Issue #05

Les bêtes noires et les préférences de l’équipe Trump en matière de climat
Découvrez le métal le plus essentiel de tous
La COP29 de Bakou au pied du mur

Quel est le minéral le plus essentiel pour la décarbonation ? Il s’avère que c’est le lithium. L’ Agence internationale pour les énergies renouvelables et l’Institut norvégien des Affaires internationales en sont venus à cette conclusion après avoir analysé les données concernant différents minéraux pour tenir compte de la demande future, de la disponibilité des ressources et du potentiel de recyclage et de remplacement. Le cobalt est au deuxième rang des métaux les plus essentiels. Heureusement pour le Canada, le pays possède ces deux minéraux en quantités abondantes dans son sous-sol, et de nouveaux projets de mines sont proposés.

Comment les nations autochtones peuvent-elles combler un déficit de capitaux de 45 milliards de dollars ? Un nouveau rapport de l’Institut d’action climatique RBC propose des pistes pour aider à renforcer les capitaux des nations autochtones. Des partenariats financiers et non financiers dans le développement de projets majeurs peuvent émerger en tant que modèle typiquement canadien de croissance économique inclusive, écrit dans le rapport Varun Srivatsan, directeur général, Politique et engagement stratégique. Cela commence à se produire : le gouvernement fédéral, de même que les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Manitoba, a annoncé des programmes de garantie de prêts en 2024, afin d’encourager la participation des Autochtones à plusieurs projets dans le domaine de l’énergie. Consultez notre rapport ici.

L’huile de cuisson pourrait être le carburant de votre prochain vol Air Canada. La compagnie aérienne a acquis 78 millions de litres de carburant d’aviation durable (CAD), fabriqué à partir d’huiles de cuisson usagées et de déchets de graisses animales. Le fournisseur, Neste, qualifie le carburant produit à Singapour de « pur et non mélangé ». Associée à du carburant d’aviation traditionnel, la mixture peut réduire les émissions de gaz à effet de serre dans une proportion pouvant atteindre 80 % sur le cycle de vie du carburant. Le CAD ne représente toutefois qu’à peine 0,54 % du marché des carburants d’aviation – même si la production mondiale a triplé en un an.

Le Canada doit installer 100 bornes de recharge… par jour. Il n’existe actuellement « aucun plan évident » pour réaliser une infrastructure canadienne de recharge permettant d’atteindre d’ici 2035 l’objectif de ventes de véhicules à émission zéro du gouvernement fédéral, selon l’Association canadienne des constructeurs de véhicules (ACCV). Pour atteindre cet objectif, le Canada aurait besoin de 446 800 bornes de recharge publiques d’ici cette date – il en compte aujourd’hui 30 000. Les inquiétudes de l’ACCV ont un poids considérable, car l’association représente Ford, General Motors et Stellantis – des entreprises qui jouent leur avenir sur la domination des véhicules électriques sur les routes nord-américaines dans un avenir relativement proche.

Le prix de l’action climatique est décerné à la Fondation familiale Trottier, à la Fondation Peter Gilgan, à la Fondation Ronald S. Roadburg, à la Fondation Chisholm Thomson Family, à David Keith et Kirsten Anderson, à la Fondation Sitka, à la Fondation Vohra Miller et à Allan Shiff pour avoir donné 405 millions de dollars en faveur d’initiatives liées au climat.

Le prix du flop climatique est décerné au gouvernement de la région de Valence (Espagne), qui n’envoyé aucune alerte sur les téléphones mobiles avant 20 heures, le premier jour des inondations catastrophiques – soit près de 13 heures après que l’Agence nationale de météorologie eut annoncé des précipitations « très intenses ».

Les tsars de l’énergie nommés par M. Trump et les aspirants

Les marchés de l’énergie sont nerveux, alors que le président désigné des États-Unis Donald Trump annonce ses choix, qu’ils accueillent avec plaisir ou avec aversion, selon le cas, pour combler des postes clés. Nombre de ces nominations doivent encore être confirmées, mais elles donnent une première idée des intentions du prochain président.

Un premier constat est qu’un grand nombre des districts et États d’origine de ces candidats ont largement bénéficié de l’Inflation Reduction Act (IRA), que M. Trump a qualifiée de « nouvelle arnaque verte ». De plus, la production pétrolière et gazière du pays a augmenté sans interruption, quel que soit l’occupant de la Maison-Blanche (voir graphique). L’intérêt de l’équipe de l’énergie de M. Trump pour les minéraux essentiels, le pétrole et le gaz, et le nucléaire est une bonne nouvelle pour le Canada, même si les choses sont moins claires en ce qui concerne les politiques relatives aux véhicules électriques.

