarbonation.
Bousculade mondiale : Le monde est exposé à une insuffisance de lithium au moment même où les grands constructeurs automobiles augmentent leur production de véhicules électriques. L’Allemagne a rouvert une mine abandonnée de spath fluor – un métal connu comme étant le petit frère du lithium – après 27 ans dans le cadre d’une mesure désespérée visant à atteindre une certaine autosuffisance en matière de batteries de VE pour son secteur automobile, qui est d’une importance capitale. Les dépenses d’investissement pour l’extraction du lithium dans le monde ont atteint le chiffre record de 467 millions de dollars américains en 2022, le plus élevé depuis que S&P Global Ratings a commencé à suivre l’évolution de cette matière première en 2010, alors que l’industrie s’intéresse à des juridictions plus stables sur le plan politique.
Situation du lithium au Canada : L’année dernière, Ottawa a signé des accords avec deux grands constructeurs automobiles allemands afin d’exploiter les minéraux du Canada entrant dans la composition des batteries, notamment le lithium, le cobalt, le nickel et le graphite. Tesla, qui est en train de construire une raffinerie de lithium au Texas, a signé un accord au début de l’année pour s’approvisionner en minerai de lithium de grande pureté auprès d’une mine du Québec. Le Canada renferme le 6e des plus grands gisements de lithium au monde, mais sa production est négligeable, quelques entreprises ayant fait faillite au cours des dernières années. Néanmoins, des projets prometteurs concernant le lithium ont progressé au Manitoba, en Ontario et au Québec, en Alberta et en Saskatchewan. L’an dernier, le Canada a également contraint des entreprises chinoises à se désengager de sociétés de lithium cotées au Canada afin de sécuriser ses approvisionnements.
Crédits d’impôt – saumures : Pour contribuer à alimenter le secteur nord-américain des VE, le budget 2023 du gouvernement fédéral canadien a élargi l’admissibilité au crédit d’impôt pour l’exploration de minéraux critiques aux activités d’extraction de lithium à partir de saumures et propose de permettre aux producteurs de lithium à partir de saumures d’émettre des actions accréditives (déduction fiscale, en réalité). Cette mesure profiterait à plusieurs projets de saumure de lithium à forte intensité technologique en Alberta et en Saskatchewan, qui visent à extraire le lithium des gisements de pétrole et de gaz et des eaux usées industrielles.
ÉNERGIE
Coût de l’abandon progressif des sables bitumineux : 100 milliards de dollars
Faut-il éliminer progressivement les sables bitumineux pour atteindre la carboneutralité ? C’est une solution, mais le Canada s’en trouvera appauvri et les gains environnementaux seront limités. Une accélération de l’élimination progressive de l’industrie pétrolière entraînerait une perte de 100 milliards de dollars du PIB, une profonde récession, une baisse des revenus et une diminution des exportations d’ici 2050. C’est ce que prévoit un nouveau rapport du Forum des politiques publiques. Le Forum sur l’avenir énergétique, dont RBC est membre, explore les moyens pratiques qui permettront au Canada d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
- C’est le moteur économique qu’est l’Alberta qui serait le plus touché par cet abandon. Et le cabinet de recherche Navius Research, qui a analysé les chiffres, affirme que l’impact sur l’économie de l’Alberta est peut-être même sous-estimé.
- Il sera légèrement moins coûteux pour le reste de l’économie d’atteindre ses objectifs en matière d’émissions, mais le Canada deviendrait un importateur net et perdrait des emplois.
- L’abandon des sables bitumineux priverait les producteurs existants de la possibilité d’innover pour parvenir à un avenir carboneutre. Pensons au potentiel de la capture du carbone et de la technologie – émergente – d’extraction directe dans l’air.
Confondre les émissions et les combustibles fossiles est contre-productif. Que les choses soient claires : le Canada doit mettre en œuvre de nouvelles politiques, car les leviers actuels sont encore bien insuffisants pour nous permettre d’atteindre la carboneutralité. Mais la fiabilité et l’accessibilité de l’énergie, ainsi que la prospérité économique ne doivent pas jouer un rôle secondaire dans la réduction des émissions. Nous pouvons trouver de meilleurs moyens d’y arriver.
