Lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, les dirigeants politiques ont systématiquement choisi de protéger les banques, les assureurs et les chaînes logistiques, des entreprises que l'on jugeait « trop grandes pour faire faillite ».

Le Canada cherche de toute urgence une issue à la pandémie de COVID-19 et, cette fois, le principe à adopter doit être « trop petites pour faire faillite ».

Les petites entreprises qui jouent un rôle crucial dans l’économie canadienne – elles représentent 42 % du PIB et 48 % des nouveaux emplois – sont aussi celles qui courent le plus grand danger durant cette récession exceptionnelle. Souvent « novices » en matière numérique – beaucoup d’entre elles ne possèdent pas de site Web ou la capacité d’accepter les paiements en ligne –, les petites entreprises étaient mal préparées à faire face au virage économique rapide qu’a occasionné la pandémie, un passage soudain à un marché virtuel qui a pris bon nombre d’entre elles au dépourvu.

La crise actuelle pourrait être l’occasion pour ces entreprises de se réinventer et de se repositionner pour intégrer une nouvelle économie qui sera plus numérique, plus virtuelle et plus mobile que jamais auparavant.

La capacité de notre écosystème de petites entreprises – coiffeurs, magasins d’aliments santé, jeunes créateurs de logiciels, producteurs de légumes de serre, etc. – à s’adapter à cette nouvelle réalité sera essentielle à la reprise économique du Canada.

En somme, la reconstruction du Canada dépend du retour en forme des petites entreprises.

Dans un nouveau rapport de Leadership avisé RBC intitulé Petite entreprise, grand virage, nous présentons un plan en cinq volets visant à aider les petites entreprises canadiennes à prospérer dans l’économie post-pandémie.


Lisez l’intégralité du rapport et des recommandations

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Ce que nous avons constaté :

  • Les petites entreprises ont enregistré presque deux fois plus de pertes d’emploi que les moyennes et grandes entreprises.
  • Les petites entreprises de cinq secteurs – services d’hébergement et de restauration, arts et divertissement, commerce de détail non essentiel, exploitation minière, pétrolière et gazière, et location commerciale – sont les plus vulnérables. Au total, 1,2 million de travailleurs pourraient être touchés.
  • Pour les petites entreprises de secteurs comme la technologie, le commerce de gros et les services administratifs, le risque est relativement moins grand ; leurs charges fixes sont inférieures et elles peuvent offrir leurs produits ou leurs services avec peu de contact physique, voire aucun.
  • Les femmes et les jeunes risquent de souffrir davantage des difficultés que connaissent les petites entreprises. Le recul de l’emploi dans ces catégories est d’ailleurs déjà démesuré.
  • Nous nous attendons à ce que le PIB de certains de nos secteurs les plus touchés termine l’année entre 25 % et 50 % en deçà des niveaux de février, et ce, en dépit de la reprise.
  • La pandémie est à l’origine de nouvelles tendances économiques et en accélèrent d’autres, ouvrant ainsi la voie à une économie transformée : une prestation des services numériques accrue et plus d’achat local, une concentration du marché moins grande et des
    consommateurs plus avertis.

La transition numérique à l’issue de la pandémie demandera des efforts, alors qu’un retour aux pratiques du passé sera impossible.

Un soutien budgétaire et un rebond de la consommation garantiront la reprise de l’économie. Mais l’ampleur et la rapidité de cette reprise dépendront de la capacité des petites entreprises à se réinventer pour faire face aux défis et aux possibilités du monde des affaires d’après la pandémie.

Voici ce que le Canada peut faire :

1. Simplifier les programmes d’aide. Alors que nous entamons la reprise, le gouvernement fédéral a l’occasion de revoir et de simplifier ses programmes d’aide destinés aux entreprises. Voici ce que cela implique à très court terme :

  • augmenter le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), modifier le Programme de crédit aux entreprises (PCE) modifié et accorder une exonération de remboursement d’une plus grande partie des prêts afin que les entreprises puissent tenir le coup si la reprise se prolonge et réaménager leurs installations pour respecter la distanciation sociale;
  • modifier la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de manière que les personnes qui retournent travailler touchent des prestations à échelle mobile ;
  • accorder aux petites entreprises un bref congé fiscal sur la taxe de vente pour stimuler la reprise de l’achat local et du tourisme.

2. Investir dans les moyens d’assurer une réouverture sécuritaire. Les gouvernements provinciaux devraient envisager d’investir dans des programmes généralisés d’aide aux employeurs qui reprennent leurs activités. Ces mesures pourraient comprendre :

  • un programme national de certification garantissant que les installations accessibles au public respectent les protocoles de sécurité en lien avec la COVID-19 ;
  • des coalitions dirigées et financées à l’échelle provinciale réunissant des groupes de gens d’affaires et des chambres de commerce afin de fournir de l’équipement de protection individuel aux petites entreprises ;
  • une initiative visant à mettre les étudiants en contact avec des petites entreprises pour qu’ils puissent acquérir des compétences et profiter d’occasions de mentorat.

3. Créer des réseaux numériques. En plus d’avoir besoin d’outils pour réussir dans l’économie post-pandémie, les petites entreprises devront former des alliances pour faire leur place dans l’économie mondiale des plateformes. Tout plan de reprise devra comprendre une stratégie numérique intégrant les mesures suivantes :

  • des crédits d’impôt pour les petites entreprises afin qu’elles investissent dans des logiciels et du matériel conçus au Canada pour favoriser la croissance du numérique ;
  • un programme national visant à créer de grandes artères et des marchés fermiers virtuels ;
  • une accélération des mesures pour concrétiser, d’ici 2030, l’engagement pris dans le budget de 2019 concernant l’accès à Internet haute vitesse pour chaque Canadien et chaque entreprise.

4. Mettre en œuvre de nouvelles stratégies économiques pour favoriser la relance. Les gouvernements et les grandes entreprises ont l’occasion d’investir dans des secteurs qui favorisent les chaînes logistiques canadiennes et de stimuler ainsi la croissance des petites entreprises, notamment par :

  • un approvisionnement coordonné auprès de petites entreprises désignées, en particulier dans les domaines de l’équipement de protection individuel, des technologies de dépistage et de recherche de contacts, et des soins de santé ;
  • une campagne touristique 2020-2021 visant à stimuler les voyages au Canada ;
  • un engagement renouvelé des provinces à réduire, en 2021, les obstacles au commerce interprovincial que doivent surmonter les petites entreprises.

5. Aborder la mondialisation de manière plus stratégique. Le monde étant de plus en plus fragmenté, le Canada devra aborder le commerce de manière ciblée. Pour y parvenir, il faudra :

  • un programme de croissance à l’international faisant appel aux accélérateurs commerciaux pour intensifier les exportations vers les pays et les régions les plus ouverts aux produits canadiens ;
  • que les gouvernements, les banques et d’autres institutions s’unissent pour créer une plateforme qui fera connaître la marque « Canada » aux petites entreprises ;
  • étendre les réseaux d’expatriés canadiens, pour mettre en relation les industries axées sur le savoir et les Canadiens vivant à l’étranger.

 

Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.