- Le Canada se classe en tête du G7 en ce qui concerne l’attraction des immigrants, les nouveaux arrivants étant à l’origine de 90 % de la croissance démographique.
- Les immigrants au Canada sont plus instruits et plus jeunes que la main-d’œuvre locale.
- Cependant, ils sont beaucoup plus susceptibles d’occuper des emplois moins exigeants en termes de formation.
- Une meilleure utilisation des compétences des immigrants sera essentielle à la prospérité économique, car l’immigration favorisera la croissance de la main-d’œuvre au Canada.
- En résumé : L’obstacle principal à une meilleure exploitation des compétences des immigrants réside dans la mauvaise reconnaissance des diplômes étrangers. Il faudra absolument éliminer cet obstacle pour permettre à la main-d’œuvre du Canada de s’accroître et de gagner en productivité.
Le Canada devance ses pairs en matière d’attraction des immigrants
Peu de pays font mieux que le Canada pour attirer les immigrants. En moyenne, on trouve environ 8 migrants (en tenant compte de l’émigration) pour chaque millier de personnes au pays entre 2010 et 2019. Il s’agit du taux le plus élevé parmi les pays du G7, et il est nettement supérieur à celui des États-Unis, qui étaient en tête du classement de la migration nette il y a quelques décennies.
L’immigration au Canada a fortement ralenti en 2020 en raison de divers inconvénients liés à la COVID-19. Toutefois, la reprise postpandémique a été vigoureuse. En 2021, près de 90 % de la croissance démographique totale était attribuable à une hausse de l’immigration. Et Statistique Canada s’attend à ce que ce pourcentage atteigne 100 % d’ici 2050. L’immigration à elle seule compensera les reculs dus à la baisse des taux de natalité et au vieillissement de la population.
Dans un contexte de pénurie persistante de main-d’œuvre, les immigrants apportent un ensemble de compétences précieuses. En effet, sur les 1,5 million de nouveaux arrivants ciblés par le gouvernement fédéral dans les trois prochaines années, plus de la moitié seront des immigrants économiques. Cette proportion est beaucoup plus importante que celle des États-Unis ou du Royaume-Uni (où elle se situe à environ 25 %).
Ces nouveaux arrivants qualifiés expliquent également pourquoi nous prévoyons que la croissance du PIB du Canada dépassera celle des autres pays développés au cours des prochaines années : ils contribueront à la croissance de la main-d’œuvre.
La levée des obstacles à la reconnaissance des compétences des immigrants portera ses fruits
L’augmentation des niveaux d’immigration ne suffira pas à « résoudre » les pénuries structurelles de la main-d’œuvre à long terme, mais elle y aidera. Elle pourrait apporter davantage encore si les compétences des immigrants étaient mieux mises à profit.
Il existe d’ailleurs plusieurs raisons de les exploiter. Bien sûr, les nouveaux immigrants peuvent occuper des postes vacants, mais ils stimulent aussi la demande de logements et de biens de consommation, ce qui entraîne à son tour un surcroît de demandes de main-d’œuvre. Ils sont également plus susceptibles de vivre dans des résidences qui ne correspondent pas à la taille ou à la composition de leur ménage. Une meilleure utilisation des compétences permet de compenser toutes ces pressions à travers une amélioration de la productivité de l’économie.
Alors que l’économie entre dans un léger ralentissement à cause des majorations agressives des taux d’intérêt et d’une inflation plus élevée, il est probable que les pénuries de main-d’œuvre s’atténuent quelque peu en 2023. Le nombre d’emplois vacants au Canada chute depuis l’été dernier. Selon l’Enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada, un plus grand nombre d’entreprises canadiennes s’attendaient à des perspectives plus faibles au quatrième trimestre de 2022. Par conséquent, les inquiétudes concernant l’insuffisance des dépenses de consommation ont fortement augmenté et les intentions de placement et d’embauche ont diminué.
Néanmoins, les pénuries de main-d’œuvre reviendront à mesure que la population continuera à vieillir. Les problèmes sont structurels plutôt que cycliques. L’arrivée d’un flux de travailleurs immigrés plus jeunes et mieux formés pourrait se révéler extrêmement utile. Ce qui aiderait encore plus, c’est de mieux tirer parti de l’ensemble des compétences des nouveaux immigrants.
Les nouveaux Canadiens ne s’en sortent pas aussi bien sur le marché du travail, bien qu’ils soient plus jeunes et plus instruits
Les immigrants ont tendance à être plus jeunes. Dans la population « en âge de travailler », c’est-à-dire les gens de 25 à 64 ans, la part des immigrants est supérieure de 5 % à celle des non-immigrants. Cela devrait empêcher en partie le vieillissement de la main-d’œuvre.
Les nouveaux Canadiens tendent également à être mieux éduqués. Plus d’un tiers d’entre eux possèdent un diplôme de niveau supérieur (baccalauréat ou plus), contre à peine plus d’un cinquième des non-immigrants. Les immigrants ayant fait des études supérieures sont en outre plus susceptibles de se consacrer à des domaines liés aux STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) que leurs homologues non immigrants.
Pourtant, bien qu’ils soient plus jeunes et plus performants sur le plan scolaire, les immigrants obtiennent souvent de moins bons résultats dans la recherche d’un emploi approprié. Autrement dit, ils sont plus nombreux à occuper des emplois exigeant un niveau d’études inférieur à celui qu’ils ont atteint
Ce défi, qui touche tous les secteurs, est particulièrement redoutable pour les personnes détenant un diplôme en médecine, en dentisterie, en médecine vétérinaire ou en optométrie. Selon nos calculs, les titulaires de ces diplômes risquent six fois plus d’occuper des emplois qui ne nécessitent pas de formation connexe. Leurs compétences sont donc « sous-utilisées » par rapport à celles des non-immigrants ayant un diplôme similaire.
L’écart est toutefois complètement comblé lorsque l’on prend en compte le lieu d’étude. Les immigrants qui ont suivi des formations pour devenir médecins, vétérinaires et optométristes au Canada sont tout aussi susceptibles de travailler dans des domaines connexes que leurs pairs non immigrants.
En d’autres termes, la mauvaise reconnaissance des diplômes étrangers représente le principal obstacle à une meilleure application des compétences des immigrants. À l’avenir, il sera essentiel d’éliminer les difficultés pour que le Canada puisse continuer à attirer des immigrants. L’intégration adéquate de leurs connaissances pourrait contribuer à remédier au manque de travailleurs, à accroître la productivité de la main-d’œuvre et à compenser la pression accrue sur l’inflation et le logement.
Nathan Janzen travaille à RBC depuis 2008, où il s’occupe principalement de la couverture des perspectives macroéconomiques du Canada et des États-Unis. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université McMaster et d’un baccalauréat en économie de l’Université de Regina.
Claire Fan est économiste à RBC. Elle se concentre sur les tendances macroéconomiques et est chargée d’établir des prévisions relatives au PIB, au marché du travail et à l’inflation pour le Canada et les États-Unis, en fonction des principaux indicateurs.
Naomi Powell, directrice de la rédaction, Services économiques et leadership avisé RBC, dirige la publication de Point clé.
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