TECHNOLOGIE
Les aspects positifs, négatifs et nocifs de l’IA
Lorsque le « parrain de l’intelligence artificielle (IA) » déclare qu’il regrette l’œuvre de sa vie et que cette technologie va peut-être trop loin, il est temps d’en prendre acte. Geoffrey Hinton est un pionnier des systèmes d’intelligence artificielle, sur lesquels reposent les nouvelles versions de l’IA telles que ChatGPT. Il nous met en garde en affirmant que la technologie non réglementée pourrait bientôt nous submerger de photos et de vidéos fictives et bouleverser les marchés de l’emploi. Les conséquences sont également importantes pour l’ensemble des secteurs de l’énergie et du climat.
Les aspects positifs : L’IA est considérée comme un outil prometteur pour lutter contre les changements climatiques. Selon Jim Bellingham, administrateur dirigeant du Johns Hopkins Institute for Assured Autonomy, sa capacité à traiter des données et des modèles climatiques détaillés et à détecter rapidement les changements dans des endroits complexes (comme les océans, l’espace proche et l’Arctique) pourrait s’avérer essentielle pour gérer les crises de façon proactive. L’IA permettrait également de construire des matériaux à faibles émissions pour les voitures électriques, les panneaux solaires et les éoliennes, qui sont plus légers, plus résistants et moins chers.
L’Université de Toronto a été récemment le principal bénéficiaire d’une subvention de 200 millions de dollars du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada pour un projet qui combine l’intelligence artificielle, la robotique et l’informatique de pointe, dans le but de découvrir de nouveaux matériaux et de nouvelles molécules en une fraction du temps et du coût habituels. « Les applications vont des médicaments qui sauvent des vies aux plastiques biodégradables, en passant par le ciment à faible teneur en carbone et à l’énergie renouvelable », a précisé l’Université de Toronto.
Les aspects négatifs : Geoffrey Hinton et plusieurs autres leaders avisés dans ce domaine sont stupéfaits devant la formidable capacité de l’IA à diffuser des informations erronées. Ces informations pourraient s’immiscer dans le discours politique et miner les discussions et les décisions relatives aux changements climatiques et à la biodiversité. M. Hinton a aussi prévenu qu’il serait difficile d’empêcher « de mauvais acteurs d’utiliser l’IA à des fins malveillantes ». À cet égard, les possibilités sont infinies.
Les aspects nocifs : Comme l’a souligné l’historien Yuval Hariri dans le New York Times, bien que l’IA puisse inventer de nouvelles solutions aux crises climatiques et énergétiques, « les nombreux avantages qu’elle apporte ne servent à rien si les fondations sur lesquelles elle a été construite s’effondrent ».
ÉNERGIE
Essor du gaz naturel renouvelable
Le nombre de projets de gaz naturel renouvelable (GNR) devrait plus que doubler au Canada au cours des prochaines années, à mesure que les changements de politique et les mandats provinciaux entrent en vigueur. Selon la Régie de l’énergie du Canada, 18 nouveaux projets sont en cours, faisant passer la capacité totale de GNR du Canada à 17,1 pétajoules, contre 7,2 pétajoules en 2021.
Comment produit-on du GNR ? : Le biogaz utilisé pour produire du GNR provient, entre autres, de décharges de déchets solides, de fermes d’élevage et d’opérations de gestion des déchets organiques, au moyen d’un processus biochimique, tel que la biométhanisation. Le principal atout du GNR est sa capacité à capter et à récupérer le méthane, un puissant gaz à effet de serre. Une fois traité, le GNR ne se distingue pas du gaz classique et peut être injecté dans les gazoducs existants pour alimenter les transports, les industries et les habitations.
Le Québec mène le bal : La province a été la première au Canada à rendre obligatoire l’ajout de GNR dans le gaz naturel. L’objectif est que le gaz naturel contienne au moins 5 % de GNR d’ici 2025. La Colombie-Britannique s’est engagée à atteindre une teneur de 15 % de contenu renouvelable d’ici 2030. Les services publics s’associent aux agriculteurs pour exploiter leurs
déchets organiques, construire des installations de biogaz et réduire les émissions agricoles, qui représentent environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada.
Émissions : Selon l’Association canadienne du gaz, l’objectif fixé par les services publics canadiens, à savoir l’ajout de 10 % de GNR dans le mélange d’ici 2030, permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 24 millions de tonnes, ce qui équivaut à retirer 5,2 millions de voitures de la circulation.
