Le nouveau plafond imposé par le gouvernement fédéral pour les demandes de permis d’études ne réduira pas immédiatement la demande de logements locatifs des étudiants étrangers cette année, mais il devrait ralentir considérablement sa croissance en 2024.

  • Nous estimons que l’augmentation du nombre de logements locatifs demandés par les étudiants étrangers pourrait être environ deux fois moindre en 2024.
  • Si le plafond est maintenu au niveau actuel et reste en vigueur après son échéance en 2025, le nombre d’étudiants étrangers au Canada, et de logements locatifs dont ils ont besoin, finira par diminuer.

 Ottawa a lancé une série d’initiatives pour favoriser le rééquilibrage du marché de location, car l’accessibilité au logement a atteint des niveaux typiques d’une crise au Canada. La plus récente initiative est un nouveau plafond pour les demandes de permis d’études qui seront approuvées au cours des deux prochaines années. Le nombre de permis délivrés sera plafonné en septembre 2024 à 364 000, soit près de la moitié du nombre de permis délivrés en 2023 (684 000).

Cependant, le nombre de permis d’études délivrés en un an ne constitue qu’un des facteurs qui influent sur le nombre d’étudiants étrangers vivant réellement au Canada à un moment donné. Les étudiants arrivés les années précédentes, la proportion des demandeurs de permis qui poursuivent leurs études et l’expiration des permis des étudiants diplômés sont d’autres facteurs essentiels.

Si les taux d’inscription et les flux de sortie sont similaires à ceux des trois années suivant la pandémie, nous estimons que 391 000 nouveaux étudiants étrangers entreront au Canada cette année et que 291 000 obtiendront leur diplôme ou que leur permis d’études arrivera à échéance. Autrement dit, le nombre d’étudiants étrangers au Canada continuera d’augmenter et s’accroîtra de 100 000, soit environ 55 % de moins que la hausse nette en 2023.

L’incidence sur le marché de location sera du même ordre. Or, même si nous prévoyons un ralentissement de la croissance, la demande de logements locatifs ne chutera pas pour autant, du moins pas à court terme. Étant donné que presque tous les étudiants étrangers sont locataires (nous supposons que 97 % d’entre eux le sont), nous pensons que ce ralentissement pourrait réduire de moitié la demande de nouveaux logements des étudiants étrangers (par rapport à 2023).

La demande de logements locatifs des étudiants
étrangers devrait diminuer en 2024

Nombre d’étudiants étrangers au Canada (en milliers de personnes) et variation annuelle
de la demande de logements locatifs des étudiants étrangers (en %)

Sources : IRCC, Services économiques RBC

Le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers touchera surtout l’Ontario et la Colombie-Britannique

Les marchés de location ne subiront pas tous la même incidence. Le gouvernement fédéral ayant réparti le plafond national selon la population provinciale, les contraintes seront plus grandes en Ontario et en Colombie-Britannique, où les admissions d’étudiants étrangers (53 % et 19 % du total au Canada, respectivement) dépassent leur portion de la population canadienne (39 % et 14 %). Nous prévoyons que le nombre d’étudiants étrangers en Ontario et en Colombie-Britannique restera relativement stable en 2024, d’où une stagnation de la nouvelle demande de location de ce groupe.

Le plafond causera généralement des restrictions dans les provinces de l’Atlantique, mais à un niveau moindre. À notre avis, il pourrait entraîner un recul de 10 % de la demande de logements locatifs des étudiants étrangers dans la région en 2024. Le plafond ne jouera pas un grand rôle au Québec et dans les provinces des Prairies. Donc, nous ne nous attendons pas à ce qu’il restreigne la demande de logements locatifs dans ces régions du pays.

Le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers se
répercutera dans la plupart des provinces

Variation annuelle du nombre de permis délivrés en fonction du plafonnement
du nombre d’étudiants étrangers (2024), en %

Sources : IRCC, Services économiques RBC

Le plafond actuel pourrait freiner la demande à moyen terme si on le maintient

Le nombre d’étudiants étrangers au Canada pourrait baisser d’ici 2026 si le plafond est maintenu à son niveau actuel et prolongé au-delà de son échéance fixée en 2025. En effet, le flux de sortie des étudiants étrangers (qui est fonction des arrivées antérieures d’étudiants étrangers) devrait fortement croître dans les années à venir. Selon nous, le flux de sortie des étudiants étrangers devrait s’accélérer d’ici l’année prochaine, et pourrait même dépasser le nombre d’arrivées de nouveaux étudiants étrangers en 2026, puisque les arrivées ont bondi de 7 % en 2022 et de 34 % en 2023.

Si tel est le cas, il en résulterait un net recul du nombre d’étudiants étrangers au Canada, qui atténuerait davantage les pressions exercées sur le marché de location. Entre-temps, les établissements postsecondaires et d’autres intervenants doivent innover pour accroître le parc de logements pour étudiants, malgré les difficultés liées à la construction rapide de nouveaux bâtiments.

Le nombre d’étudiants étrangers au Canada pourrait baisser en 2026

Flux d’étudiants étrangers au Canada (en milliers de personnes)
et variation annuelle du nombre d’étudiants étrangers au Canada (en %)

Sources : IRCC, Services économiques RBC

Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales.

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.