La COVID-19 continue d’avoir un impact négatif sur l’immigration ; seuls 275 000 nouveaux résidents permanents sur les 401 000 qui étaient attendus devraient être accueillis en 2021.

Les restrictions visant à limiter les déplacements internationaux ont contribué à fortement ralentir l’immigration au Canada en 2020. Seulement 184 000 nouveaux résidents permanents sont entrés au pays l’an dernier, soit un peu plus de la moitié des 341 000 qui étaient attendus au début de l’année. L’immigration temporaire a diminué elle aussi, tant du côté des étudiants étrangers que des personnes ayant obtenu un permis de travail temporaire. Tous ces éléments combinés ont entraîné une chute du taux de migration internationale nette au troisième trimestre, et le Canada a connu la plus faible croissance démographique trimestrielle de son histoire (hausse de seulement 2 767).

En réaction, le gouvernement fédéral a réitéré son engagement à maintenir un niveau d’immigration élevé et a annoncé de nouveaux objectifs pour 2021 à 2023. Plus de 1,2 million de nouveaux résidents permanents devraient être accueillis durant cette période, ce qui comblerait entièrement le déficit de 2020. Toutefois, ces nouveaux objectifs, surtout pour 2021, paraissent trop ambitieux compte tenu des puissants facteurs toujours en jeu qui limitent le nombre de nouveaux arrivants.


Le nombre de demandes, d’approbations et d’admissions a diminué considérablement en 2020

Sources : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Services économiques RBC


  • Les restrictions aux frontières devraient persister à court terme : À quelques exceptions près, seuls les membres de la famille immédiate ou élargie de Canadiens ou de résidents permanents peuvent entrer au pays. Outre la quarantaine obligatoire, diverses exigences font en sorte qu’il est très difficile pour de nombreux immigrants potentiels de venir au Canada. Du reste, beaucoup parmi les nouveaux résidents permanents continueront d’être ceux qui sont déjà au pays. Nous devrions donc nous attendre à un accroissement de la population encore plus faible que celui suggéré par de tels niveaux d’immigration.
  • Les délais de traitement continuent de s’allonger : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) donne la priorité à la réunion des familles et des conjoints (suivant les restrictions aux frontières) ainsi qu’à l’accueil des candidats d’Entrée express dans le cadre du Programme des travailleurs de métiers spécialisés. Et bien que la capacité de traitement se soit améliorée depuis le début de la pandémie, les résultats restent décevants. Le fait que les candidats admissibles à la catégorie de l’expérience canadienne doivent encore attendre six mois avant que le processus ne démarre en est un bon exemple. À l’heure actuelle, seules les demandes reçues avant la semaine du 12 août 2020 sont en cours d’examen. Quant aux autres demandes, le gouvernement a laissé entendre que l’attente pourrait être beaucoup plus longue.
  • Les demandes de résidence permanente en baisse : Le nombre de nouvelles demandes de résidence permanente a nettement diminué et devrait atteindre moins de la moitié du niveau de 2019 au deuxième semestre de 2020. Et d’autres catégories, comme le parrainage familial, continuent d’accuser un retard important. En plus des longs délais de traitement et même si les frontières étaient rouvertes prochainement, il faudrait encore du temps avant que le flux de nouveaux immigrants revienne à son niveau d’avant la pandémie.
  • Il est peu probable que les nouveaux résidents permanents qui attendent d’entrer au pays contribuent de façon importante à la hausse de l’immigration une fois que les frontières seront rouvertes : L’écart est mince entre le nombre de nouveaux résidents permanents en 2020 et le nombre d’autorisations et de visas délivrés (environ 8 000 depuis octobre), de sorte qu’on ne doit pas s’attendre à un gros effet de rattrapage au moment de la réouverture des frontières, mais plutôt à un retard dans les arrivées de personnes ayant obtenu leur résidence permanente.


À long terme, le Canada a la capacité d’atteindre les objectifs ambitieux fixés l’automne dernier, et l’accueil de nouveaux immigrants redeviendra le principal moteur de la croissance démographique. Cependant, comme les effets de la pandémie semblent vouloir se prolonger jusqu’au printemps et en été, les obstacles dont il a été question plus haut contribueront à maintenir l’immigration au Canada à un faible niveau pendant la majeure partie de 2021.

Nous nous attendons à ce que les six premiers mois de 2021 ressemblent beaucoup aux six derniers mois de 2020, puisque le pays accueillera de 100 000 à 125 000 nouveaux résidents permanents au cours de ce semestre. Cela signifie que pour atteindre son objectif de 401 000 nouveaux résidents permanents, le Canada devrait admettre près de 50 000 candidats par mois durant le deuxième semestre, soit 14 000 de plus qu’au cours du mois où il en a reçu le plus en 2019. Cela paraît improbable. Selon une estimation plus réaliste, si les choses reviennent à la normale en ce qui a trait à la COVID-19, de 150 000 à 175 000 nouveaux résidents permanents pourraient être accueillis pendant la deuxième partie de l’année, si bien que le Canada devrait compter environ 275 000 nouveaux résidents permanents à la fin de l’année.


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