Des défis ? : On en compte quelques-uns, comme la longueur des délais réglementaires pour les installations de biométhanisation et la difficulté à adapter les petites installations. Le gouvernement fédéral cherche à recueillir des commentaires sur une proposition de cadre réglementaire visant à réduire les émissions de méthane des décharges au Canada. Le GNR pourrait ainsi bénéficier d’un coup de pouce.
ÉNERGIE
Le défi des émissions en Inde
L’Inde, pays le plus peuplé du monde après avoir récemment dépassé la Chine, est confrontée à un défi climatique majeur. Le pays d’Asie du Sud, qui compte maintenant 1,4 milliard d’habitants, propulse son économie vers de nouveaux sommets. Son PIB devrait dépasser celui du Japon et de l’Allemagne d’ici 2030, et l’Inde deviendrait ainsi la troisième plus grande économie après les États-Unis et la Chine. Elle se classe déjà au troisième rang dans le monde pour l’empreinte de ses émissions, et la question est de savoir si elle peut les gérer sans sacrifier son essor économique.
Voici un aperçu des tendances de l’énergie en Inde durant la dernière décennie :
- L’Inde est l’un des principaux producteurs et consommateurs de charbon, dont la consommation a augmenté de plus de 4 % par an ces dix dernières années.
- Au cours de cette même période, la consommation de produits pétroliers a augmenté d’environ 3 % par an et celle de gaz naturel de 1,2 %, tandis que la demande d’électricité a crû de plus de 5 %.
Ambition climatique : La croissance exponentielle que connaît l’Inde a aussi eu pour conséquence que le pays compte cinq des dix villes les plus polluées au monde. Les plans visant à porter à 50 % la capacité de production d’énergie à partir de combustibles non fossiles d’ici 2030 font partie d’un plan général dont l’objectif est zéro émission nette d’ici 2070. Toutefois, Climate Action Tracker juge « insuffisantes » les politiques et les mesures prises par l’Inde en matière de climat.
Qu’est-ce que les entreprises canadiennes peuvent apporter à l’Inde ? L’Inde attire de nombreuses sociétés. Les producteurs d’énergie traditionnelle et propre du Moyen-Orient, d’Europe et de Russie sont bien ancrés dans la chaîne logistique indienne, alors que les producteurs américains de GNL ont accéléré leurs exportations vers le pays d’Asie du Sud. La Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique est axée sur les technologies propres, mais les entreprises canadiennes ont à peine exploité le potentiel de l’énergie en Inde, notamment les efforts engagés par le pays pour développer des projets écologiques dans les domaines de l’hydrogène, du solaire et de l’éolien.
POLITIQUES PUBLIQUES
Bilan des émissions du Canada
Selon une nouvelle analyse de l’Institut d’action climatique RBC, il faudrait diminuer les émissions canadiennes environ quatre fois plus vite que pendant la pandémie pour tomber à 440 millions de tonnes d’ici 2030, contre 670 millions de tonnes aujourd’hui.
Même si les politiques actuelles permettent de faire avancer les choses, l’objectif d’Ottawa de réduire les émissions de 40 % d’ici 2030 exigera beaucoup plus d’efforts de la part des industries et des décideurs fédéraux et provinciaux.
Le secteur pétrolier et gazier fait face aux défis les plus importants. La croissance démographique et l’expansion économique obligent également les secteurs de l’agriculture, de la construction et des transports à trouver des moyens de se développer sans augmenter leur empreinte carbone.
POLITIQUE PUBLIQUE
Cinq façons pour l’Alberta d’améliorer son plan climatique
Le Canada peinera à atteindre ses objectifs de zéro émission nette si l’Alberta maintient son orientation. La province a publié son Emissions Reduction and Energy Development Plan (plan de réduction des émissions et d’exploitation énergétique) après la communication du dernier rapport du Canada sur les émissions, qui montre que les émissions de la province ont augmenté de 8 %, même si celles du pays ont baissé de 8 % entre 2005 et 2021. En voici la raison : la production tirée des sables bitumineux en Alberta s’est accrue de 775 % et les émissions ont bondi de 460 % pour atteindre 70 tonnes métriques depuis les années 1990. Par contre, le monde a eu besoin du pétrole canadien, et la hausse de la production a généré des recettes fiscales, des activités économiques et de la richesse pour les actionnaires.