Doug Burgum, secrétaire à l’Intérieur et tsar de l’énergie
Il aime : L’approche de la gestion « fondée sur les données ». L’ancien chef de la direction d’une société éditrice de logiciels est gouverneur de l’État pétrolier et agricole du Dakota du Nord. Il a milité en faveur des objectifs de carboneutralité de son État d’ici 2030, en misant essentiellement sur des technologies de capture du carbone.

Il déteste: Pas grand-chose. Neutre à l’égard des énergies renouvelables, il se montre pressé d’extraire des minéraux essentiels.

M. Burgum dirigerait un nouveau conseil national de l’énergie chapeautant les agences et ministères s’occupant de « TOUTES les formes d’énergie américaines » et passerait au tordeur la réglementation « totalement inutile ». Deux tâches importantes l’attendent : canaliser les incitatifs et remises prévus par l’IRA et tenir la promesse de M. Trump de ramener le prix de l’essence en dessous de deux dollars le gallon.

Sa nomination au secrétariat à l’Intérieur nécessite l’approbation du Sénat, mais pas sa fonction de tsar.

Chris Wright, secrétaire à l’Énergie (candidat)
Il aime : La fracturation. Le diplômé du MIT a contribué à la révolution du gaz de schiste aux États-Unis en mettant au point une nouvelle méthode de fracturation. Il a déjà bu du liquide utilisé pour la fracturation devant les caméras.
Il déteste : L’expression « crise climatique » ; il pense aussi que les promesses de carboneutralité sont « dingues ».

M. Wright ferait aussi partie du conseil national de l’énergie dirigé par M. Burgum.

John Thune, chef de la majorité au Sénat (élu)
Il aime : L’énergie éolienne et les biocarburants. L’énergie éolienne produit 55 % de l’électricité de son État d’origine, le Dakota du Sud. Il milite également en faveur du nucléaire.
Il déteste : Le moratoire imposé par Joe Biden sur les nouveaux projets de gaz naturel liquéfié (GNL), qui est selon lui une décision visant à « satisfaire des activistes du climat sur TikTok ».

Son appui à l’énergie éolienne le place potentiellement en porte-à-faux par rapport à M. Trump, qui a promis de mettre fin aux projets éoliens en mer dès le premier jour.

Kristi Noem, département de la Sécurité intérieure des États-Unis

Elle aime : L’éolien et l’hydroélectricité. La gouverneure du Dakota du Sud estime que son État est l’endroit idéal pour développer la prochaine génération de technologies nucléaires.
Elle déteste :
Son chien. Mme Noem fait aussi partie des cinq gouverneurs qui ont refusé les subventions de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis qu’offrait Washington à chaque État pour qu’il s’attaque à la pollution climatique. Elle a également refusé de distribuer des remises à l’achat d’appareils électroménagers écoénergétiques.

Mme Neom est candidate pour une entité qui supervise l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence des États-Unis (FEMA) à une époque où les perturbations climatiques sont fréquentes. La FEMA est le principal assureur américain contre les inondations.

Mike Waltz, conseiller national pour la sécurité
Il aime : La domination américaine dans le domaine de l’énergie. M. Waltz se montre ferme à l’égard de l’Iran et de la Russie, ce qui est susceptible de se traduire par un renforcement des sanctions contre les deux pays. Il a contribué à l’élaboration de la Stop Harboring Iranian Petroleum (SHIP) Act, qui pourrait connaître une nouvelle vie sous la nouvelle administration.
Il déteste : Le moratoire sur l’autorisation de nouveaux projets de GNL imposé par l’administration Biden.

Le conseiller national pour la sécurité n’a pas à être approuvé par le Sénat.

Marco Rubio, secrétaire d’État

Il aime : Les chaînes d’approvisionnement en minéraux essentiels. Il a présenté un projet de loi bipartite en juin pour « développer une stratégie […] visant à ce que les États-Unis, leurs alliés et leurs partenaires mondiaux puissent compter sur un approvisionnement sûr et diversifié de bout en bout en minéraux essentiels. »

Il déteste : La Chine, l’Iran et la Russie – ce qui pourrait avoir des répercussions tant sur les marchés pétroliers que sur ceux des énergies renouvelables.

