Perspectives Macroéconomiques
La production et la distribution de vaccins allant bon train, les perspectives de l’économie mondiale se sont nettement améliorées, et le PIB réel devrait augmenter de 5,5 % en 2021. Cette prévision bonifiée reflète l’élan vigoureux qui s’amorce en 2021 et les attentes voulant que l’on maintienne une politique monétaire extrêmement accommodante et que les mesures budgétaires en place demeurent, voire même, qu’elles augmentent dans certains pays. Une part d’incertitude continue de planer sur l’espoir d’une réouverture durable des économies à la suite du repli du virus, compte tenu de la propagation des variants et des problèmes logistiques liés à la distribution des vaccins. Cela dit, l’activité de janvier et de février indique que de nombreuses économies ont été en mesure de gérer la deuxième vague (et dans certains cas, la troisième) et que les règles imposées ont entraîné beaucoup moins de perturbations. À ce jour, la cadence de la vaccination au Royaume-Uni et aux États-Unis a nettement dépassé celle de l’Europe et du Canada, bien que ces derniers soient sur le point de reprendre le rythme.
L’inégalité de la reprise devrait commencer à se résorber parallèlement à l’augmentation des taux de vaccination. Jusqu’à présent, la croissance a été stimulée par l’amélioration rapide de la production manufacturière mondiale et la résilience du secteur des services, notamment des services professionnels, qui sont plus faciles à réaliser à distance. Les secteurs à haut contact comme ceux du voyage et de l’hôtellerie sont restés exceptionnellement atones. Au fur et à mesure que les économies rouvriront, l’épargne des ménages, qui a fructifié en raison des occasions de dépenses limitées et des transferts gouvernementaux élevés, contribuera à alimenter la consommation de services.
La perspective d’une croissance plus forte, d’une hausse des prix des marchandises et de la poursuite de mesures de soutien énergiques a éveillé certaines préoccupations au sujet de l’intensification des tensions inflationnistes. Si les taux d’inflation augmentent au printemps, ce sera largement dû à la faiblesse des prix de l’énergie l’an dernier, bien qu’une accélération de la demande des ménages laisse également entrevoir une reprise des tendances sous-jacentes de hausse des prix l’an prochain. Il est peu probable qu’on observe une rupture significative des pressions sur les prix du type de celles qui obligeraient les banques centrales à réagir rapidement, à moins que les anticipations d’inflation deviennent hors de contrôle.
L’économie américaine prend de la vigueur
Les États-Unis ont terminé 2020 sur les chapeaux de roues, après s’être remis de la chute de plus de 10 % de la production au premier semestre de l’année. À la fin de 2020, le recul du PIB par rapport aux niveaux d’avant la crise avait été ramené à 2,4 %, et les rapports du début de 2021 révèlent que le dynamisme de l’économie s’est accru avant même que la vaccination ne s’accélère. Étant donné qu’en ce début du mois de mars, 16 % de la population a reçu au moins une dose du vaccin et le programme d’aide de 1,9 billion de dollars de l’administration Biden en réponse à la COVID-19 franchit les étapes jusqu’au Congrès, l’économie américaine devrait avoir entièrement récupéré les pertes découlant de la pandémie d’ici la mi-année. Nos prévisions pour 2021 sont passées de 4,4 % à 6,2 %, et nous pensons que l’économie progressera encore de 3,3 % en 2022.
Sur le marché du travail, la reprise se poursuit, le taux de chômage ayant baissé à 6,2 % au début de 2021. En effet, plus de la moitié des salariés mis à pied au pire de la crise ont réintégré un emploi. On s’attend à d’autres bonnes nouvelles à ce chapitre, à mesure que les secteurs des services durement touchés se redresseront, bien que certains changements structurels, dont la mise en œuvre a été accélérée pendant la pandémie, risquent de retarder le retour au plein emploi. À l’inverse, l’inflation devrait s’accroître, en raison des effets combinés de la chute des prix l’an dernier et de la hausse actuelle des cours de l’énergie et des autres marchandises. L’adoption par la Réserve fédérale d’un régime flexible de ciblage de l’inflation signifie que les décideurs toléreront une inflation supérieure à leur cible de 2 % pendant une certaine période. Or, comme il faudra vraisemblablement attendre quelque temps avant que les conditions reviennent entièrement à la normale sur le marché du travail, la Fed ne sera sans doute pas pressée de relever son taux directeur cette année. Toutefois, une hausse plus prolongée du taux d’inflation pourrait faire pencher la balance en faveur d’une augmentation des taux. Nous nous attendons néanmoins à ce que les responsables politiques laissent l’économie tourner au ralenti pour assurer une reprise généralisée et inclusive sur le marché du travail et surveillent de près le taux de chômage dans leur processus décisionnel. Cela ne se concrétisera probablement pas avant 2022, et nous prévoyons que la Fed relèvera le taux cible des fonds fédéraux de 25 pb au premier trimestre, puis de 25 pb au troisième trimestre de cette année-là.
