L'intelligence artificielle promet de transformer la manière dont nous vivons et travaillons, et un nouvel institut de recherches à Toronto vise à hisser de nouveau le Canada au rang des centres mondiaux de l'apprentissage machine.

Le lancement de l’Institut Vecteur la semaine dernière est le tout dernier événement à avoir lieu dans le cadre d’une série de partenariats et d’investissements publics et privés concernant l’IA au Canada, notamment le programme d’accélérateur NextAI appuyé par RBC ainsi que la création par Google d’un groupe axé sur le développement de l’IA dans ses bureaux montréalais.

Le professeur Geoffrey Hinton de l’Université de Toronto – reconnu internationalement pour son travail sur les réseaux neuronaux – est conseiller scientifique principal à l’Institut Vecteur, et c’est sa recherche révolutionnaire, il y a une demi-décennie, qui est à l’origine des actuels progrès dans le domaine de l’IA.

Ce pionnier de l’IA appartient à un petit groupe de chercheurs dans les universités canadiennes qui ont gardé le rêve de l’apprentissage machine bien en vie, alors que les cycles antérieurs de battage médiatique sur l’IA ont tourné en fiasco. « Ce sont les gens au Canada qui ont trouvé la solution, explique le professeur Hinton. Pendant 50 ans, les gens dans le domaine de l’IA disaient que c’était absurde, que cela ne marcherait jamais. Aujourd’hui, ces mêmes personnes disent de l’IA qu’elle est fantastique. »

Les possibilités de l’IA sont vastes. Dans le domaine de la santé, des programmes d’IA aident déjà les médecins à déceler un cancer et d’autres anomalies sur des radiographies et des images d’IRM. Dans le monde des affaires, des assistants virtuels du service à la clientèle aident à réserver des voyages ou à résoudre des différends en ligne. De plus, des algorithmes d’apprentissage négocient déjà des titres et optimisent des portefeuilles dans des banques comme RBC.

Cela explique la ruée vers l’or dans le domaine de l’IA : les entreprises en démarrage ont obtenu 5 milliards de dollars US en financement l’année dernière, presque 10 fois le montant total obtenu en 2012. Malgré la longueur d’avance qu’avait le Canada dans le domaine de l’IA, beaucoup de cet argent – et les cerveaux à l’origine de la recherche – a migré vers le sud. Des efforts sont actuellement déployés pour inverser quelque peu la tendance.

Jeudi, le président de l’Université de Toronto, Meric Gertler, a comparé l’Institut Vecteur aux investissements initiaux du gouvernement américain dans ce qui est devenu Internet. « À ce moment-là, il était impossible de saisir l’importance que cela allait prendre, indique-t-il. L’annonce d’aujourd’hui constitue une occasion semblable de favoriser l’innovation, la création d’emplois et la croissance à long terme au Canada. »

Le lancement de l’Institut Vecteur suit le dépôt du budget fédéral le 22 mars dernier, dans lequel Ottawa annonçait 125 millions $ pour sa stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle, dont une partie ira au soutien de l’Institut.

Le professeur Hinton s’est lui-même joint à la société californienne Google en 2013, devenant, à 64 ans, le stagiaire le plus âgé de l’entreprise. Yann LeCun, un chercheur français qui a fait des études de deuxième cycle au Canada, a été embauché par Facebook pour diriger son laboratoire d’IA. Le professeur Richard Sutton de l’Université de l’Alberta a enseigné à une cohorte d’étudiants qui plus tard ont participé à la création d’AlphaGo, le système d’IA de Google qui est devenu le champion imbattable du jeu de go, un jeu chinois de stratégie et d’intuition, vieux de plus de 2 500 ans. Pour sa part, Microsoft profite maintenant des services de conseiller du professeur Yoshua Bengio de l’Université de Montréal, après avoir acquis la jeune entreprise Maluuba pour intensifier ses efforts dans l’IA.

Comment stopper la fuite des cerveaux ? Le professeur Hinton souligne que les meilleurs chercheurs n’ont que quelques exigences de base : accès à de vastes quantités de données, assez de temps pour explorer des idées de recherche qui pourraient ne pas aboutir, et être entouré de personnes partageant des objectifs semblables. « Ce que l’Institut Vecteur nous fournira, c’est une concentration élevée de très bons chercheurs ayant accès à des données et ayant beaucoup de temps pour travailler sur leurs recherches », explique-t-il.

Plus tôt cette année, RBC est devenue l’un des principaux commanditaires du programme d’accélérateur NextAI pour les entrepreneurs en IA. La première cohorte de 20 équipes a été sélectionnée au début de mars. En octobre dernier, RBC a inauguré le laboratoire Recherche en apprentissage machine RBC, qui est dirigé par le chercheur et entrepreneur Foteini Agrafioti.

« Les possibilités de nouvelles découvertes dans le domaine de l’apprentissage profond sont très motivantes et les applications, infinies », a annoncé avec enthousiasme le professeur Hinton au lancement de l’Institut.

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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