Selon les entrepreneurs qui misent sur l'intelligence artificielle pour façonner l'avenir de l'économie canadienne, nous devons nous préparer dès maintenant aux conséquences de l'apprentissage machine.

En raison des progrès de l’intelligence artificielle, les ordinateurs peuvent maintenant utiliser l’apprentissage machine pour faire des prévisions et prendre des décisions par eux-mêmes. Cela ouvre la porte à une nouvelle vague d’automatisation, et la menace de voir les ordinateurs « voler » des emplois, ou du moins augmenter les capacités humaines d’une manière impossible à prévoir, est bien présente.
 
« Dans cinq ans, il sera déjà beaucoup trop tard pour commencer à y penser », dit Noel Webb, fondateur de Karen.AI, entreprise de recrutement en démarrage.
 
M. Webb est l’un des entrepreneurs dans le domaine de l’intelligence artificielle qui se sont adressés au public de la séance Les innovateurs RBC, forum mensuel sur la technologie et la façon dont elle transforme la vie et le travail.
 
Selon lui, étant donné les vastes répercussions que l’intelligence artificielle pourrait avoir, chaque entreprise et chaque gouvernement doit se doter d’une politique en la matière.
 
« Nous sommes à la croisée des chemins, a-t-il déclaré. Le système d’éducation public a été créé durant la première révolution industrielle. Des siècles ont passé depuis la dernière fois que nous avons vraiment dû réfléchir à l’avenir du monde du travail. »
 
M. Webb fait partie de la première cohorte de NextAI, initiative appuyée par RBC pour donner un coup de pouce aux entreprises en démarrage dans le domaine. D’autres entrepreneurs participant à NextAI étaient également sur scène : Shea Balish, fondateur de REP.ai, entreprise axée sur la forme physique, et Nima Shahbazi et Krista Caldwell, cofondateurs de la jeune entreprise de logistique alimentaire Deepnify.
 
Les quatre conférenciers ont parlé des avantages et des inconvénients de l’intelligence artificielle. Pour les consommateurs, elle offre la possibilité d’un tout nouvel éventail de services personnalisés, comme les voitures autonomes et les assistants personnels automatisés. Pour les entreprises, elle offre la possibilité d’améliorer l’efficacité opérationnelle, de prévoir les préférences des consommateurs et de réduire l’erreur humaine.
 
M. Webb a souligné que l’intelligence artificielle peut aider les êtres humains en rehaussant leurs aptitudes.
 
Le logiciel de son entreprise lit chaque CV envoyé pour un emploi (selon lui, les entreprises reçoivent en moyenne 250 candidatures pour chaque poste affiché) et utilise des algorithmes poussés pour les trier et les filtrer. Cela va bien au-delà de la recherche de mots-clés. Le logiciel de Karen.AI peut même prévoir les affinités sur le plan de la personnalité.
 
« Le problème auquel nous apportons une solution est essentiellement une tâche administrative, a-t-il mentionné. Le recruteur peut axer ses efforts sur ce qui l’intéresse le plus : interagir avec les êtres humains et transmettre son jugement. »
 
M. Balish, dont l’entreprise utilise l’intelligence artificielle pour produire des graphiques en trois dimensions à partir de vidéos d’athlètes en deux dimensions, soutient que les services de Rep.AI peuvent faire gagner du temps aux physiothérapeutes et aux médecins pour l’établissement d’un diagnostic. Mme Caldwell a expliqué que Deepnify, qui met à profit une technologie d’intelligence artificielle avancée pour optimiser la logistique et réduire le gaspillage d’aliments frais dans les épiceries, permet aux gérants d’épicerie de se concentrer sur des tâches plus importantes.
 
Malgré cela, l’intelligence artificielle peut être déstabilisante, car elle accélère le processus d’automatisation qui nuit aux emplois du secteur manufacturier et s’étend même à de nouveaux types de travail que l’on croyait autrefois à l’abri : pensons aux algorithmes de reconnaissance d’images qui permet aujourd’hui d’analyser les rayons X ou aux algorithmes de traitement du langage naturel qui aident les avocats à monter leurs dossiers.
 
« Il y aura des pertes d’emplois, mais je pense que des emplois seront aussi créés dans le processus, a dit M. Balish. Cela créera une grande valeur dans l’économie et fera baisser considérablement le coût de nombreux produits comme les légumes et d’autres articles d’usage quotidien. »
 
Rep.AI met l’accent sur le sport et le marché des soins de santé. D’après M. Balish, l’amélioration de la santé est l’un des domaines les plus prometteurs de l’intelligence artificielle.
 
« Si l’on regarde les politiques qui seront mises en place et la prévoyance dont font déjà preuve certains grands chefs de file mondiaux, nous sommes dans la bonne voie, dit-il. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est d’atténuer la souffrance humaine et de favoriser l’épanouissement. »
 
Une nouvelle génération de recherches sur l’intelligence artificielle a été lancée en 2012 par Geoff Hinton, chercheur à University de Toronto. D’autres chercheurs canadiens, dont Yoshua Bengio et Richard Sutton, de l’Université de Montréal, ont apporté d’importantes contributions. Aujourd’hui, leur travail est à la base d’assistants vocaux comme l’application Siri d’Apple, d’algorithmes d’intelligence artificielle qui battent des champions du monde à des jeux comme le poker ou go, et de voitures autonomes qui font déjà l’objet de projets pilotes dans les rues de San Francisco.
 

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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