Chaque année, Toronto accueille la plus importante conférence au monde consacrée à l’exploitation minière. Plus de 27 000 cadres supérieurs, investisseurs et décideurs politiques du secteur minier mondial y assistent, rassemblés par l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE). La conférence de cette année, qui se tiendra du 2 au 5 mars, est particulièrement cruciale.
Les minéraux critiques seront au cœur des discussions, compte tenu de l’importance qu’ils revêtent dans la course géopolitique croissante entre les États-Unis et la Chine. Ils ne constituent peut-être pas le pilier de l’exploitation minière, mais les minéraux comme le gallium et le lithium sont des intrants essentiels de technologies de pointe dans les secteurs de l’énergie, de la défense, de l’industrie manufacturière et, de plus en plus, de l’intelligence artificielle. Les pays qui disposent d’un accès sécurisé à ces minéraux critiques assureront leur compétitivité économique à l’échelle mondiale et leur sécurité nationale.
Voici trois grandes questions que nous étudierons dans le cadre la conférence de l’ACPE 2025 :
1. Pourquoi un tel engouement pour les minéraux critiques ?
Des semi-conducteurs de pointe utilisés en intelligence artificielle à la fabrication de véhicules électriques et de batteries, en passant par les avancées technologiques dans les secteurs de la défense et de l’aérospatiale, les minéraux critiques sont à la base des composantes essentielles de la quatrième révolution industrielle, une ère de forces technologiques perturbatrices résultant d’une interaction humain-machine accrue.
Actuellement, la Chine domine l’ensemble de la chaîne de valeur des minéraux critiques, de l’exploitation minière à la demande d’utilisation finale en passant par le raffinage et le traitement. L’Agence internationale de l’énergie a dressé une liste de six minéraux critiques fondamentaux (cuivre, lithium, nickel, cobalt, graphite et métal du groupe des terres rares) et, en moyenne, la Chine représente les deux tiers de la capacité mondiale de raffinage pour ce groupe. Pour leur part, les États-Unis disposent de réserves nationales limitées de minéraux critiques et dépendent entièrement des importations, souvent en provenance de la Chine.
Cette lutte pour la suprématie technologique mondiale que se livrent la Chine et les États-Unis se manifeste par une guerre pour les ressources de minéraux critiques, un nouveau grand jeu pour le XXIe siècle, comparable à l’importance géopolitique que revêtait le pétrole au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
2. Quel rôle le Canada peut-il jouer dans la protection des chaînes logistiques des minéraux critiques ?
Le Canada et les États-Unis entretiennent des relations commerciales bien établies dans le secteur des minéraux et des métaux, puisqu’ils sont le principal partenaire commercial l’un de l’autre. En 2024, les importations canadiennes de minéraux non combustibles s’élevaient à 40 milliards de dollars US, soit 24 % des importations américaines totales. Le pays est également la plus grande source d’importations de minéraux critiques des États-Unis en termes de valeur monétaire, mais ces importations sont en grande partie constituées de minéraux critiques « commerciaux » comme l’aluminium, le nickel et le zinc.
On observe une augmentation du nombre de minéraux critiques de créneau, moins commerciaux, mais stratégiquement importants, qui revêtent une importance vitale pour les applications de défense, la sécurité à la frontière et la fabrication de puces de pointe. Les approvisionnements en minéraux de ce type, notamment le gallium, le germanium, l’antimoine et le tungstène, sont concentrés en Chine et sont soumis aux contrôles chinois des exportations. C’est dans ce sous-ensemble de minéraux en particulier que nous pensons que le Canada peut jouer un rôle essentiel en réduisant les risques qui pèsent sur les chaînes logistiques des minéraux critiques des États-Unis et du G7.
3. À quoi peut-on s’attendre de la conférence ?
Cette année, la conférence de l’ACPE aura une orientation politique plus marquée que d’habitude, étant donné les tensions accrues suscitées par l’approvisionnement en minéraux critiques des États-Unis, déjà observées dans les pourparlers de paix en Ukraine, mais aussi dans les commentaires du président Trump sur le Groenland et le Canada. Les discours continus des décideurs politiques et des dirigeants du secteur de l’exploitation minière sur le potentiel du Canada peuvent renforcer l’idée que le Canada a des alliés et des partenaires économiques.
Nous nous attendons à en apprendre davantage sur la manière dont le Canada peut accroître sa compétitivité en attirant des capitaux dans le secteur des minéraux critiques. Les gouvernements pourraient notamment jouer un rôle plus important en concluant des accords d’exploitation, en améliorant les incitations fiscales (par exemple, en augmentant les crédits d’impôt à l’investissement), en sécurisant l’accès au marché et en simplifiant le processus d’octroi des permis.
Leadership avisé RBC publiera un rapport plus détaillé sur les minéraux critiques dans le courant de la semaine prochaine, ainsi que des commentaires tout au long de la conférence de l’ACPE. Vous pouvez trouver nos recherches et nos perspectives dans l’Espace commercial RBC.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.