Au cours des deux premiers mois de 2021, l’immigration s’est nettement accélérée. Le Canada semble donc en mesure de dépasser les prévisions formulées en févrierpar les Services économiques RBC, qui estimaient à 275 000 le nombre de nouveaux résidents permanents pour l’année. Le Canada en a déjà accueilli environ 48 000 au cours des mois de janvier et de février, montrant que les changements apportés à la politique fin 2020 pour stimuler l’immigration en période de pandémie portent leurs fruits. Cette semaine, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il inviterait 90 000 travailleurs temporaires et étudiants étrangers déjà présents au Canada à déposer une demande de résidence permanente, ce qui renforce notre conviction que le Canada excédera nos prévisions de février. Par contre, la cible ambitieuse que le Canada s’est fixée pour 2021, de 401 000 nouveaux résidents permanents, pourrait s’avérer difficile à atteindre.



L’immigration remonte aux niveaux d’avant la pandémie. Le Canada a admis 25 000 nouveaux résidents permanents en janvier et 23 000 autres en février. Ces chiffres sont proches de ceux observés au cours des deux premiers mois de 2020. Ils font suite à une reprise soutenue de mars à décembre 2020, période durant laquelle le nombre de nouveaux résidents permanents s’est établi en moyenne à 13 000 par mois.

Le rebond est attribuable aux changements apportés à la politique fédérale. Les retards importants accumulés l’an dernier dans le traitement des demandes se sont un peu résorbés. Cependant, l’accélération au début de 2021 s’explique plus probablement par la décision du gouvernement fédéral d’augmenter le nombre de travailleurs qualifiés acceptés dans le cadre du programme Entrée express. Vers la fin de l’année dernière, le gouvernement a commencé à inviter plus de candidats du bassin d’Entrée express à présenter une demande, après avoir dévoilé des plans visant à accueillir jusqu’à 1,2 million d’immigrants au cours de la période 2021-2023.

L’invitation du Canada adressée aux 90 000 résidents temporaires pourrait changer la donne, mais on ne sait pas exactement jusqu’à quel point. Le gouvernement facilitera les démarches pour les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers déjà présents au pays et qui souhaitent obtenir la résidence permanente. Il donnera la priorité aux personnes ayant des compétences en santé ainsi qu’à celles qui peuvent répondre à la forte demande actuelle d’emplois essentiels dans des domaines comme les livraisons, la construction et les récoltes. Une partie de ces personnes a peut-être déjà prévu de demander le statut de résident permanent dans d’autres catégories d’immigration, de sorte que l’augmentation nette du nombre de nouveaux travailleurs permanents découlant de l’annonce est difficile à quantifier. (Environ un tiers des nouveaux résidents permanents admis en janvier et février avaient obtenu un visa de travailleur temporaire ou d’étudiant dans le passé.) La décision du gouvernement devrait tout de même avoir une incidence positive sur le retard pris en matière d’immigration.

À court terme, le gouvernement continuera de courtiser les personnes déjà présentes au Canada pour augmenter le nombre d’immigrants. À cette fin, les autorités ont élargi l’admissibilité au statut de résident permanent pour tenter de retenir une plus grande part des 1,2 million de travailleurs temporaires et d’étudiants de niveau postsecondaire. Comme les frontières sont fermées pour une durée indéterminée et que la pandémie fait rage dans de nombreux pays, il est peu probable que les choses changent au cours des prochains mois.

Le fait de miser sur des gens déjà présents au Canada est positif en ce qui concerne les objectifs en matière d’immigration, mais n’a aucun effet sur la croissance à court terme. Accorder la résidence permanente à des personnes qui vivent et travaillent déjà ici ne stimulera pas le logement ni les dépenses de consommation à court terme. Par rapport à 2019, on a compté 65 000 étudiants étrangers de niveau postsecondaire de moins et le Canada est confronté au risque d’une croissance démographique lente, voire négative, à court terme. À long terme en revanche, comme nous l’avons déjà mentionné, le pays a les moyens d’atteindre les objectifs ambitieux fixés à l’automne dernier et de refaire de l’immigration un important moteur de croissance démographique et économique.

 

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