Aucun secteur ne tiendra sans doute un rôle plus important dans l’atteinte de l’objectif de zéro émission nette du Canada que ceux du pétrole et du gaz. Les industries pétrolières et gazières constituent la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada, soit près de 5% du total des émissions à l’échelle nationale. Pour l’Alberta, et le Canada dans son ensemble, l’enjeu de la réussite de la transition est crucial. La part du pétrole et du gaz dans notre PIB est de 10 %, et des centaines de milliers de travailleurs dépendent des secteurs du pétrole et du gaz d’un océan à l’autre.
La récente flambée des produits énergétiques à l’échelle mondiale n’a fait qu’accentuer l’ampleur du défi. La demande de pétrole a augmenté de 500 000 barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La demande de charbon devrait pour sa part dépasser son niveau de 2019 cette année, puis croître jusqu’en 2025.
Comment des secteurs aussi imbriqués dans notre économie et notre vie quotidienne peuvent-ils ramener leurs émissions nettes à zéro ? Le processus est bien enclenché. En juin dernier, la mégasociété du secteur pétrolier Suncor a annoncé qu’elle atteindrait la carboneutralité d’ici 2050. Mark Little, chef de la direction de Suncor, et Merran Smith, directrice générale de Clean Energy Canada, se sont joints à nous pour le troisième épisode de la minisérie spéciale Conversation sur le climat.
« Je suis ici aujourd’hui alors que nous avons pris publiquement l’engagement [d’enregistrer zéro émission nette d’ici 2050] et, vous savez, je réalise en fait qu’il s’agit d’une occasion pour nos sables bitumineux canadiens, pour notre société et pour notre pays, a affirmé M. Little.
« La demande de pétrole, de gaz et de plastique en provenance du Canada ne diminuera probablement pas avant quelque temps, a-t-il poursuivi. Il faudra des années pour nous défaire des moteurs à combustion interne, transformer les générateurs d’air chaud à gaz naturel et mettre au point des solutions de remplacement au kérosène.
« La demande de pétrole baissera-t-elle ? Je crois sincèrement qu’elle baissera, a-t-il répondu. Suis-je d’avis qu’elle baissera au cours des deux prochaines années ? Non, je ne le suis pas. » Il reste que le secteur canadien de l’énergie vise à se restructurer en faveur des énergies propres, au moyen de l’intégration d’autres sources d’énergie comme l’énergie éolienne, l’énergie solaire et l’hydrogène.
« Nous disposons actuellement de technologies commercialisables, comme les véhicules électriques, et les entreprises de production de batteries pour les véhicules offerts sur le marché (véhicules électriques ou à hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelable et propre) sont bien accueillies, a indiqué Mme Smith.
M. Little et Suncor ont présidé à la création de l’Initiative pour des sables bitumineux carboneutres, dont sont également membres les sociétés Canadian Natural Resources, Cenovus, l’Impériale, ConocoPhillips et Meg Energy. Ces sociétés, qui représentent 90 % de la production totale des sables bitumineux, collaborent à la mise au point de technologies accélératrices de la transition zéro émission nette.
« Je pense que nous nous devons de déterminer à quel moment nous atteindrons zéro émission nette. Nous effectuons des investissements, notamment dans les secteurs de l’hydrogène et des parcs éoliens, mais les humains doivent consommer de l’énergie et leurs besoins énergétiques augmenteront », a fait valoir Mme Little.
La transition vers des énergies propres aura également des répercussions sur les 500 000 travailleurs du secteur canadien du pétrole, dont les emplois risquent d’être touchés.
« Au cours de cette transition, il est indispensable que nous aidions les travailleurs des secteurs canadiens du pétrole et du gaz à se recycler dans des activités connexes, a expliqué Mme Smith. Nous voulons les réorienter vers les activités qui progresseront dans un monde zéro émission nette.
« Leurs compétences seront directement transférables dans le domaine des énergies renouvelables, comme la géothermie. La production d’hydrogène et d’autres sources d’énergie offre aussi des possibilités de transfert des compétences acquises par les travailleurs des secteurs du pétrole et du gaz », a-t-elle conclu.
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