Le Canada doit agir.
Les mesures adoptées pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ont eu un impact disproportionné sur les petites et moyennes entreprises. Comme 98 % des entreprises canadiennes sont des PME, nous devrons compter sur la débrouillardise des jeunes entrepreneurs les plus astucieux pour demeurer concurrentiels et innover dans l’économie post-pandémie.
David Skok est en première ligne de ces efforts. Il est le fondateur et rédacteur en chef de The Logic, un magazine dédié à l’économie de l’innovation, publié en ligne depuis maintenant deux ans. Sa petite équipe de journalistes couvre les entreprises et leurs créateurs, ainsi que les politiques stimulant les changements transformationnels dans notre pays. Il a participé au balado Les innovateurs RBC afin d’expliquer comment le Canada, un pays de moindre importance dont les entreprises sont relativement petites, peut briller dans un monde dominé par les grandes plateformes.
« Le Canada a lancé de grandes innovations sur la scène mondiale, a-t-il affirmé. Shopify, récemment devenue la société la plus valorisée au Canada, en constitue un excellent exemple. »
« Notre défi est de maintenir l’attrait de ces innovations. »
M. Skok a fondé son entreprise de média pour explorer les façons d’éliminer les obstacles à l’innovation au Canada, dont il a lui-même pâti en tant qu’immigrant sud-africain et ancien expatrié aux États-Unis.
« J’ai vu mon père se débattre avec la paperasserie administrative et se buter au statu quo », a-t-il confié.
L’inertie propre au pays peut expliquer les difficultés qu’éprouvent certaines organisations à se transformer. Elle est intégrée dans les processus et consolide le statu quo au fil du temps. Selon M. Skok, elle freine l’émergence et la diffusion d’idées nouvelles.
« Les entrepreneurs ont l’impression de ramer à contre-courant ; ils préféreraient être appuyés par les décideurs et ne pas avoir à se battre pour avancer », a-t-il déclaré.
Les promoteurs du défunt projet Quayside de Sidewalk Labs, qui visait à bâtir une ville intelligente dans le secteur riverain de Toronto, abonderaient certainement dans le même sens. Pendant plusieurs années, les questions entourant la protection des renseignements personnels, les processus de sélection gouvernementaux et la cession de propriété intellectuelle canadienne à des entités étrangères ont plongé le projet dans la controverse. L’année dernière, Sidewalks Labs a convenu de restreindre la portée de son ambitieux projet aux termes de négociations avec Waterfront Toronto ; cet organisme gouvernemental est chargé de superviser le développement de la zone riveraine de Toronto. La semaine dernière, l’entreprise a décidé d’abandonner définitivement le projet.
Selon M. Skok, la nouvelle soulève des questions sur la capacité des entrepreneurs canadiens à innover et à faire progresser le pays sans le concours d’entreprises étrangères.
« Les entrepreneurs canadiens qui veulent accéder à la scène mondiale devraient s’inspirer davantage des sociétés qui, comme Shopify, mènent leurs activités selon leurs propres conditions. »
De quoi le Canada aura-t-il besoin pour concurrencer les acteurs majeurs du monde post-pandémique ?
1. Envergure.
Le Canada constitue une excellente base et un bon marché pour les entrepreneurs, mais demeure trop petit pour favoriser la croissance. Pour croître, les sociétés canadiennes doivent avoir des visées internationales.
2. Talent et capitaux.
Les innovateurs doivent rechercher le talent et les capitaux à l’échelle mondiale. Pour se lancer à la conquête du monde, il faut d’abord en faire partie. Il faut donc ouvrir nos portes à l’immigration et aux investissements étrangers, tant pour les PME que pour les grandes entreprises.
3. Approvisionnement.
Les gouvernements doivent donner une orientation stratégique à leurs achats afin de soutenir les innovateurs canadiens. Ils doivent également mieux protéger la propriété intellectuelle canadienne.
4. Priorité.
Nous devons faire des choix difficiles et miser sur nos forces. Il peut sembler malavisé d’essayer de sélectionner des gagnants, mais nous devons repérer les étoiles montantes et les encourager.
« J’espère que durant cette crise, des idées et des entreprises ont reçu le soutien nécessaire pour devenir la prochaine Amazon ou Shopify », a déclaré M. Skok.
5. Autocritique.
Nous devons être capables d’autocritique ; dans le cas contraire, nous raterons des possibilités d’amélioration et nous n’aurons pas conscience de nos angles morts. C’est pourquoi nous avons besoin d’une presse solide et indépendante qui oblige les innovateurs et les entrepreneurs à rendre des comptes.
La pandémie touche durement plusieurs pans de notre société et la place du Canada dans le monde pourrait diminuer. Nous devrons miser beaucoup plus sur l’innovation pour gagner en envergure et dépasser nos limites naturelles.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.