Les sceptiques affirment que le plan de l’Alberta ne définit pas clairement la trajectoire à suivre (Pembina Institute a déclaré que le plan ne comportait pas les éléments clés d’une stratégie crédible.)
Voici ce que la province pourrait faire pour améliorer son plan :
- Objectif 2030 : Il est difficile d’établir un plan d’émissions pour 2030 à seulement sept ans de l’échéance, mais l’Alberta devrait fixer des balises pour le climat et des objectifs d’émissions. L’engagement à atteindre l’objectif fédéral de réduction des émissions de 40 % à 45 % d’ici 2030 enverrait un signal fort. La collaboration avec les groupes autochtones pour accélérer les projets de capture du carbone de l’Alliance nouvelles voies, composée de six entreprises, apporterait une crédibilité climatique immédiate.
- Réglementation stricte : Les fuites, les déversements et les accidents dans le secteur du pétrole et du gaz sont encore trop nombreux et éclipsent le travail important accompli à propos des émissions dans ce secteur. Le nettoyage des puits de pétrole et de gaz orphelins représente un autre défi auquel il faut s’attaquer résolument.
- Appel de l’Alberta : Les publicités humoristiques de la province visant à attirer les Canadiens des marchés résidentiels onéreux de Toronto et de Vancouver ont entraîné 33 000 migrations nettes au troisième trimestre de 2022. Voilà un succès remarquable. L’Alberta peut-elle convaincre les (nouveaux) immigrants du secteur des technologies propres de s’installer dans la province ? Le gouvernement fédéral a également réservé des milliards de dollars aux crédits d’impôt pour les investissements dans les technologies propres et l’exploitation minière. L’Alberta peut tirer parti de ses logements abordables pour attirer une partie de ces fonds dans la province.
- Signes précurseurs : Les émissions du secteur agricole de l’Alberta ont légèrement diminué par rapport aux niveaux de 2005. Est-il possible de les réduire davantage ? Le rapport de RBC intitulé « La prochaine révolution verte» présente quelques idées.
- Électrification totale : La dernière centrale au charbon de l’Alberta devrait fermer cette année, soit sept ans plus tôt que prévu. L’abandon du charbon a fait baisser de 25 % les émissions dues à la production d’électricité depuis 2005. Ce résultat est remarquable. Malgré les nombreux parcs éoliens et solaires dans les Prairies, l’abandon du charbon a favorisé le gaz naturel, dont la nouvelle capacité de production est de 3 886 mégawatts. L’engagement d’établir un réseau carboneutre d’ici 2035 stimulerait les investissements dans des sources d’énergie propres, y compris les petits réacteurs nucléaires modulaires (PRM) et l’hydrogène.
Pour en savoir plus :
POLITIQUE PUBLIQUE
Pourquoi le communiqué écologique du G7 est-il un aperçu de la COP28 ?
Les désaccords en coulisses des ministres de l’environnement du G7 au Japon pourraient laisser entrevoir ce qui se passera cette année lors de la COP28 à Dubaï, dans les Émirats arabes unis.
Il est essentiel de noter que, dans leur communiqué de 36 pages, les ministres ont convenu d’éliminer progressivement la « consommation de combustibles fossiles inaltérés » afin d’atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Cet engagement n’a pu été retenu lors de la COP27, car l’Arabie saoudite, la Chine et d’autres pays ont eu gain de cause. La demande du Japon de favoriser davantage le gaz naturel (et l’hydrogène) a également été atténuée dans le projet final. Les participants sont parvenus à un compromis selon lequel aucun délai n’a été fixé pour la fermeture progressive des centrales au charbon. (Soit dit en passant, le qualificatif « inaltéré » signifie que les producteurs de pétrole et de gaz doivent redoubler d’efforts pour capturer le carbone et mettre en œuvre d’autres technologies de réduction des émissions).
Nouveau compromis climatique : Il faut s’attendre à de nouveaux compromis climatiques, car les Émirats arabes unis, pays hôte de la COP28 et grand producteur d’hydrocarbures, et leurs alliés s’opposeront à l’appel du G7. Le défi consistera à respecter l’objectif de zéro émission nette. Le compromis semble déjà se profiler : Sultan Al Jaber, président de la COP28 (et chef de la direction de l’entreprise d’État Abu Dhabi National Oil Co.), préconise une transition énergétique pragmatique. Alors que certains contestent la pertinence de la présence à la tête de la plateforme climatique la plus influente du monde d’un chef de la direction du secteur pétrolier, les centres d’hydrocarbures tels que les Émirats arabes unis sont également les lieux où se déroulent les plus grandes luttes contre les changements climatiques, et les enjeux sont encore plus importants pour les économies des pays en voie de développement.
