Pour la semaine du 10 mars 2025
Taux directeur : une décision difficile à prendre pour la Banque du Canada
Nous pensons que la décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt, qui sera annoncée mercredi, sera très difficile à prendre, car notre scénario de base prévoit qu’elle renoncera à une baisse des taux pour la première fois depuis avril 2024, mais les risques commerciaux liés aux États-Unis pourraient encore facilement faire pencher la balance en faveur d’une septième réduction consécutive.
En dehors des risques liés aux tarifs douaniers, la demande intérieure au Canada, qui présente un caractère rétrospectif, montre suffisamment de signes de reprise au début de 2025 pour que la BdC interrompe son cycle de réduction des taux. L’inflation est restée proche de la cible de 2 % de la banque centrale, mais elle serait plus élevée sans le congé fiscal fédéral qui a fait baisser les prix de certains articles, comme les repas au restaurant. La croissance du PIB au quatrième trimestre a été nettement plus forte que prévu. Certains signes ont montré un ralentissement de l’emploi au Canada dans les secteurs sensibles au commerce en février. Toutefois, le taux de chômage est toujours inférieur aux niveaux de la fin de l’année dernière. Cette situation est cohérente avec l’idée que l’écart de production à l’échelle de l’économie (le principal facteur des futures tensions inflationnistes dans le cadre de la politique de la BdC) a commencé à se réduire en 2025.
La dernière série de tarifs douaniers généraux de 25 % sur le Canada et le Mexique a déjà commencé à être supprimée, des rapports indiquant que les échanges commerciaux conformes à l’AEUMC seront exemptés. Seules 38 % des exportations canadiennes vers les États-Unis l’année dernière ont fait l’objet de l’ACEUM (l’AEUMC), mais nous prévoyons que l’essentiel des échanges commerciaux (potentiellement plus de 90 % selon nos propres calculs préliminaires) pourra être mis en conformité relativement rapidement.
La réalité est que les risques commerciaux ne disparaissent pas. Les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium devraient encore être imposés la semaine prochaine, et l’annonce de tarifs douaniers de réciprocité plus étendus est prévue en avril. Il est encore très incertain de savoir à quoi ressemblera la politique commerciale américaine semaine après semaine (voire heure après heure). De plus, cette incertitude menace déjà d’étouffer la reprise des investissements des entreprises canadiennes.
Cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, la BdC devra également envisager toute réaction potentielle sur le plan de la politique budgétaire, qui est plus à même d’apporter un soutien ciblé et opportun que les modifications des taux d’intérêt qui ont une incidence plus générale sur la conjoncture économique et qui ne produisent qu’un effet à retardement considérable. Les taux d’intérêt sont encore relativement élevés. Le taux du financement à un jour (3 %) se situe toujours près du haut de la fourchette de 2,25 % à 3,25 % que la BdC considère comme ayant des répercussions neutres sur l’économie. Pourtant, le gouverneur Macklem a aussi souligné explicitement les limites de la politique monétaire en tant qu’outil visant à compenser les chocs tarifaires, et la BdC doit encore trouver un équilibre entre le soutien de l’économie en période d’incertitude et une protection contre une augmentation inutile de l’inflation future.
Le présent rapport a été rédigé par Nathan Janzen, économiste en chef adjoint, et Claire Fan, économiste principale.
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