Progression du PIB canadien en juillet, mais faible croissance au T3

Par Claire Fan

En résumé :

  • Les données du PIB au Canada continuent de dépeindre une image peu reluisante de l’économie : stagnation de la croissance de la production en août et révisions à la baisse de la croissance en juin et en juillet.
  • La croissance du PIB au T3 se situe autour de notre prévision de 1 % (annualisée). Le PIB par personne se contracterait donc à nouveau, soit pour la huitième fois au cours des neuf derniers trimestres.
  • Nous prévoyons que la conjoncture économique continuera de se détériorer à court terme. Les baisses de taux de la Banque du Canada ont un impact décalé sur l’économie et le niveau des taux d’intérêt reste élevé.
  • La faible croissance du PIB renforce l’idée que l’inflation est plus susceptible de diminuer (globalement) que d’augmenter, ce qui est compatible avec notre scénario de base selon lequel la Banque du Canada réduira le taux d’intérêt au jour le jour de 50 points de base supplémentaires en décembre.

Incidence sur nos prévisions :

  • En raison d’une stagnation en août, combinée à une croissance plus faible (révisée à la baisse) de 0,1 % du PIB en juillet, mais à une augmentation plus importante de 0,3 % selon l’estimation préliminaire de Statistique Canada pour septembre, la croissance du T3 s’établirait à 1 % (annualisée d’un trimestre à l’autre). Cette hausse est conforme à nos prévisions.
  • Selon nous, la progression de 0,3 % prévue par Statistique Canada pour la croissance du PIB en septembre présente des inconvénients. Comme en août, l’intensité des activités de négociation sur les marchés financiers a probablement soutenu de nouveau la croissance, ainsi que les gains dans les secteurs de la construction et des ventes au détail, comme l’a souligné Statistique Canada. D’autres indicateurs avancés sont toutefois plus mitigés.
  • En effet, le volume des ventes du secteur manufacturier s’est contracté en septembre et le nombre d’heures travaillées a diminué davantage, en baisse de 0,4 %. Les estimations anticipées des ventes au détail et de gros (en valeur nominale) ont toutes deux été plus élevées, mais notre propre suivi des données des cartes RBC a indiqué une baisse des dépenses de consommation également en septembre.
  • Nous estimons que les tendances baissières à court terme se maintiendront avant qu’une reprise plus marquée des activités ne se produise au cours de la seconde moitié de 2025. L’évolution récente de l’accroissement de la population aura également un effet négatif sur la croissance dans les années à venir, de sorte que nos dernières prévisions et celles de la Banque du Canada sont exposées à des risques de baisse.

Détails (récapitulatif pour le PIB du Canada en août) :

  • La stagnation du mois d’août s’est traduite par des gains enregistrés dans les secteurs des services (+0,1 %), annulés par des pertes dans les secteurs de la production de biens (-0,4 %).
  • Les activités manufacturières ont subi un recul considérable de 1,2 % en raison des baisses dans la fabrication de produits pharmaceutiques et de médicaments (-10,3 %) et dans la construction automobile (-1,9 %), cette dernière ayant été frappée par un arrêt prolongé pour maintenance en août.
  • En dehors du secteur manufacturier, les activités se sont également contractées dans le secteur du transport ferroviaire (-7,7 %) à cause de la grève des travailleurs. Pour les services publics, le temps plus frais du mois d’août a entraîné une baisse de la demande d’électricité.
  • Ces reculs ont été contrebalancés par la croissance des secteurs de la finance et de l’assurance (+0,5 %), de l’administration publique (+0,5 %), des ventes au détail (+0,6 %) et de l’extraction de pétrole et de gaz (+1,5 %).
  • Depuis juin, les secteurs de la finance et de l’assurance ont enregistré une plus forte croissance de la production, attribuable à la hausse du volume des activités de négociation. Cette évolution a eu lieu dans un contexte de volatilité accrue du marché, due en partie aux données sur l’économie américaine.

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By Nathan Janzen

  • La hausse de 0,2 % du PIB en juillet a été plus forte que les estimations préliminaires « essentiellement inchangées » il y a un mois, mais la croissance pour l’ensemble du troisième trimestre reste inférieure aux prévisions de 2,8 % de la Banque du Canada (BdC) en juillet, et en baisse par habitant pour le sixième trimestre consécutif.
  • La production a augmenté en juillet malgré les effets négatifs des feux de forêt, qui s’estomperont dans les prochains mois. Toutefois, les estimations préliminaires de la production d’août sont restées « essentiellement inchangées ». Ces estimations ont été exceptionnellement soumises à des révisions, et les premiers rapports sur les ventes en gros et les ventes manufacturières pour le mois d’août laissent entrevoir un risque de baisse précoce.
  • En ce qui concerne la croissance du PIB au troisième trimestre dans son ensemble, les chiffres mensuels du PIB demeurent globalement conformes à notre propre hypothèse de 1,0 % (taux annualisé). Ils sont toujours inférieurs au rythme de croissance démographique et laissent présager une nouvelle baisse par habitant.
  • Les détails de la progression du PIB en juillet sont contradictoires : la croissance de l’administration directe de l’État a contribué à environ un quart de la hausse du PIB ces trois derniers mois (selon nos calculs), et une troisième augmentation consécutive de 0,4 % de l’administration de l’État en août a stimulé la croissance de la production de services.
  • Le commerce de détail a également progressé d’un point de pourcentage complet, mais la production dans le secteur de l’hébergement et des services alimentaires a peu varié (+0,1 %), ce qui correspond à peu près à notre propre suivi des opérations sur carte.
  • La production manufacturière a légèrement augmenté de 0,3 %, ne s’étant guère remise du recul de 1,3 % enregistré en juin. Par ailleurs, les dépenses de construction ont baissé de 0,4 %.
  • Conclusion : Le ralentissement de l’inflation a permis à la BdC de se réorienter vers les risques de baisse de la croissance économique, le gouverneur Macklem ayant réitéré, après avoir abaissé le taux du financement à un jour au début du mois, la nécessité de « se prémunir de plus en plus contre le risque que l’économie soit trop faible et que l’inflation baisse trop ». Même si le PIB a augmenté en juillet, il devrait connaître une nouvelle diminution par habitant au troisième trimestre et être inférieur aux prévisions antérieures de la BdC. Le taux de chômage a continué à grimper et l’inflation à reculer. Dans ce contexte, les arguments en faveur de nouvelles réductions des taux d’intérêt sont clairs – nous prévoyons toujours de nouveaux abaissements progressifs des taux d’intérêt (à un rythme de 25 points de base par réunion) jusqu’à ce que le taux du financement à un jour atteigne 3 %, les risques étant orientés vers des réductions plus importantes ou plus rapides si l’économie se détériorait encore considérablement.

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