Pour en savoir plus :
TRANSPORT
Problématique des trottinettes électriques
Les trottinettes électriques semblent être une solution écologique intéressante pour parcourir les derniers kilomètres et effectuer des trajets rapides, mais leur utilisation est controversée. Les Parisiens ont récemment interdit les services de 15 000 trottinettes par un vote étonnant : 89 % des votants se sont prononcés contre (même Anne Hidalgo, maire de Paris, socialiste et adepte du vélo, a soutenu l’interdiction). La National Federation of the Blind du Royaume-Uni estime que les trottinettes électriques ne ressemblent pas à des vélos et sont dangereuses pour les aveugles et les personnes ayant une déficience visuelle. Pour sa part, Accessibility for Ontarians with Disabilities Act Alliance les considère comme une menace silencieuse.
Quels sont les arguments contre les trottinettes électriques ? Elles encombrent les rues et la limite d’âge est souvent inférieure à celle des autres modes de transport. Les trottinettes électriques seraient la cause de décès et d’accidents graves dans de nombreuses villes. (Le recyclage suscite également des inquiétudes, mais ce problème n’est pas propre aux trottinettes électriques.)
Quelles sont leurs qualités écologiques ? Selon les études menées par International Transport Forum, les trottinettes électriques ont une incidence environnementale inférieure à celle des taxis, des services de covoiturage et des voitures particulières, mais les services de mobilité partagée entraînent les plus grands effets sur l’énergie et les émissions de GES par kilomètre parmi toutes les options de mobilité urbaine. Les trottinettes électriques de nouvelle génération sont dotées de batteries interchangeables, ce qui augmente les émissions de gaz à effet de serre par kilomètre, mais pourrait aussi prolonger leur durée de vie.
Une autre étude indique que dans 65 % des cas, les émissions de gaz à effet de serre pendant le cycle de vie liées à l’utilisation des trottinettes électriques sont plus élevées que celles liées à l’ensemble des modes de transport qui ont été remplacés.
En outre, les trottinettes électriques et d’autres microservices de transport partagé pourraient supplanter le mode de mobilité le plus écologique : la marche à pied. Il sera difficile pour les trottinettes électriques de concurrencer les transports publics de plus en plus électrifiés dans les grandes villes canadiennes. Toutefois, compte tenu de la hausse du prix de l’essence, cette solution reste attrayante pour bien des gens.
Quelle est la situation des trottinettes électriques dans les villes canadiennes ? Plusieurs grandes villes du Canada, notamment Toronto, ont interdit les services de trottinettes électriques, mais certaines villes comme Vancouver ont approuvé un programme pilote de trottinettes électriques de trois ans à partir de 2021, mais des restrictions s’appliquent. Les trottinettes électriques devraient réapparaître à Ottawa en mai, sous réserve de règles strictes.
ÉNERGIE
L’énigme du gaz au Canada
Le gaz naturel représente actuellement l’un des plus grands choix climatiques du Canada. L’expansion de l’exploitation de cette ressource abondante pourrait stimuler l’activité économique et contribuer à réduire les émissions de GES. Par contre, sans d’importants investissements dans les technologies de réduction, nous risquons de rater nos cibles de carboneutralité.
L’énigme du Canada : trois moyens de faire face aux crises mondiales climatiques et gazières, nouveau rapport de l’Institut d’action climatique RBC, porte sur les trois rôles que peut jouer le Canada à l’échelle mondiale pour améliorer la sécurité énergétique et environnementale :
- Fournisseur de la côte du golfe du Mexique – Approvisionnement à grande échelle des producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) de cette région, où les terminaux se multiplient. Cette stratégie pourrait élever les émissions en amont du Canada dues au secteur gazier d’au plus 7 %.
- Fournisseur stratégique – Constitution d’une niche dans le marché mondial du GNL par la fourniture stratégique de gaz stable et à faibles émissions. Quelques projets pourraient contribuer à réduire les émissions mondiales de 105 Mt éq. CO2 (soit à peu près l’équivalent des émissions totales du Qatar), mais entraîneraient aussi, en l’état actuel de la technologie, une augmentation d’un tiers des émissions du secteur gazier canadien.
