Perspectives Provinciales - Mars 2021
Même si l’incertitude liée à la pandémie mettra un peu plus de temps à se dissiper, la situation économique s’est nettement améliorée depuis notre dernier rapport Perspectives provinciales. Jusqu’à présent, la reprise a été plus forte que prévu au Canada, malgré la rudesse de la deuxième vague et l’imposition de mesures de confinement dans trois provinces au début de 2021. Et maintenant que les campagnes de vaccination de masse s’amorcent, nous croyons que la reprise s’accélérera. Nous avons fortement révisé à la hausse nos prévisions de croissance provinciales d’un océan à l’autre. Nous prévoyons maintenant que le Québec mènera le bal avec un taux de croissance de 6,5 % en 2021, suivi de l’Ontario (6,2 %), du Nouveau-Brunswick (6,1 %) et de la Colombie-Britannique (5,9 %). Terre-Neuve-et-Labrador (en hausse de 3,4 %), qui doit encore relever plusieurs défis, y compris l’achèvement des travaux liés à des projets d’immobilisations majeurs, se classera dernière.
Nous nous attendons à ce que toutes les économies provinciales profitent grandement de la demande refoulée, de l’épargne élevée des ménages et des mesures de soutien et de relance des gouvernements. La rapidité et l’ampleur de l’élimination des restrictions détermineront en grande partie à quel moment certains de ces facteurs relanceront le moteur économique dans chaque province. Le redressement des marchés et des prix des marchandises a renforcé les perspectives des provinces riches en ressources. C’est ce qui explique certaines des révisions plus marquées apportées à nos prévisions de croissance, notamment la hausse de 1,2 point de pourcentage du taux en Alberta, qui s’établit maintenant à 5,7 %. Les intentions de dépenses en immobilisations indiquent également que certaines provinces enregistreront une forte hausse des investissements cette année, dont le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario. Des baisses sont toutefois prévues à l’Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, qui s’inscrivent donc dans les derniers rangs de notre classement de la croissance pour 2021.
Le rehaussement de nos prévisions est incontestablement une bonne nouvelle. Nous prévoyons maintenant que toutes les provinces, sauf l’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador, effaceront cette année le repli de leur PIB subi en 2020. Malgré tout, les niveaux d’activité dans les provinces seront bien inférieurs à ceux qui auraient prévalus n’eut été de la pandémie. Le marché du travail mettra plus de temps à se rétablir entièrement ; nous nous attendons à ce que les taux de chômage restent élevés en dépit d’une amélioration graduelle. Par ailleurs, la reprise du secteur de l’hôtellerie et d’autres secteurs fortement tributaires des rassemblements sera un processus lent et potentiellement cahoteux, limité par une perte probable de capacité. Bref, le retour à la normale ne sera pas encore complet en 2021.
Colombie-Britannique : Les perspectives sont favorables pour la construction et les exportations
La Colombie-Britannique a commencé à assouplir ses restrictions avant de nombreuses autres provinces, ce qui devrait permettre à bon nombre de ses secteurs de services de se rétablir plus rapidement. Nous nous attendons à ce que les consommateurs reviennent en force le moment venu. La forte demande de logements et la baisse des stocks entraîneront une hausse de la construction résidentielle dans la province. Nous avons haussé nos prévisions de mises en chantier de près de 3 000 unités pour les porter à 37 200 en 2021. Des tendances similaires sur l’ensemble du continent sont de bon augure pour l’industrie du bois de la Colombie-Britannique et les exportations de la province. Les entreprises et les administrations publiques prévoient augmenter leurs dépenses en immobilisations de 5,7 % cette année. De plus, d’importants projets sont en cours dans la province, notamment ceux du terminal de LNG Canada à Kitimat, du barrage hydroélectrique du Site C et du gazoduc de Coastal GasLink.
Provinces des Prairies : Le redressement des marchés des marchandises est une bonne nouvelle
L’amélioration des perspectives du secteur de l’énergie en Alberta inspire un solide regain d’optimisme pour la province. La hausse du prix du pétrole injectera des liquidités indispensables dans l’économie, ce qui, entre autres choses, contribuera à revigorer les activités de forage dans la province. La reprise du marché du logement a par ailleurs été exceptionnelle. Nous croyons qu’elle ouvre la voie à un rebond important de la construction résidentielle cette année. Or, bien que l’économie albertaine montre des signes de rétablissement, le chemin de la croissance sera cahoteux. Nous nous attendons à ce que la reprise complète après la terrible récession de l’an dernier ne s’achève qu’en 2022, soit plus tard que dans toutes les autres provinces, à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador.
