Point clé : Les diplômés universitaires font partie des personnes qui ont les revenus les plus élevés après avoir terminé leurs études. Cependant, selon une mesure, le rendement de l’investissement dans l’enseignement postsecondaire a diminué au cours des dernières années. Le revenu des diplômés est resté en deçà de l’augmentation des droits de scolarité, en particulier dans des domaines comme l’ingénierie, l’architecture et les sciences connexes.
- Les revenus sont toujours positivement corrélés aux études d’un niveau élevé, puisque les titulaires d’un diplôme universitaire gagnent le revenu médian le plus élevé après l’obtention de leur diplôme, comparativement aux titulaires d’un certificat et d’un diplôme de rang inférieur.
- Le plafonnement de l’augmentation des droits de scolarité des étudiants canadiens imposé par certaines provinces au cours des cinq dernières années pourrait augmenter le multiple du revenu par rapport aux droits de scolarité à l’avenir, mais de nombreux autres facteurs entreront en ligne de compte.
Les droits de scolarité dans l’enseignement postsecondaire augmentent plus vite que le revenu médian obtenu cinq ans après l’obtention du diplôme
Une façon de mesurer le rendement de l’investissement dans l’enseignement consiste à comparer le revenu gagné cinq ans après l’obtention du diplôme avec les droits de scolarité de la dernière année d’études. Au Canada, la dernière cohorte pour laquelle cette analyse peut être effectuée est celle qui a obtenu son diplôme en 2017.
La hausse des droits de scolarité au Canada a dépassé la croissance du revenu médian des diplômés de niveau postsecondaire cinq ans après avoir obtenu un diplôme universitaire de premier cycle. Après rajustement en fonction de l’inflation, les droits de scolarité ont augmenté de 12 % entre 2012 et 2017 pour toutes les études de premier cycle, tandis que le revenu médian des diplômés a augmenté de seulement 4 % entre 2017 et 2022. L’écart est plus marqué pour les diplômés en ingénierie, en architecture et en sciences connexes, où les droits de scolarité de la dernière année ont augmenté plus rapidement que dans d’autres filières.
En 2022, soit cinq ans après l’obtention du diplôme, le revenu médian était 8,6 fois supérieur aux droits de scolarité de la dernière année d’études pour les diplômés en architecture et sciences connexes. Cela représente une diminution considérable par rapport aux cinq années précédentes, où cinq ans après l’obtention du diplôme (2017), le salaire médian était 10,6 fois plus élevé que les droits de scolarité de la dernière année d’études (2012).
Les étudiants du premier cycle en ingénierie ont connu la deuxième plus forte érosion de leur investissement dans l’enseignement, le revenu médian étant passé de 12,3 fois les droits de scolarité de la dernière année (diplômés de 2012, revenu de 2017) à 10,2 fois les droits de scolarité de la dernière année (diplômés de 2012, revenu de 2022).
Il est important de noter que le revenu médian des diplômés en ingénierie reste l’un des plus élevés parmi les titulaires de diplômes universitaires de premier cycle, et (par rapport aux droits de scolarité de la dernière année) procure un rendement plus généreux que dans la plupart des autres filières.
Les revenus ont une corrélation positive avec les études supérieures
Cela ne veut pas dire que le rendement des études postsecondaires est négatif au Canada. Les dernières données du recensement témoignent d’une tendance claire selon laquelle un niveau de scolarité plus élevé est corrélé à un revenu médian plus élevé, ce qui montre que l’investissement dans l’enseignement supérieur procure une valeur sur le plan du gain financier.
Les titulaires d’un diplôme universitaire gagnent et continuent de gagner des salaires plus élevés que les personnes ayant un niveau d’études inférieur. Les répondants ayant obtenu un baccalauréat ou un diplôme plus élevé avaient le revenu médian le plus élevé en 2021, soit 61 600 $ – 44 % de plus que le revenu médian global de l’échantillon.
Un diplôme d’enseignement secondaire ou un certificat d’équivalence permet d’obtenir un revenu médian de 30 200 $, ce qui est 40 % plus élevé que le revenu médian des personnes sans certificat. Les personnes qui font des études postsecondaires d’un niveau inférieur à un baccalauréat, y compris les titulaires de certificat ou de diplôme universitaire, constatent une augmentation notable du revenu médian à 45 600 $, soit 51 % de plus que les personnes qui ont un diplôme d’études secondaires.
Toutefois, il convient de noter que pour les personnes qui ont obtenu un certificat d’apprentissage ou de métier, le revenu médian s’élève à 45 200 $, soit un peu plus que les 44 800 $ gagnés par les titulaires d’un diplôme de collège ou d’un certificat de cégep. Cette légère différence illustre le revenu concurrentiel que peuvent procurer les programmes d’apprentissage et de métier qualifié .
Ce que le plafonnement des droits de scolarité pourrait signifier pour les rendements futurs
Le niveau d’études n’est pas le seul facteur contribuant au revenu personnel. D’autres facteurs ont une influence, notamment l’état général du marché du travail, la politique macroéconomique globale, la qualité de l’éducation et les expériences professionnelles spécifiques. Par conséquent, il est difficile de prédire si la tendance récente concernant le rendement financier de l’investissement dans l’enseignement supérieur se maintiendra à l’avenir.
Pourtant, le plafonnement de l’augmentation des droits de scolarité des étudiants canadiens imposé par certaines provinces au cours des cinq dernières années pourrait freiner la trajectoire.
L’Ontario a pris les mesures les plus fermes, avec une réduction de 10 % des droits de scolarité en 2019 suivie d’un gel des droits de scolarité pour les étudiants canadiens.
La Colombie-Britannique maintient également un plafond de 2 % sur la hausse des droits de scolarité, établi pour la première fois en 2005 puis étendu pour s’appliquer à d’autres programmes. La Nouvelle-Écosse, qui a les droits de scolarité les plus élevés au Canada, a mis en œuvre une politique semblable avec un plafond de 2 % sur les augmentations pour tous les étudiants canadiens de premier, qui entrera en vigueur au cours de l’année scolaire 2024-2025. Ces mesures peuvent contribuer à augmenter le multiple du revenu par rapport aux droits de scolarité pour les étudiants.
Toutefois, les étudiants étrangers sont dans une situation plus difficile, étant donné que le plafonnement des droits de scolarité universitaires ne s’applique pas à leurs frais et que ces derniers ont continué d’augmenter. Le revenu médian gagné cinq ans après l’obtention du diplôme pour les étudiants étrangers est également inférieur à la croissance des droits de scolarité.
Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales.
Abbey Xu est économiste à RBC. Elle se concentre sur les modèles macroéconomiques en tant qu’intrants dans le processus de provisionnement prospectaire de la Banque pour les pertes de crédit et les simulations de crise.
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