On connaît tous les stéréotypes sur le Canada : de vastes étendues vides, le Grand Nord, des millions de personnes qui s’isolent pour affronter courageusement des hivers rigoureux. Et pourtant, nous sommes un pays de citadins. Plus de 80 % d’entre nous vivent dans des centres urbains, dont plus d’un tiers à Toronto, Montréal et Vancouver.

Les villes contribuent aussi de façon importante au changement climatique. D’après ONU-Habitat, les villes consomment 78 % de l’énergie dans le monde et produisent plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre, alors qu’elles occupent moins de 2 % de la surface terrestre. Pour que les villes puissent se développer de façon durable au cours des prochaines décennies, nous devons repenser la manière dont nous les concevons, les construisons et les habitons.

« Nous avons besoin de nos villes pour croître », selon Jennifer Keesmaat, ancienne planificatrice en chef de la ville de Toronto. « En effet, nos villes sont une grande source d’espoir puisqu’elles nous offrent la possibilité d’atténuer l’impact de l’homme sur la planète. »
Nous nous sommes entretenus avec Mme Keesmaat et M. Toderian, l’ancien planificateur en chef de la ville de Vancouver, lors du dernier épisode de Conversation sur le climat.

La population du Canada devrait augmenter d’environ 30 % pour atteindre 50 millions de personnes en 2050. Comme les gens sont concentrés massivement dans des agglomérations, une grande partie de nos émissions de gaz à effet de serre proviendra aussi de ces zones urbaines. En revanche, les citadins produisent moins d’émissions par personne.

« Les villes constituent peut-être un important lieu d’émissions, mais elles offrent en même temps une solution au problème », affirme M. Toderian.

Les deux planificateurs en chef s’accordent sur le fait que si nous voulons continuer de nous ruer vers les villes tout en atteignant nos objectifs climatiques, nous devrons repenser complètement notre approche à l’égard de l’utilisation des terres. Nous devrons être plus inventifs quant à la manière dont nous alimentons en énergie nos foyers, nos bureaux et nos réseaux de transport. Et nous devrons faire en sorte que l’environnement naturel, notamment ces précieux espaces verts qui sont souvent sacrifiés sur l’autel du développement, fasse partie de l’équation.

« Nous savions il y a 40 ans que nous devions remplir les espaces où nous avons déjà des écoles, des routes et des transports en commun, explique Mme Keesmaat. Mais qu’avons-nous fait au cours de la dernière décennie ? Nous avons construit de nouveaux logements sur des terres agricoles, dans des zones qui ne peuvent pas être desservies par les réseaux de transport. »

Le transport, l’électricité et le bâtiment sont trois secteurs importants qui doivent être repensés. Le transport est le plus grand émetteur de GES au Canada après le secteur pétrolier et gazier. À lui seul, ce secteur a relâché 186 millions de tonnes de GES dans l’atmosphère en 2019. Selon Mme Keesmaat, 75 % de tous les logements qui ont été construits au Canada au cours des dix dernières années sont situés dans des banlieues conçues autour de l’automobile. À mesure que nos villes se développent, nos banlieues doivent devenir beaucoup plus denses qu’elles ne le sont maintenant, ce qui signifie la fin de l’étalement urbain axé sur la voiture.

« Et si nous voulons encore construire des banlieues, ce que nous ferons probablement, il faudra qu’elles soient radicalement différentes de celles d’aujourd’hui. Parce que si nous continuons dans cette voie, nous irons droit dans le mur », affirme M. Toderian.

Entre-temps, les bâtiments sont devenus la troisième source de gaz à effet de serre au Canada. Pour que nos villes se développent – et que le pays respecte ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris – nous devons innover et concevoir des bâtiments, qui sont le cœur de nos villes, plus respectueux de l’environnement.

« Nous avons besoin que nos villes fonctionnent, et ce n’est pas quelque chose de futile ou d’accessoire », conclut Mme Keesmaat.

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