Une vague de nouveaux Canadiens arrive – et juste à temps. Comme notre population vieillit et que les taux de natalité baissent, nous devrons relever divers défis afin de soutenir cette population âgée et de maintenir la croissance. Une immigration accrue et une meilleure utilisation des bassins de talents actuels peuvent faciliter la transition.

Voici neuf graphiques qui l’expliquent :


1. La population du Canada recommence à s’accroître


La pandémie de COVID-19 a freiné la croissance de la population canadienne, moteur essentiel de la taille de la population active et de la force économique. En raison de la chute des taux d’immigration, la population canadienne totale a seulement augmenté de 0,5 % entre la mi-2020 et la mi-2021 ; ce taux d’accroissement est le plus bas observé depuis un demi-siècle.

Le nombre de nouveaux arrivants a augmenté grâce à la réouverture des frontières et à l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie. Le nombre d’immigrants a dépassé les 400,000 à la fin de 2021 et continue d’augmenter. Les résidents non permanents (principalement des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires) reviennent également, bien que leur nombre n’ait pas encore atteint les niveaux d’avant la pandémie.


2. La croissance de la population sera entièrement attribuable à l’immigration


La quasi-totalité du regain de vigueur de la croissance démographique peut être attribuable à un seul facteur : l’immigration. Et comme les faibles taux de natalité feront baisser à zéro l’accroissement naturel de la population du Canada d’ici 2030, une proportion encore plus importante de nouveaux arrivants sera nécessaire pour accroître la main-d’œuvre.

Fort heureusement, l’immigration (en hausse depuis les années 70) est sur le point d’atteindre le niveau le plus élevé jamais enregistré grâce aux nouvelles cibles fixées par Ottawa, qui souhaite admettre 1,3 million d’immigrants entre 2022 et 2024.


3. Le Canada est au milieu d’une vague de vieillissement mondiale


Le moment ne pourrait être mieux choisi. Pendant des siècles, les économies occidentales se sont bâties sur l’expansion démographique. Or, des décennies de baisse des taux de natalité et d’augmentation de l’espérance de vie ont provoqué une vague grise qui a déferlé sur les pays développés, y compris sur le Canada. L’âge médian du pays était de 41,4 ans en 2017, contre 40,5 ans en 2015 et 26,1 ans en 1970. Ce nombre continuera à augmenter dans les années à venir.

Le vieillissement de la population fait en sorte qu’il y a relativement moins de personnes en âge de travailler (15 à 64 ans) pour soutenir une population croissante de retraités. En 1990, on comptait six personnes âgées de 15 à 64 ans pour une personne de plus de 65 ans. Aujourd’hui, on compte 3,5 personnes en âge de travailler pour une personne de plus de 65 ans. Plus ce ratio diminuera, plus les pressions économiques s’accentueront.


4. Il faut s’habituer à la pénurie de main-d’œuvre ; elle ne se résorbera pas


Par exemple, la tension actuelle sur les marchés du travail – extraordinaire par rapport aux normes historiques – pourrait devenir une nouvelle normalité pour le Canada en raison du vieillissement de sa population. Les banques centrales haussent leurs taux considérablement afin d’atténuer l’énorme pression sur les marchés du travail ainsi que les pressions inflationnistes. L’augmentation des départs à la retraite des travailleurs fera néanmoins diminuer les taux de participation de manière structurelle au cours de la prochaine décennie.

Cela signifie que la pénurie de main-d’œuvre, qui était déjà un problème important avant la pandémie, frappera à nouveau les entreprises après la prochaine récession. Pour contrer cette tendance, nous devrons convaincre les personnes âgées de travailler plus longtemps, maintenir ou augmenter le mouvement d’immigration et trouver des moyens de rendre notre main-d’œuvre actuelle plus productive.


5. Les immigrants et les ménages de petite taille feront accroître la demande de logements


Vous pensez que nous vivons présentement une pénurie de logements ? La situation pourrait empirer.

Le parc de logements du Canada devra augmenter considérablement pour accueillir davantage d’immigrants. Le défi est d’autant plus grand que la taille moyenne des ménages diminuera probablement. En fait, elle est déjà passée de 2,8 personnes en 1981 à 2,4 personnes aujourd’hui. De nombreux Canadiens préfèrent vivre seuls. En outre, de nombreux Canadiens âgés ne quittent pas leur grande demeure familiale après le départ des enfants. Cette tendance conduit au «surlogement». Plus la population vieillit, plus il faut d’unités de logement par personne.


