Le gouvernement canadien a subi des pressions croissantes pour qu’il adapte l’afflux de nouveaux arrivants aux besoins actuels du marché du travail et à la capacité des infrastructures, ce qui a mené à des changements radicaux dans le plan d’immigration post-pandémie établi par le gouvernement fédéral.
Des cibles d’immigration ambitieuses ont à l’origine été fixées pour contrer les déséquilibres du marché du travail et les pressions financières qu’exerce la population vieillissante sur le bilan des gouvernements.
Dans les années qui ont suivi la pandémie, les politiques d’admissibilité à un permis de travail ont été assouplies pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre à court terme. L’octroi de permis d’études internationaux a aussi augmenté, car les établissements d’enseignement postsecondaire se sont tournés vers les étudiants étrangers comme source de financement pour compenser la réduction des transferts gouvernementaux et le plafonnement ou le gel des droits de scolarité nationaux. Cette situation a entraîné une augmentation du nombre de résidents non permanents au Canada, qui a franchi la barre du million en 2023.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a réduit de 20 % la cible de résidents permanents pour 2025, qui passe de 500 000 à 395 000, et prévoit continuer d’abaisser le seuil à 380 000 en 2026 et à 365 000 en 2027.
Malgré les réductions, les nouvelles cibles de résidents permanents resteront nettement au-dessus des niveaux observés avant la pandémie.
- Pour la toute première fois, le gouvernement fédéral a publié des cibles pour les résidents non permanents dans le but de maîtriser l’accroissement rapide de la population après un afflux d’arrivées.
- IRCC envisage de réduire le nombre de résidents non permanents à 5 % de la population canadienne d’ici 2026. Ils représentaient 7,3 % de la population en juillet. Cela implique une diminution nette de près de 900 000 résidents non permanents au cours des deux prochaines années.
- Plus de 40 % de tous les résidents permanents admis l’an prochain devraient être des résidents non permanents qui font la transition vers la résidence permanente. Néanmoins, le nombre total de nouveaux résidents permanents et non permanents devrait diminuer en 2025 et en 2026, conformément au dernier plan.
- Environ 1,3 million de résidents non permanents seraient tenus de quitter le Canada ou de passer à la résidence permanente en 2025, selon les cibles actuelles. C’est plus du double des sorties brutes constatées au cours des deux dernières années.
- Les résidents permanents et les résidents non permanents ont représenté 98 % de la croissance démographique en 2023 et 2024. Selon IRCC, la réduction ciblée du nombre de nouveaux arrivants entraînerait une légère diminution de la population canadienne de 0,2 % au cours de chacune des deux prochaines années.
- Limiter l’immigration dans la mesure proposée ralentirait considérablement la croissance du nombre de ménages. Ces changements aideront à rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande de logements, pourvu que la construction résidentielle puisse se maintenir près des niveaux actuels. La résorption de l’écart d’offre contribuerait largement à atténuer les fortes pressions que subissent de nombreux Canadiens en quête d’un logement abordable.
Ces nouvelles cibles d’immigration aideront à rééquilibrer le marché du logement canadien, mais le passage à un contrôle démographique rigoureux aura également des conséquences.
Le changement de politique rétablit la tendance au vieillissement au sein de la population canadienne et, par conséquent, limite le nombre d’heures pouvant être consacrées au travail sans nécessairement faire baisser le taux de chômage. En effet, le fléchissement de la demande imputable à la diminution du nombre de consommateurs au pays compensera tout recul de la population active, de sorte que le taux de chômage restera inchangé.
Une réduction significative de la croissance démographique pèsera également sur le bilan des gouvernements, car le vieillissement accéléré de la population fait grimper les coûts des soins de santé et les obligations liées à la retraite.
Les plans visant à ralentir la croissance de la population, s’ils sont pleinement mis en œuvre, pourraient retrancher près d’un point de pourcentage à nos prévisions de croissance pour le Canada au cours des trois prochaines années.
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