Notes: Comment les entreprises canadiennes font face aux tensions commerciales
L’imposition par la Chine de droits de douane de 100 % sur l’huile et le tourteau de canola préoccupe les agriculteurs canadiens. Ces craintes pourraient bien s’intensifier, car la Chine vise aussi les graines de canola du Canada – le plus important segment de nos exportations de canola vers la Chine –, qui ont été épargnées jusqu’à présent. « Ce serait une autre tuile qui nous tomberait dessus », a déclaré Rick White, chef de la direction de la Canadian Canola Growers Association (CCGA), qui représente 40 000 agriculteurs par l’intermédiaire de cinq associations provinciales.
Le canola a été mis au point par des scientifiques canadiens dans les années 1960, d’où son nom. Il est considéré comme une huile saine, car il présente une faible teneur en graisses saturées (gras malsain) et est riche en gras mono-insaturés (considérés comme sains). Le Canada est le plus important producteur de canola au monde et compte 40 000 agriculteurs qui génèrent 43,7 milliards de dollars ; les États-Unis, la Chine et le Japon sont, dans cet ordre, ses trois plus grands marchés d’exportation. L’Australie est l’un des plus grands rivaux du Canada en ce qui concerne le canola.
Les producteurs canadiens de canola, frappés des droits de douane chinois, gèlent leurs investissements et ont besoin d’aide. M. White a présenté quelques idées sur les façons d’atténuer le choc.
Le canola est une cible populaire pour la Chine
- White affirme que les droits de douane n’étaient pas une surprise, puisque les différends antérieurs avec la Chine (2019-2020) avaient ciblé le canola.
- La Chine a une fois de plus ciblé le secteur agricole en réponse directe à la mise en œuvre par Ottawa de droits de douane sur les véhicules électriques, l’aluminium et l’acier chinois.
- L’industrie estime que le gouvernement canadien porte « la responsabilité absolue » de cette mesure et qu’il devrait indemniser les agriculteurs pour les pertes financières qu’ils vont subir.
Les graines de canola dans la mire des Chinois
- Une enquête antidumping chinoise prochaine sur les graines de canola canadiennes pourrait entraîner l’imposition de nouveaux droits de douane. Voilà en quoi consiste la « tuile qui devrait nous tomber dessus ».
- Les graines de canola représentent la plus grande part des exportations de canola du Canada vers la Chine, l’huile et le tourteau de canola représentant une plus petite portion. En 2024, la Chine a importé six millions de tonnes métriques de graines de canola canadiennes, d’une valeur de 4 milliards de dollars.
- Les Chinois suivent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en matière de droits antidumping. Les recours devant l’OMC prennent du temps, mais ils offrent un recours juridique. La CCGA s’est inscrite comme partie à l’enquête de la Chine.
Les agriculteurs envisagent de geler leurs investissements
- Les agriculteurs pratiquent la rotation des cultures pour des raisons agronomiques, mais le canola représente un produit de base canadien, ce qui limite les options de rechange. L’agronomie concerne la gestion des sols et des cultures et contribue à optimiser la distribution, la gestion et la productivité des terres.
- Les agriculteurs expriment déjà des craintes au sujet des risques de marché attribuables à la Chine et aux États-Unis, certains suggérant de remettre à plus tard les dépenses en immobilisations et les achats d’équipement en raison de l’incertitude.
- De plus, les achats de nouveaux équipements pourraient être effectués aux États-Unis et être assujettis à des droits compensateurs par le Canada.
- « Les agriculteurs ne vont pas prendre le risque d’investir des sommes importantes dans le renouvellement des infrastructures. Il va y avoir un grand refroidissement du côté de l’investissement, du moins cette année. »
De l’autre côté de la frontière, d’autres problèmes se préparent
- Les États-Unis représentent la plus grande destination des exportations de canola au Canada, évaluées à 7,7 milliards de dollars en 2023. Les États-Unis n’ont toujours pas imposé un droit de douane de 25 % sur le canola, étant donné que l’AEUMC (l’accord entre les États-Unis, le Canada et le Mexique) reste en vigueur. Mais lorsque les exemptions expireront, de nouveaux droits de douane américains pourraient nuire davantage aux exportations canadiennes de canola.
Il existe des moyens de construire un écosystème sans droits de douane
- En décembre dernier, la CCGA a envoyé une lettre au gouvernement fédéral, prévoyant des pertes à la ferme comprises entre 1,76 milliard et 4,33 milliards de dollars pour 2025-2026 en raison des droits de douane imposés par la Chine.
- Ottawa a annoncé de nouveaux produits du prêt pour soutenir l’industrie, mais les agriculteurs affirment qu’ils ne peuvent emprunter pour traverser cette crise et qu’ils ont besoin d’une compensation en espèces.
- « Le gouvernement fédéral doit dédommager les agriculteurs proportionnellement aux pertes qu’ils subiront à cause de la Chine. Les agriculteurs ne peuvent pas, et ne devraient pas, être tenus d’emprunter pour se tirer d’affaire : ils doivent être indemnisés. »
- La CCGA plaide pour le développement d’un marché national des biocarburants et de l’aviation durable.
- Il pourrait s’agir d’un nouveau marché intérieur pour au moins 2 à 3 millions de tonnes de graines de canola. Celui-ci contribuerait à atténuer le choc pour les producteurs de canola, étant donné que les risques et l’incertitude liés aux marchés américains et chinois vont persister longtemps. Il s’agirait d’une occasion de contribuer à la diversification et de réduire la forte dépendance du Canada à l’égard des marchés chinois et américains.
Pour approfondir la question :
- Les droits de douane imposés par la Chine aggravent les difficultés des exportateurs
- L’alimentation d’abord : Comment le secteur agricole peut ouvrir la voie à une nouvelle ère d’exportation canadienne
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