Elon Musk, cochef, ministère de l’Efficacité gouvernementale (DOGE)

Il aime : Les véhicules électriques Tesla. Ainsi que les prêts du gouvernement fédéral des États-Unis, les allègements fiscaux et les autres politiques favorables aux véhicules électriques qui ont facilité l’essor de Tesla.

Il déteste : Les grosses administrations et les organismes de réglementation avec qui il a régulièrement eu maille à partir au sujet des problèmes de sécurité de Tesla. Il pourrait maintenant faire le ménage dans ces organismes.

Vivek Ramaswamy, cochef, ministère de l’Efficacité gouvernementale

Il aime :
Les carburants fossiles . Il possède des intérêts dans un fonds de gestion d’actifs qui gère un FNB axé sur l’énergie (DRL) – qui suit les grandes sociétés pétrolières et gazières.

Il déteste : Les subventions à l’achat de véhicules électriques du président Biden, qui, selon lui, accentuent l’indépendance de l’Amérique envers la Chine. Faut-il y voir une possible source de frictions avec le cochef du DOGE ?

Au delà du cercle vicieux de la COP29

La COP29 n’a pas précisément été un moment de gloire pour les diplomates du climat. Mais elle n’a pas non plus été totalement une perte de temps. John Stackhouse, chef de l’Institut d’action climatique RBC, et son équipe énumèrent ci-dessous quelques faits saillants de la conférence de Bakou.

1. Un article 6.4 réjouissant
Dans une décision marquante prise le premier jour des pourparlers sur le climat mondial, la COP29 a officiellement adopté les nouvelles normes opérationnelles d’un mécanisme prévu à l’article 6 de l’Accord de Paris, ce qui jette les bases d’un marché mondial du carbone.

L’adoption de l’article 6.4 ouvre la porte à la mise en œuvre de l’article 6, qui était bloquée depuis des années. Ce nouvel article établit un marché centralisé du carbone qui permet aux pays d’échanger des droits d’émission afin de tenir leurs engagements de l’Accord de Paris.

2. Montrez-nous l’argent
Pour de nombreux sceptiques à l’égard de l’ONU, la COP29 aurait aussi bien pu se tenir sur Mars, tant le programme de la conférence semblait ésotérique. Bien que la définition de règles pour un marché mondial de carbone soit un début, la majeure partie de l’attention est axée vers la grande question, que les Nations Unies, dans un discours, ont appelée, tenez-vous bien, le nouvel objectif collectif quantifié [de financement climatique]. Objectif : 1 000 milliards de dollars annuels. Elon Musk a le temps de se poser sur Mars d’ici là. Un engagement de 300 milliards de dollars semble plus probable.

On se souviendra que le même processus avait abouti à un engagement de 100 milliards de dollars par an il y a plus de 10 ans, et que cet objectif pour 2020 n’a pas été atteint avant 2022. Nous verrons bien si les choses sont différentes avec ce nouvel objectif collectif quantifié.

3. Multiplication des fonds
Un des changements les plus importants observés dans l’action climatique au cours de la dernière décennie a été la multiplication des fonds de bienfaisance cherchant à investir dans des projets durables. L’exemple le plus emblématique pourrait être le fonds pour la Terre de 10 milliards de dollars de Jeff Bezos, dont le chef de la direction, Andrew Steer, a fait le voyage à Bakou pour rappeler à l’assemblée sur le climat que les acteurs traditionnels de la finance sont loin d’exploiter suffisamment l’argent de la philanthropie. Il a avancé l’idée d’une « équipe tactique pour la planète », qui serait une sorte de version de la Banque mondiale capable de mobiliser des financements garantis par les États, des capitaux privés et des fonds philanthropiques pour de grands projets hors marché de réduction des émissions.

4. Le monde à l’envers
Le président désigné des États-Unis Donald Trump envisage de se retirer des discussions sur le climat, tandis que la France – l’architecte de l’Accord de Paris – pense rappeler son principal négociateur à la COP29. La Russie, quatrième émetteur de GES au monde, déclare en revanche, par la voix de son plus haut diplomate, qu’il ne faut pas interrompre les pourparlers sur le climat « malgré les divergences politiques ». La Chine dit également vouloir un dialogue constructif sur les changements climatiques avec les États-Unis sous l’administration Trump. C’est le monde à l’envers, vraiment.

Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.

le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John Stackhouse, Myha Truong-Regan, Sarah Pendrith, Farhad Panahov, Lisa Ashton, Shaz Merwat, Vivan Sorab, Caprice Biasoni et Frances Dawson.

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