• L’inflation pousse un plus grand nombre de travailleurs et leurs représentants à prendre des mesures pour faire pression afin de demander des augmentations salariales.
  • L’an dernier, le nombre de jours de travail non effectués en raison d’arrêts de travail a augmenté de 49 % par rapport à la moyenne sur 10 ans.
  • De plus, en pourcentage, les gains salariaux négociés la première année sont au plus haut niveau que nous ayons observé depuis le début des années 1990.
  • Ces bonds pourraient pousser d’autres travailleurs à faire des demandes plus exigeantes, ce qui pourrait entraîner d’autres arrêts de travail.
  • Conclusion : À mesure que l’économie s’affaiblira, les employeurs auront moins de marge de manœuvre pour répondre aux exigences salariales des syndicats. Il sera essentiel de juguler l’inflation pour rétablir la paix dans les relations de travail au Canada.

Les relations de travail se sont détériorées au Canada

L’inflation fait augmenter le coût de la vie, ce qui rend les relations de travail plus litigieuses en ce qui concerne les salaires. L’inflation, qui a atteint un sommet en 40 ans, a considérablement érodé le pouvoir d’achat au Canada, ce qui oblige les consommateurs à réfléchir à deux fois avant d’effectuer des achats. Dans tout le pays, les syndicats ont réagi en exigeant des salaires plus élevés pour leurs membres et en exerçant des moyens de pression au besoin pour faire avancer leur cause. En 2022, près de 160 000 jours-personnes n’ont pas été œuvrés à la suite d’arrêts de travail, ou 160 000 jours de travail n’ont pas été accomplis à la suite d’une grève ou d’un lock-out des travailleurs. Il s’agit d’une augmentation de 49 % par rapport à la moyenne des dix années qui ont précédé la pandémie (2010-2019).

En 2023, bien que l’inflation ait (quelque peu) reculé par rapport à son sommet de l’an dernier, l’augmentation des arrêts de travail n’a montré aucun signe de ralentissement. En fait, en juillet 2023, le nombre de jours-personnes non effectués était en hausse de 25 % par rapport à la même période en 2022.

La croissance des tensions entre les employeurs et le personnel n’est pas nécessairement surprenante. Historiquement, les arrêts de travail font perdre plus de temps lorsque l’inflation est élevée, car l’affaiblissement du pouvoir d’achat incite les travailleurs à se mobiliser dans le cadre des négociations sur les contrats de travail.

Les règlements négociés récemment comprennent les hausses salariales les plus élevées en dix ans

Pourtant, les hausses de salaire récemment négociées ont considérablement dévié des moyennes historiques. Dans les milieux de travail couverts par des conventions collectives, les règlements récents ont en fait amené certains des plus grands gains réalisés depuis des décennies. En juillet, les rajustements en pourcentage pendant la première année ont affiché une hausse étonnante de 7,1 %. C’est un peu plus que les 7,0 % enregistrés en 2008, et il s’agit du rajustement salarial le plus élevé que nous ayons observé pour la première année depuis le début des années 1990.

Bien que les taux d’inflation exceptionnellement élevés aient sans aucun doute alimenté la détermination des travailleurs, d’autres forces contribuent probablement aux gains obtenus dans les récentes négociations salariales. En effet, le vieillissement de la population canadienne a accéléré la sévère pénurie de main-d’œuvre, ce qui a donné un plus grand pouvoir de négociation aux employés. En même temps, le taux de syndicalisation a augmenté au pays, ce qui a permis à une plus grande proportion de la main-d’œuvre canadienne de profiter de la protection de conventions collectives. Cela découle probablement plutôt de la proportion croissante d’employés travaillant dans des secteurs ou occupant des emplois où les syndicats sont plus présents (c.-à-d. l’éducation, les soins de santé et l’administration publique) que de la résurgence des syndicats. Néanmoins, le bond relatif aux récents accords salariaux pourrait inciter d’autres syndicats à formuler des demandes plus agressives, surtout compte tenu du fait que les travailleurs doivent absorber de nombreuses augmentations de salaire avant de rattraper l’inflation.

Pour réduire les arrêts de travail, il est essentiel de juguler l’inflation et de rééquilibrer les marchés du travail

À mesure que l’économie s’affaiblira, la capacité des employeurs à répondre favorablement à des demandes plus fermes diminuera. Il deviendra aussi de plus en plus difficile de transmettre aux clients l’augmentation des coûts d’exploitation (y compris les salaires). Le fait que les parties qui négocient aient des objectifs conflictuels risque de provoquer plus d’impasses et de conflits de travail l’année prochaine.

Après la grève des 155 000 travailleurs de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), les grèves dans les ports de Colombie-Britannique et la grève des détaillants alimentaires Metro en Ontario, si les relations de travail connaissent des troubles plus importants, cela augmentera le risque de prolonger la période de turbulence « temporaire » que traverse l’économie canadienne. D’autres contrats de travail expireront cette année, et pour rétablir la paix dans les relations de travail au Canada, il sera essentiel de juguler l’inflation et de rétablir l’équilibre sur le marché du travail.


Robert Hogue est membre du l’équipe Économique et leadership avisé RBC, se spécialisant dans l’analyse et les prévisions pour le marché de l’habitation canadien et les économies provinciales. Il compte parmi ses publications Tendances immobilières et accessibilité à la propriété, Perspectives provinciales et l’analyse des budgets provinciaux. Dans ses fonctions, il est fréquemment appelé à commenter l’évolution de la conjoncture économique auprès de la direction de RBC, de ses clients et des médias.

Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.

Naomi Powell, directrice de la rédaction, Services économiques et leadership avisé RBC, dirige la publication de Point clé.

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