Comme dans le reste du Canada, la croissance démographique a porté l’économie de la Nouvelle-Écosse vers de nouveaux sommets après plusieurs décennies de difficultés.
La vague de nouveaux arrivants internationaux et interprovinciaux des quatre dernières années a fait passer la croissance démographique de la province au-dessus de la moyenne nationale pour la première fois depuis le début des années 1980.
Par conséquent, la hausse du nombre de travailleurs et de consommateurs a considérablement stimulé l’économie. La croissance du produit intérieur brut dépasse la moyenne nationale depuis 2019, la Nouvelle-Écosse affichant le quatrième taux de croissance le plus rapide au Canada au cours des quatre dernières années.
Il s’agit d’un revirement majeur par rapport au retard pris durant les trois décennies précédentes. Cependant, l’essor démographique et économique n’est pas le miracle de la région atlantique que l’on croirait voir.
La province n’a pas été en mesure de transformer l’élan donné par l’afflux de jeunes en amélioration du niveau de vie : elle fait face à un grand défi de productivité que le reste du Canada doit également relever.
La production par habitant en Nouvelle-Écosse et dans toutes les autres provinces a diminué l’année dernière. Autrement dit, si l’on tient compte de l’inflation, le revenu généré par personne dans l’économie, toutes sources confondues, a été moindre.
En outre, malgré l’arrivée de jeunes personnes qui aident à résoudre les problèmes démographiques de la province (faible taux de natalité et vieillissement rapide des baby-boomers), la population de la Nouvelle-Écosse demeure l’une des plus âgées au Canada.
L’augmentation des investissements, le renforcement de la compétitivité fiscale et les progrès réalisés dans l’éducation pourraient aider la province à devenir plus productive et plus prospère.
Le présent rapport est une analyse approfondie de la récente reprise économique de la Nouvelle-Écosse et de ce qu’il faut faire pour qu’elle reste sur la voie d’une croissance soutenue à long terme.
Les flux migratoires les plus importants depuis des générations ont stimulé l’économie de la Nouvelle-Écosse. Toutefois, le maintien ou le renforcement de la croissance économique dépendra de la capacité de la province à attirer (et à conserver) davantage de travailleurs et à augmenter la production par heure de travail (productivité du travail).
L’évolution récente est encourageante : le nombre de personnes du principal groupe d’âge actif qui s’installent dans la province est en hausse depuis quelques années. Depuis 2018, la migration internationale et interprovinciale a permis un gain net de 45 500 personnes âgées de 25 à 54 ans, ce qui représente environ la moitié de la croissance de la population. Cette progression contraste vivement avec la situation vécue entre 2000 et 2014, alors que ce groupe d’âge a perdu près de 900 personnes, ce qui a considérablement freiné la croissance démographique et économique pendant cette période.
Malgré l’arrivée de jeunes migrants, le vieillissement reste un problème
Pourtant, les défis démographiques demeurent. Les habitants de la Nouvelle-Écosse restent parmi les plus âgés du pays, leur âge médian étant de 43,8 ans en 2023, contre 40,6 ans pour le Canada.
Il est important de noter que les membres du principal groupe d’âge actif constituent une faible part de la population provinciale et que les personnes d’âge mûr sont surreprésentées. Cette situation pose de nombreux problèmes pour le marché du travail et le financement des programmes sociaux. Le ratio élevé de dépendance des personnes âgées fait peser sur la population active une charge plus lourde en matière de soins de santé et d’autres coûts liés au vieillissement.
Par conséquent, il faut maintenir à long terme l’arrivée de jeunes immigrants afin de rééquilibrer la structure par âge de la province. Afin d’attirer et de conserver les nouveaux venus, la Nouvelle-Écosse doit s’appuyer sur sa réputation de destination accueillante, ainsi que sur les perspectives économiques et la qualité de vie qu’elle offre. Toutefois, le gouvernement fédéral a récemment annoncé des plafonds pour les résidents temporaires et les nouveaux étudiants étrangers, ce qui devrait provisoirement freiner l’afflux de migrants dans les trois prochaines années.
