• Le taux de chômage canadien augmente à une vitesse conforme aux tendances des récessions précédentes, et dans les mêmes proportions.
  • Mais contrairement aux récessions précédentes, cette augmentation n’est pas due à une hausse des mises à pied – c’est plutôt qu’il faut plus de temps pour absorber les nouveaux travailleurs disponibles, compte tenu de la rapide croissance démographique.
  • Néanmoins, l’augmentation du taux de chômage concerne davantage les étudiants et les nouveaux diplômés que les nouveaux arrivants au Canada.
  • L’augmentation de 0,8 point de pourcentage du taux de chômage depuis avril est grandement attribuable à une plus longue période de recherche d’emploi pour les étudiants et les nouveaux diplômés, lesquels ne sont pas encore recensés dans la population active.
  • Conclusion : en ce qui concerne l’augmentation du taux de chômage au Canada, pour l’heure, l’allongement de la recherche d’emploi pour les étudiants et les nouveaux diplômés est un facteur plus déterminant que les mises à pied ou l’arrivée de travailleurs de l’étranger. À ce jour, l’augmentation du chômage n’est pas due à une baisse nette du nombre d’emplois. Cela dit le ralentissement n’est pas encore terminé ; nous prévoyons que le chômage continuera de progresser au cours du premier semestre de 2024.

Taux de chômage au Canada, comparaison des récessions

Augmentation en points de pourcentage, moyenne mobile de trois mois

Sources : Statistique Canada, Recherche économique RBC

Le taux de chômage canadien pointe vers une situation de récession, mais pour le moment il n’y a pas beaucoup de mises à pied

Depuis avril, le taux de chômage canadien a augmenté de 0,8 point de pourcentage. Une augmentation de cette ampleur en si peu de temps est habituellement caractéristique d’une période de récession.

La montée du taux de chômage se trouve à la limite la plus basse des ralentissements historiques. Et nous prévoyons que le PIB enregistrera une deuxième baisse consécutive, quoique modeste, au quatrième trimestre de 2023. La production par habitant avait déjà décliné pendant cinq trimestres consécutifs au troisième trimestre de l’année dernière.

Néanmoins, ce ralentissement du marché du travail est différent de celui qui s’est produit dans le passé. En raison de la rapide croissance démographique, la hausse du chômage est principalement attribuable au ralentissement de l’embauche plutôt qu’à une augmentation des licenciements. Le nombre d’emplois demeure en hausse à l’échelle nationale, mais cette augmentation n’est pas assez rapide pour absorber les nouveaux travailleurs qui arrivent sur le marché du travail.

Les taux de chômage augmentent davantage pour les groupes de travailleurs
en début de carrière

Taux de chômage par groupe d’âge (désaisonnalisé)

Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC

La croissance démographique record continuer de pousser le nombre d’emplois vers le haut…

Malgré la montée du chômage au Canada, le nombre d’emplois a légèrement augmenté, stimulé par la croissance démographique record de 2023 avec une montée en flèche du nombre d’immigrants. Cet accroissement de la population a masqué une grande partie de la faiblesse économique du pays.

Depuis avril, le Canada a ajouté 369 000 nouveaux travailleurs à la population active. Mais le nombre de travailleurs salariés a augmenté d’à peine la moitié de ce nombre, soit 182 000, et les autres arrivants dans la population active sont toujours à la recherche d’un emploi ou au chômage.

L’augmentation du taux de chômage est plus forte chez les
immigrants arrivés il y a plus de cinq ans

Variation de la moyenne mobile de 3 mois du taux de chômage dans la population âgée de 15
ans et plus, entre avril et décembre 2023 (désaisonnalisée)

Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC

… mais ce sont plutôt les étudiants et les nouveaux diplômés qui font grimper le taux de chômage, comparativement aux nouveaux arrivants

Alors que les nouvelles arrivées au Canada sont à l’origine de la forte croissance démographique, ce sont plutôt les étudiants et les nouveaux diplômés qui font grimper le taux de chômage.

Le taux de chômage des nouveaux arrivants (immigrants arrivés il y a moins de cinq ans) a augmenté de moitié par rapport à la hausse enregistrée dans la population totale depuis le printemps. Ce, bien que les immigrants arrivés au Canada il y a plus de cinq ans aient été représentés de façon disproportionnée dans la population canadienne en quête d’emploi. La moitié de l’augmentation totale de 0,8 point de pourcentage du taux de chômage est attribuable aux travailleurs qui n’étaient pas auparavant recensés sur le marché du travail parce qu’ils étaient étudiants. C’est une part nettement plus importante que le tiers attribuable aux mises à pied.

Bien entendu, il n’est pas rare que les jeunes travailleurs soient les plus touchés par un ralentissement du marché du travail. Historiquement, les taux de chômage augmentent plus vite dans les groupes les plus jeunes durant les périodes de récession, et ce cycle ne semble pas être une exception. Les employés dont les durées en poste sont les plus courtes et qui ont le moins d’expérience sont généralement les premiers à être licenciés. En outre, les jeunes travailleurs sont souvent concentrés dans une poignée de secteurs d’activité comme le commerce de détail, l’alimentation et l’hébergement. Cela les rend particulièrement vulnérables aux crises qui impactent en premier lieu ces secteurs d’activité.

La hausse du chômage est attribuable en bonne partie aux étudiants

Contribution à l’augmentation du chômage (huit mois après le niveau antérieur
à la récession), chiffres désaisonnalisés

Sources : Statistique Canada, Services économiques RBC

Mais il y a un facteur supplémentaire, et il concerne les jeunes qui sont sur le point d’entrer sur le marché du travail. La proportion de jeunes Canadiens diplômés de l’enseignement postsecondaire a continué d’augmenter, tandis que la demande d’embauche a fortement diminué dans les secteurs comme les services professionnels et les services financiers où les nouveaux diplômés de l’enseignement postsecondaire ont de plus en plus de mal à trouver un emploi.

À ce jour, les étudiants et les nouveaux diplômés sont les plus touchés par le ralentissement du marché du travail. Et du fait que les marchés du travail devraient continuer de ralentir au premier semestre de cette année, d’autres faiblesses se profilent. Néanmoins, le rapide déclin des postes vacants pourrait demeurer problématique pour les nouveaux arrivants et les nouveaux diplômés canadiens à court terme.


Carrie Freestone est économiste à RBC. Elle produit des analyses sur le marché du travail et est membre du groupe d’Analyse régionale, où elle contribue à l’établissement des perspectives macroéconomiques de la province.

Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.

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