6. Le vieillissement fera porter un lourd fardeau aux gouvernements en soins de santé


Une population plus âgée a besoin de plus de soins de santé. Les coûts des soins de santé par habitant chez les personnes âgées, qui s’élèvent déjà à 12 000 $, dépasseront 16 000 $ d’ici 2032 et vont plus que doubler d’ici 2050. Pour se préparer, le Canada devra s’attaquer au double problème du financement et du recrutement en constituant un bassin plus solide d’infirmières, de préposés aux bénéficiaires et d’autres professionnels de la santé.


7. Le Canada devra s’appuyer davantage sur les immigrants pour pallier les pénuries de main-d’œuvre


Les nouveaux arrivants au Canada, qui alimentent déjà la main-d’œuvre, deviendront essentiels pour combler les lacunes du marché du travail. Les immigrants sont souvent plus jeunes et ont une plus longue vie professionnelle devant eux. Alors que la pénurie de main-d’œuvre consécutive à la pandémie resserre son emprise sur les entreprises canadiennes, ces nouveaux arrivants font déjà partie des rares sources de soulagement.


8. Les femmes et les immigrants peuvent stimuler la productivité de façon importante


La proportion de femmes en âge de travailler ayant un diplôme d’études postsecondaires est passée de 43,7 % en 1990 à près de 80 % aujourd’hui. De plus, la politique d’immigration ciblée du Canada fait en sorte que la proportion d’immigrants instruits est également en hausse. Les immigrants sont plus susceptibles d’avoir fait des études postsecondaires que la population née au Canada, et pas moins de 40 % de tous les nouveaux arrivants ont reçu une certaine forme d’éducation au Canada. En augmentant la contribution des femmes et des immigrants, il serait possible de transformer la main-d’œuvre canadienne de manière à ce qu’elle soit potentiellement plus productive que jamais.

La solution consiste à exploiter plus efficacement le potentiel productif et les compétences disponibles des immigrants – et des femmes. Bien que les perspectives d’emploi se soient considérablement améliorées pour ces groupes au cours des dernières décennies, il est encore possible de faire mieux, en commençant par combler les écarts dans leurs taux de participation au marché du travail. La résolution des problèmes d’équité qui existent depuis longtemps permettra également d’accroître le potentiel de production à long terme du pays.


9. Les femmes et les immigrants peuvent stimuler la productivité de façon importante


Même s’ils sont plus scolarisés, les immigrants ont moins de chances d’occuper des postes à la hauteur de leurs qualifications. En fait, les immigrants sont deux fois plus susceptibles que leurs homologues nés au Canada d’occuper un emploi exigeant moins de qualifications, ce qui laisse croire que leur potentiel n’est pas exploité au maximum. Il serait bon pour l’économie canadienne de jumeler ces compétences aux postes appropriés. À cette fin, il faudra s’attaquer à un ensemble de problèmes de longue date liés à la reconnaissance des diplômes, éliminer les préjugés et concevoir des programmes d’apprentissage intégré au travail.


Claire Fan est économiste à RBC. Elle se concentre sur les tendances macroéconomiques et est chargée d’établir des prévisions relatives au PIB, au marché du travail et à l’inflation pour le Canada et les États-Unis, en fonction des principaux indicateurs.

Carrie Freestoneest économiste à RBC. Elle fait partie du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale où elle surveille les principales tendances macroéconomiques émergentes, et elle contribue aux prévisions macroéconomiques et provinciales.

Nathan Janzen fait partie du groupe d’analyse macroéconomique. Il s’intéresse principalement à la situation macroéconomique du Canada et des États-Unis, qu’il analyse et pour laquelle il formule des prévisions.

Naomi Powell est responsable de l’édition et de la rédaction d’articles pour les groupes Services économiques RBC et Leadership avisé. Avant de se joindre à RBC, elle a travaillé comme journaliste économique au Canada et en Europe, et, plus récemment, elle a réalisé des reportages sur le commerce international et l’économie pour le Financial Post.

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