- Plaque tournante gazière de la côte Ouest – Exploitation du plein potentiel du GNL pour jouer un rôle plus décisif sur le marché mondial du gaz naturel. Cette stratégie pourrait entraîner une réduction des émissions mondiales nettes de 211 Mt éq. CO2, mais entraînerait aussi une augmentation de 66 % des émissions du secteur gazier canadien. Elle susciterait plus de 200 milliards de dollars d’investissements.
Lisez le rapport complet ici.
OBJECTIF CLÉ
À la tête de la brigade des VE
Selon un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie, la part de marché des véhicules électriques s’accroît régulièrement, et ce, non seulement sur les marchés clés que sont la Chine, les États-Unis et l’Europe, mais aussi sur plusieurs marchés émergents prometteurs. Voici quelques points saillants :
10 millions | Nombre record de voitures électriques vendues à l’échelle mondiale en 2022. Selon les prévisions, 14 millions de VE seront vendus en 2023. |
5 millions | Nombre de barils de pétrole qui devraient être économisés d’ici 2030, grâce à l’électrification rapide du secteur du transport. |
60 % | Part de marché de la Chine dans les ventes de VE. |
9,6 % | Part de marché des véhicules zéro émission vendus au Canada au quatrième trimestre de 2022, contre 8,7 % au troisième trimestre. |
Sources : Agence internationale de l’énergie, Statistique Canada
TRANSPORTS
Les ventes de véhicules électriques dynamisent le secteur minier du Canada
Le secteur des véhicules électriques en Amérique du Nord est passé à la vitesse supérieure. Une nouvelle proposition des États-Unis visant à imposer des règles strictes en matière d’émissions sur les voitures conventionnelles devrait doper les ventes de véhicules électriques au pays, réduire les importations pétrolières américaines de 20 milliards de barils (avis aux producteurs pétroliers canadiens) et éviter l’émission de 10 milliards de tonnes de CO2, soit plus du double du total des émissions de CO2 américaines en 2022. Toutefois, il faudra beaucoup plus de minéraux essentiels pour atteindre l’objectif déclaré des États-Unis, soit 66 % de toutes les ventes de voitures d’ici 2032.
La recherche de matières premières : certes, le manque d’infrastructures de charge pourrait ralentir les ventes de véhicules électriques, mais le risque de pénurie de matières premières susceptible de freiner l’offre est un motif d’inquiétude encore plus important. Les pays occidentaux et les constructeurs automobiles se démènent pour obtenir des matières de plus en plus coûteuses comme le lithium, le cuivre, le nickel et les terres rares, et cela ne fait que renchérir les coûts. Le dernier communiqué des ministres de l’environnement du G7, après la réunion tenue la semaine dernière à Sapporo, au Japon, a souligné l’importance de renforcer les chaînes logistiques essentielles de minéraux et de matériaux afin d’atteindre l’objectif d’une économie carboneutre.
Une occasion pour le Canada : la transition des véhicules thermiques vers les véhicules propres ne sera pas facile ni rapide, mais la nouvelle politique américaine est une aubaine pour l’industrie minière canadienne.
Le secteur a reçu une excellente nouvelle d’Ottawa, qui propose un crédit d’impôt à l’investissement pour les sociétés minières dans le budget fédéral de 2023. Une stratégie sur les minéraux critiques, dotée d’une enveloppe de 3,8 milliards de dollars, a été annoncée dans le budget de 2022 afin de tirer parti de la loi américaine sur la réduction de l’inflation et des nouvelles mesures du gouvernement américain visant à favoriser les achats auprès de fournisseurs nord-américains. La Réserve fédérale a également mis en place un fonds de l’infrastructure des minéraux essentiels (de 1,5 milliard de dollars) destiné aux projets énergétiques et de transport nécessaires à l’exploitation de gisements riches en minéraux. Le Canada a déjà signé un plan d’action conjoint avec les États-Unis, l’Union européenne et le Japon, car il se positionne comme fournisseur de minéraux essentiels.