Faiblesse de la productivité dans le secteur des entreprises
Malheureusement, la tendance récente de la productivité, dont la croissance est essentielle à toute amélioration durable du niveau de vie, n’est pas aussi encourageante. La mesure de la productivité du travail (PIB réel par heure travaillée) en Nouvelle-Écosse a diminué durant les quatre dernières années dans le secteur des entreprises. Le retard de la province remonte même aux années 2000, époque à laquelle la progression de la productivité a été plus lente en Nouvelle-Écosse que dans l’ensemble du Canada.
La faiblesse (ou le déclin) de la croissance relative a perpétué un écart important dans le niveau de la productivité du travail. Le PIB réel de la Nouvelle-Écosse par heure travaillée dans le secteur des entreprises a toujours été inférieur d’environ 25 % à la moyenne nationale, se classant à l’avant-dernier rang des provinces au cours de la dernière décennie.
L’écart est généralisé dans l’ensemble des secteurs. Tous les secteurs, sauf quatre (information et culture, finance et assurance, services éducatifs et fabrication de biens non durables), ont enregistré une mesure plus basse que la moyenne nationale en 2022.
La faiblesse de la productivité est attribuable à de nombreux facteurs, mais il ne fait aucun doute que les faibles dépenses en immobilisations ont joué un rôle prépondérant.
Les investissements des entreprises par habitant dans la construction non résidentielle, les machines et le matériel ont été parmi les plus bas du pays ces 20 dernières années, occupant la dernière place entre 2018 et 2022. Les dépenses en immobilisations des entreprises en Nouvelle-Écosse ont chuté de plus de 10 % au cours de la dernière décennie. Cette tendance est similaire à celle observée dans l’ensemble du Canada. La faiblesse des investissements a entravé le développement d’une économie à plus forte intensité de capital, laquelle peut générer des gains de productivité plus élevés.
Mesures à prendre pour accroître la productivité
Les perspectives à court terme semblent toutefois plus prometteuses. Les investissements ont repris l’année dernière dans la province, et les intentions de dépenses en immobilisations dénotent une autre forte hausse de 16 % cette année, compte tenu de l’accélération des grands projets d’infrastructure (principalement liés aux soins de santé).
Toutefois, le contexte commercial général doit être concurrentiel pour que tout rebond des dépenses en immobilisations se poursuive à l’avenir. Les taux d’imposition, qui sont généralement plus élevés en Nouvelle-Écosse que dans la plupart des autres régions du Canada, en font partie. Cette différence s’explique notamment par le ratio de dépendance relativement important de la province, qui pèse lourdement sur les travailleurs contribuables et les entreprises. En s’efforçant de rendre le régime fiscal de la Nouvelle-Écosse plus attrayant sans mettre en péril la situation financière du gouvernement, il serait beaucoup plus facile d’attirer les investissements nécessaires pour accroître la productivité de l’économie.
Le niveau de scolarité en Nouvelle-Écosse est aussi légèrement inférieur à la moyenne canadienne. La croissance de l’industrie du savoir et d’autres secteurs a pu s’en trouver freinée au fil des ans. En 2021, 32 % des Néo-Écossais de 25 à 64 ans avaient obtenu un certificat ou un diplôme d’études collégiales, et près de 30 % étaient titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme d’études supérieures. Ces chiffres sont respectivement de près de 35 % et de 33 % pour le Canada.
Heureusement, le niveau de scolarité a sensiblement augmenté ces dix dernières années et l’écart avec le reste du pays s’est resserré. Cette évolution est en partie le fruit de la vague de nouveaux arrivants, dont beaucoup sont titulaires d’un diplôme d’études supérieures. L’amélioration des compétences des travailleurs, la formation et l’éducation constituent des moyens éprouvés d’accroître la productivité.
Contributors:
Robert Hogue, Directeur principal, Recherche économique
Rachel Battaglia, économiste
Rajeshni Naidu-Ghelani, Rédacteur en chef, Économie et leadership éclairé
Shiplu Talukder, Spécialiste, Publication numérique
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