- L’essor de la migration interprovinciale vers le Canada atlantique pourrait ralentir au fur et à mesure que les restrictions liées à la pandémie seront levées.
- L’intensification de la migration internationale est prête à reprendre le relais, les cibles d’immigration d’Ottawa attirant jusqu’à 62 000 nouveaux arrivants dans la région au cours des trois prochaines années.
- Un regain de vigueur économique entraînera également des difficultés croissantes, notamment la détérioration de l’accessibilité à la propriété et des besoins supplémentaires en infrastructures.
- Mais la migration contribuera à répondre à une préoccupation cruciale : une population qui vieillit plus rapidement que partout ailleurs au Canada.
- En résumé : les migrations internationales continueront d’inverser la tendance de longue date des résidents du Canada atlantique, d’ajouter de la diversité à la population et de revigorer l’économie.
Les migrations internationales ont contribué à alimenter la ruée vers le Canada atlantique durant la pandémie
Le Canada atlantique est devenu un aimant pour les nouveaux résidents durant la pandémie. Après une période de 40 ans au cours de laquelle 5 000 résidents (en nombre net) ont quitté la région chaque année, la migration a commencé à s’accélérer en 2016. Toutefois, c’est la COVID-19 qui a mis le feu aux poudres, car le nombre de cas inférieurs et le logement relativement abordable ont ajouté à l’attrait du Canada atlantique. En 2021, plus de 22 000 Canadiens sont arrivés d’autres provinces dans la région qu’ils ne l’ont quittée. Et la migration nette interprovinciale a été de 40 % supérieure à celle de 2016 à 2020.
Mais les migrations internationales ont aussi été un puissant moteur. Au total, 46 % des 40 000 nouveaux résidents ajoutés au Canada atlantique en 2021 provenaient de l’extérieur de nos frontières. Et la part des résidents permanents arrivant au Canada atlantique est passée de 3 % en 2015 à 5,7 % à ce jour.
Ce flux d’immigration alimentera probablement l’accroissement de la population, car la migration interprovinciale ralentit avec l’élimination des restrictions liées à la pandémie. Si les nouveaux objectifs d’immigration ambitieux d’Ottawa sont atteints, nous pourrions raisonnablement nous attendre à ce que 62 000 nouveaux immigrants internationaux arrivent au Canada atlantique au cours des trois prochaines années, ce qui augmentera la taille de la population locale de 4 %.
L’afflux de nouveaux arrivants pourrait atténuer les répercussions d’une population grisonnante
Le vieillissement de la population stimule un changement structurel du marché du travail au Canada, qui fera de la faiblesse des taux de chômage la nouvelle norme. Et aucune région ne vieillit plus vite que le Canada atlantique. Avec un taux de natalité brut plus faible, la part de la population de la région âgée de 65 ans ou plus est actuellement supérieure à 22 %, comparativement à 19 % à l’échelle nationale. D’ici 2030, 27 % de la population du Canada atlantique aura 65 ans ou plus, comparativement à moins de 22 % partout ailleurs.
Une migration record pourrait contribuer à ralentir cette tendance. Les immigrants du Canada atlantique sont plus jeunes, la plupart venant d’Asie et d’Afrique de l’Ouest. Et la grande majorité (83 %) des nouveaux arrivants de l’étranger dans la région sont des immigrants économiques, contre 63 % à l’échelle nationale. Le Programme d’immigration des provinces de l’Atlantique continuera de recruter des travailleurs qualifiés et des diplômés étrangers dans les années à venir.
La vigueur économique entraîne des difficultés croissantes
L’afflux de nouveaux migrants ces dernières années a d’ores et déjà fait exploser les projections précédentes, fondées sur des scénarios de forte croissance. Et à l’avenir, il ne serait pas surprenant que les niveaux plus élevés d’immigration augmentent la population du Canada atlantique de plus de 10 % d’ici 2030. Un accroissement de la population plus élevé aidera à pourvoir les postes vacants et revigorera les industries régionales.
Mais chaque occasion économique présente de nouveaux défis. Citons comme exemple la détérioration de l’accessibilité à la propriété. Tout au long de la pandémie, Halifax a été l’une des régions métropolitaines de recensement désignées (RMR) du Canada qui a connu la croissance la plus rapide (derrière Kelowna et Oshawa seulement). À Halifax, notre mesure de l’accessibilité à la propriété s’est détériorée comme jamais entre 2020 et 2021, les prix ayant augmenté de 27 %.
Mais le côté positif de la migration actuelle l’emportera sur les défis
Néanmoins, le Canada atlantique restera relativement abordable. Le prix moyen des maisons en 2021 était encore de 46 % inférieur à celui de l’Ontario à Halifax, et de 69 % inférieur à Moncton. Et une densité plus faible signifie plus de place à construire. Puisque les régions à prix plus bas sont moins sensibles aux taux d’intérêt plus élevés, le Canada atlantique restera une option plus abordable pour les Canadiens, même si l’ère des taux extrêmement bas touche à sa fin.
Naturellement, une densité plus élevée exigera un investissement supplémentaire dans les infrastructures, mais les navetteurs de Halifax continueront de bénéficier de trajets relativement courts et d’une meilleure qualité de vie. La hausse des salaires, des dépenses de consommation et des revenus du gouvernement sera un avantage net pour la région, parallèlement à une plus grande diversité.
Carrie Freestone est économiste à RBC.
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