Ce qui manque ? La mobilisation des groupes autochtones, sans laquelle le développement de projets d’infrastructure d’énergie propre, talon d’Achille du Canada, n’est pas possible. De nombreux gisements riches en minéraux, comme le Cercle de feu en Ontario, empiètent en partie sur un territoire autochtone, et le capital naturel, financier, intellectuel et humain des populations qui y vivent est nécessaire pour faire avancer ces projets, comme expliqué dans notre récent rapport 92 à Zéro.
BÂTIMENTS
Les pompes à chaleur : un atout pour l’avenir
Les systèmes de ventilation du monde connaissent une révolution climatique silencieuse. Les achats de pompes à chaleur aux États-Unis ont dépassé ceux des chaudières à gaz naturel en 2022 et s’inscrivent dans une hausse mondiale des ventes de systèmes de chauffage et de refroidissement.
Les pompes à chaleur, c’est quoi déjà ? Ressemblant aux chaudière pompes às, les chaleur peuvent être deux à trois fois plus efficaces que les autres sources électriques de chauffage domestique, ce qui leur attire les faveurs des économistes spécialistes de l’environnement. Les pompes à chaleur ont connu une faible adoption au Canada, car elles sont moins optimales à des températures glaciales, mais la situation évolue à mesure que la technologie s’améliore.
Les ventes mondiales de pompes à chaleur ont donc bondi de près de 11 % en 2022, ce qui constitue la deuxième année de croissance à deux chiffres, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie. L’Europe a enregistré une hausse des ventes de 40 %, car le continent a travaillé d’arrache-pied pour réduire sa dépendance au gaz naturel russe. À l’échelle mondiale, les pompes à chaleur (lorsqu’elles sont utilisées comme principal appareil de chauffage) assurent 10 % des besoins en chaleur des bâtiments et devraient atteindre 20 % d’ici 2030 si l’on veut respecter les engagements mondiaux en matière de lutte contre les changements climatiques.
L’installation de pompes à chaleur présente des coûts initiaux élevés, mais les incitations financières sont fortes dans 30 pays et les subventions sont en hausse dans le monde. La loi américaine sur la réduction de l’inflation, par exemple, prévoit des crédits d’impôt fédéral sur le revenu pour l’installation de pompes à chaleur. Les chaînes d’approvisionnement mondiales dans ce domaine sont actuellement sous tension, en particulier pour les puces, mais les mesures d’incitation à la fabrication aux États-Unis et dans l’Union européenne devraient stimuler l’offre.
Pourquoi le Canada est-il en froid avec les pompes à chaleur ? Le gouvernement fédéral considère que l’adoption de la pompe à chaleur est l’un des moyens de réduire les émissions des bâtiments, qui représentent 13 % des émissions de gaz à effet de serre du Canada. Pourtant, les ventes ont stagné. Les pompes à chaleur ont atteint 5,3 % du marché canadien de la chaleur et de la ventilation en 2019, mais les mesures du Plan de réduction des émissions pourraient aider à doubler cette part d’ici 2030, selon les estimations de l’Institut Climatique du Canada.
Comment le Canada peut-il accélérer l’adoption de la pompe à chaleur ? Il le pourrait de trois façons :
- En offrant des subventions pour rendre le coût initial des pompes à chaleur plus attrayant pour les acheteurs précoces et aider à abaisser la courbe des coûts.
- En ciblant les secteurs dans lesquels les pompes à chaleur sont déjà pertinentes sur le plan financier (p. ex., pour de nombreux ménages qui se chauffent au mazout ou au propane).
- En informant les techniciens et les installateurs de climatisation des avantages des pompes à chaleur, vous les aiderez à les commercialiser auprès d’un plus grand nombre de propriétaires.
FINANCEMENT
Une Banque mondiale plus verte
La semaine dernière, les plus grandes nouvelles en matière de climat n’ont pas fait la une. Or, elles pourraient changer le cours de l’histoire.
Les principales puissances économiques mondiales se sont réunies à Washington et ont convenu de réformes pour la Banque mondiale, qui permettront à l’institution de prêter 50 milliards de dollars supplémentaires sur 10 ans aux pays à revenu faible ou moyen pour lutter contre les changements climatiques. Il s’agit d’une étape importante pour aider les pays en développement à investir dès maintenant dans l’énergie propre et les processus industriels.