La hausse du prix des céréales et d’autres marchandises profitera particulièrement à la Saskatchewan et au Manitoba en 2021. L’an dernier, les exportations de denrées agricoles de la Saskatchewan ont bondi en raison de l’accroissement de la demande mondiale, ce qui a annulé la diminution antérieure qu’avait causée l’interdiction par la Chine d’importer du canola en provenance du Canada. Nous nous attendons à ce que l’expansion des exportations continue cette année si les conditions météorologiques le permettent. La vigueur des prix des céréales dans le monde pourrait bien stimuler la production et les exportations de potasse dans la province. Selon les experts, les agriculteurs aux quatre coins du monde utiliseront une partie des revenus plus élevés tirés de leurs récoltes pour accroître l’utilisation d’engrais. L’amélioration des perspectives du secteur de l’énergie est également de bon augure pour la Saskatchewan. Nous prévoyons une augmentation de l’activité de forage et de la production cette année.
La capacité de fabrication de produits alimentaires s’est considérablement accrue au Manitoba après l’ouverture d’une usine de transformation de protéines de pois de calibre mondial. La production alimentaire devrait augmenter fortement cette année, à mesure que les activités de la nouvelle usine s’accéléreront. En même temps, la demande de légumineuses à graines de la province et les exportations de cette denrée progresseront aussi. Le secteur manufacturier du Manitoba bénéficiera du redressement marqué des conditions économiques des deux côtés de la frontière canado-américaine. Les nouveaux contrats attribués au fabricant d’autobus électriques de Winnipeg sont prometteurs pour l’industrie des véhicules à moteur de la province.
Centre du Canada : L’activité est en pleine effervescence
Les provinces les plus peuplées du Canada ont fait l’objet des restrictions les plus sévères à l’échelle nationale depuis la fin de 2020. Nous nous attendons à ce que l’activité économique rebondisse fortement à mesure que les gouvernements assoupliront les restrictions et que les entreprises du secteur tertiaire rouvriront. La demande refoulée est importante et l’épargne des ménages est sans précédent, de sorte que consommateurs seront portés à dépenser beaucoup. La frénésie du marché du logement entraînera une hausse substantielle de la construction résidentielle. La montée en flèche des permis de construire laisse croire que les mises en chantier sont en voie d’atteindre un sommet vieux de plusieurs décennies dans les deux provinces. Les campagnes de vaccination avancent et les entreprises reprennent confiance. Les intentions d’investissement ont augmenté de façon importante cette année, en hausse de 10,8 % au Québec et de 9,1 % en Ontario. Au Québec, le secteur public représentera plus des deux tiers de l’augmentation, des projets de construction d’infrastructures de transport en commun passant à la vitesse supérieure. En Ontario, nous nous réjouissons du net raffermissement du secteur manufacturier, lequel s’ajoutera à l’augmentation continue des investissements dans les transports en commun.
Provinces de l’Atlantique : Le vent tourne
La hausse du prix des produits énergétiques sera avantageuse pour Terre-Neuve-et-Labrador, mais ne suffira pas à rétablir complètement l’économie provinciale. La province est l’une des deux seules qui resteront loin de ses niveaux de 2019 cette année. Les dépenses en immobilisations ont dégringolé en 2020, et l’année 2021 ne semble pas plus prometteuse, car une nouvelle baisse de 0,4 % est attendue à la suite de l’aboutissement de certains grands projets. Terre-Neuve continuera de pâtir des coûts associés au barrage de Muskrat Falls et de l’incertitude entourant la faisabilité du projet West White Rose. Qui plus est, le gouvernement provincial devra faire des choix difficiles pour remédier à sa situation financière précaire.
Par contre, le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse annuleront entièrement le recul du PIB enregistré l’an dernier. La Nouvelle-Écosse a déjà fait un pas énorme, ayant récupéré 94 % des emplois perdus pendant la pandémie. Les dépenses en immobilisations stimuleront la croissance au Nouveau-Brunswick. Les entreprises et les administrations publiques prévoient augmenter leurs dépenses en immobilisations de 10,1 % cette année. Nous pensons qu’une reprise du tourisme, combinée à la forte contribution du secteur des produits alimentaires, pourrait contribuer à faire repartir l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard. Selon nous, la vaccination contre la COVID-19 pourrait avoir atteint une masse critique d’ici le milieu de l’année et le Canada serait alors en mesure d’assouplir les restrictions de voyage à l’intérieur de ses frontières. Un tel assouplissement profiterait à toutes les économies des provinces de l’Atlantique.
Lire le rapport
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.