- Dans un rapport antérieur, nous avons calculé que le Canada devra dépenser de 60 à 80 milliards de dollars chaque année pour atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 2050.
- Les investissements verts au Canada ont atteint des records consécutifs au cours des deux dernières années, mais demeurent largement inférieurs à ceux d’autres pays. Ils sont trois fois moins élevés que ceux de la Chine et deux fois moins importants que ceux de l’Europe.
- Cet écart pourrait se creuser, car la loi américaine sur la réduction de l’inflation prévoit des investissements de 370 milliards de dollars américains en énergie propre.
- Pour suivre la cadence (et atteindre ses propres objectifs), le Canada devra accroître considérablement ses investissements, notamment en véhicules électriques, en pompes à chaleur et en installations de capture de carbone.
- Conclusion : Les politiques ont un rôle à jouer pour accélérer les investissements. Les États-Unis sont un bon exemple à suivre, notamment en ce qui concerne les véhicules électriques et la décarbonisation du secteur de la construction.
Le Canada accuse du retard en matière d’investissements verts par rapport aux autres grandes économies
Les investissements verts s’accélèrent partout dans le monde, ce qui est une bonne nouvelle. Annuellement, ils s’élèvent à un huitième des 6,5 billions de dollars américains nécessaires pour délaisser les combustibles fossiles à l’échelle mondiale. Dans l’ensemble des pays membres de l’OCDE, les investissements dans les technologies vertes ont doublé en cinq ans et se sont multipliés par douze depuis 2005.
Le Canada est toutefois à la traîne depuis 2014, année durant laquelle les dépenses en technologies propres ont chuté de façon marquée. Nous avons regagné du terrain au cours des dernières années, mais le rythme de la croissance des investissements est environ deux fois moins élevé que celui des autres grandes économies.
L’Europe, qui détenait autrefois le titre de leader en investissements verts, y consacre environ 1 % de son PIB. Les États-Unis, l’Australie et le Japon ont pris encore plus de retard. Un changement majeur se profile au sud de la frontière : la loi américaine sur la réduction de l’inflation, qui a récemment été adoptée, prévoit 370 milliards de dollars américains en énergie propre. Elle favorisera également les investissements privés.
Sans changement, le Canada pourrait être laissé pour compte
Le Canada devra modifier ses politiques, sans quoi l’écart avec les grandes économies pourrait se creuser davantage. Après une décennie, il n’investit toujours pas suffisamment en électricité propre. Quelque 200 milliards de dollars sont nécessaires d’ici 2035 pour atteindre les objectifs actuels liés au réseau vert. D’autres investissements seront ensuite de mise pour répondre à la croissance rapide de la demande d’électricité.
Cela dit, l’électricité verte est le secteur dans lequel les investissements se rapprochent le plus de la cible : pour l’atteindre, il ne faudrait que les doubler. Les investissements en véhicules électriques devront passer d’environ 4 milliards de dollars par année à près de 22 milliards. Ceux en pompes à chaleur, qui sont nécessaires pour la décarbonisation du secteur de la construction, devront être multipliés par huit. Par ailleurs, les industries lourdes du Canada, y compris les secteurs pétrolier et gazier, doivent se lancer dans la mise en place d’installations de capture du carbone. Celles-ci ont fait l’objet de peu de financement, mais pourraient s’avérer l’un des instruments les plus efficaces pour la décarbonisation de l’économie canadienne.
L’adoption de politiques aidera le Canada à rattraper son retard
Les investissements canadiens dans l’économie verte sont beaucoup plus importants qu’auparavant. Les véhicules électriques et les infrastructures connexes comptent maintenant pour environ 40 % des investissements liés à la transition énergétique, alors que cette part était de zéro en 2013. Les investissements dans les pompes à chaleur ont également connu une croissance rapide : ils ont augmenté de 67 % de 2020 à 2021. Contrairement à l’électricité renouvelable, les investissements dans les véhicules électriques et les pompes à chaleur ne font que commencer et pourraient s’accélérer considérablement. L’adoption de nouvelles technologies se fait habituellement lentement au début, puis s’accélère à mesure que les consommateurs se tournent vers celles-ci. Heureusement, les investissements en véhicules électriques pourraient approcher d’un point de bascule. Ils sont passés d’un peu plus de 5 % en 2021 à 7,7 % au premier trimestre de 2022, ce qui est un changement bienvenu.
Si les véhicules électriques et les pompes à chaleur font l’objet d’une adoption rapide, le Canada pourrait commencer à combler son manque vis-à-vis les investissements dans l’économie verte. Les politiques sont nécessaires pour accélérer ceux-ci. S’inspirer des États-Unis à l’égard des véhicules électriques et de la décarbonisation du secteur de la construction, serait un bon point de départ.
Colin Guldimann est entré au service de RBC en 2019, à titre d’économiste. Il est titulaire d’un baccalauréat en économie de l’Université d’Ottawa et d’une maîtrise ès arts en économie de l’Université de Colombie-Britannique. Avant de se joindre à RBC, M. Guldimann analysait les politiques liées aux prêts hypothécaires, au logement et à l’économie au ministère des Finances du Canada.
Naomi Powell s’est jointe au groupe Leadership avisé RBC en 2020. Elle est responsable de l’édition et de la rédaction d’articles pour les groupes Services économiques RBC et Leadership avisé RBC. Avant de se joindre à RBC, elle a travaillé comme journaliste économique au Canada et en Europe, et, plus récemment, elle a réalisé des reportages sur le commerce international et l’économie pour le Financial Post.
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