Mais il y a encore beaucoup à faire. Selon les prévisions du Peterson Institute for International Economics, les économies en développement du monde, qui contribueront majoritairement à la croissance des émissions de gaz à effet de serre dans les décennies à venir, ont besoin de multiplier par sept leurs investissements climatiques. La majeure partie de ces prêts peut provenir du secteur privé, mais il faut aussi beaucoup plus de prêts garantis par les gouvernements afin de réduire le risque pour les autres investisseurs.
Les banques multilatérales de développement comme la Banque mondiale, la Banque de développement asiatique et la Banque africaine de développement, entrent dans la danse. Elles ont mis sur la table 20 milliards de dollars américains en financement climatique en 2020, à comparer aux 66 à 111 milliards de dollars américains de prêts garantis par les gouvernements que l’Institut Peterson estime nécessaires pour lutter contre les changements climatiques.
Pour obtenir ce type de capital, l’Occident devra investir beaucoup plus dans la Banque mondiale et dans d’autres entités du même genre, ou laisser la Chine et d’autres pays à revenu intermédiaire en pleine croissance jouer un rôle plus important. Les deux options sont contestées en raison de l’austérité budgétaire dans les pays occidentaux et du désir de Washington de contrecarrer l’influence chinoise.
La secrétaire au Trésor des États-Unis, Janet Yellen, a dit à la Banque de faire plus avec les moyens dont elle dispose. Les ministres des Finances des pays en développement se sont également rendus à Washington pour rappeler que la lutte contre la pauvreté est une priorité mondiale, car ils estiment que les gouvernements et les investisseurs s’empressent d’investir dans des fermes solaires plutôt que dans des écoles primaires.
Si les États-Unis et les autres grands actionnaires de la Banque mondiale renoncent à demander des réformes et des capitaux, leurs objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques pourraient bien manquer leur cible.
POLITIQUES PUBLIQUES
Une vague d’investissements carboneutres est imminente
Le budget fédéral de 2023 du Canada propose des mesures vigoureuses en réponse à la loi américaine sur la réduction de l’inflation (l’IRA ou l’Inflation Reduction Act) prévoyant des dépenses de plusieurs milliards de dollars, mais l’adhésion massive à des pratiques d’investissement carboneutres pourrait se heurter aux obstacles que sont la concurrence internationale croissante, la réglementation et la difficulté de s’entendre avec les provinces.
Les nouvelles mesures vertes du budget visent à renforcer la chaîne logistique en amont pour favoriser une économie à faibles émissions de carbone, au moyen de nouveaux crédits d’impôt à l’investissement remboursables accordés pour l’électricité propre, la fabrication de technologies propres et l’hydrogène. Dans la foulée de l’annonce de crédits d’impôt à l’investissement faite l’an dernier pour la capture de carbone et les technologies propres, le gouvernement fédéral prévoit dépenser environ 80 milliards de dollars sur dix ans en crédits d’impôt pour les investissements verts.
Ces mesures soutiennent avantageusement la comparaison avec celles de l’IRA, mais le nouvel article Perspectives et politique : le budget 2023 favorisera-t-il les investissements verts ? de l’Institut d’action climatique RBC explique pourquoi le Canada pourrait encore se heurter à des difficultés dans ses efforts pour obtenir des investissements verts.
DES EFFORTS DE PLUS EN PLUS PAYANTS
Bilan des émissions du Canada
Quelques bonnes nouvelles à l’approche du Jour de la Terre (22 avril) : le Rapport d’inventaire national 2023 du Canada montre des progrès dans la mise en œuvre de mesures de lutte contre les changements climatiques. Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de réduction des émissions du Canada pour 2030. Quelques statistiques importantes tirées du dernier rapport :
- -8,4 %
- Diminution des émissions de gaz à effet de serre du Canada en 2021 par rapport aux niveaux de 2005. Toutefois, les émissions en 2021 ont augmenté de 1,8 % par rapport à 2020, lorsque sévissait la COVID.
- 5 %
- Augmentation des émissions de GES provenant des transports, suivie d’un bond de 4 % des émissions liées au gaz et au pétrole entre 2020 et 2021.
- -2,2 %
- Recul des émissions de GES agricoles entre 2020 et 2021, dû en partie aux baisses de la production agricole provoquées par les épisodes de sécheresse dans les Prairies.
- -29 %
- Moindre intensité des émissions du PIB canadien depuis 2005, ce qui suggère un découplage de la croissance économique des émissions.
Source : Rapport d’inventaire national
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.