L’économie du Canada a fini 2020 en beauté – un bon départ vers 2021
L’économie canadienne a reculé de 5,4 % en 2020, du jamais vu depuis la Grande Dépression. Ce fut une année marquée par des variations record de l’activité, avec un effondrement au premier semestre, suivi d’un gain de plus de 10 % au deuxième semestre. Fait encourageant, l’économie a crû à un rythme annualisé de 9,6 % au cours des trois derniers mois de l’année, ce qui a réduit à 3,2 % la production perdue en raison de la pandémie. L’élan s’est poursuivi au début de 2021, malgré la mise en place de règles sanitaires. Par conséquent, nous avons fait passer notre prévision de croissance annuelle de 5,0 % à 6,3 %. Nous sommes d’avis que l’économie se portera bien malgré les mesures de confinement du début de 2021 et qu’elle enregistrera un taux de croissance de 4,5 %. Ainsi, le PIB devrait renouer avec son niveau d’avant la pandémie d’ici septembre.
Une réouverture stimulée par les consommateurs
Au Canada, le marché du travail s’est heurté à un obstacle quand les cas de COVID-19 ont explosé et que certains secteurs ont été contraints de fermer à nouveau à la fin de 2020. Le taux de chômage, qui avait reculé à 8,6 % en novembre, a regrimpé à 9,4 %, plus de 250 000 emplois ayant été abolis en décembre et en janvier. Ce chiffre semble dérisoire par rapport aux quelque 3 millions d’emplois perdus au printemps dernier, mais il marque la fin d’une série positive de mai à novembre, période au cours de laquelle 2,3 millions de travailleurs ont retrouvé leur emploi. L’assouplissement des mesures de confinement et l’adaptation des entreprises aux conditions changeantes ont atténué le choc. Nous nous attendons à un redémarrage sur le marché du travail quand certains des secteurs les plus durement touchés, comme ceux de la restauration et de l’hôtellerie, réembaucheront des salariés.
En 2020, compte tenu de l’aide gouvernementale substantielle et de la disponibilité limitée des services, les ménages ont regarni leur bas de laine. En effet, l’épargne collective s’élèverait à près de 200 milliards de dollars. L’appréciation des actifs a porté la valeur nette des ménages à un sommet, ce qui a permis d’accroître encore davantage les ressources pour les consommateurs. Les dépenses de consommation visant les biens ont rebondi très rapidement après la débâcle du printemps dernier, et la tendance s’est poursuivie tout au long de la deuxième vague. L’accélération de la vaccination permettra d’assouplir les restrictions et, à terme, d’ouvrir la voie à l’augmentation des dépenses consacrées aux services au deuxième semestre de 2021.
Maintien de l’aide gouvernementale
En 2021, le gouvernement continuera d’aider les chômeurs, mais les demandes d’assurance-emploi se résorberont au cours de l’année, à mesure que l’économie rouvrira et que les salariés seront réembauchés. Certains travailleurs seront touchés par les changements structurels instaurés à la suite de la pandémie. Autrement dit, le taux de chômage restera au-dessus de son niveau d’avant la crise. L’annonce du gouvernement fédéral selon laquelle il prévoit injecter de 70 à 100 milliards de dollars sur trois ans pour des programmes concernant notamment la garde d’enfants et les changements climatiques pourrait alimenter une croissance encore plus forte en 2022.
La Banque du Canada a publié des prévisions économiques optimistes en janvier, étayées par l’hypothèse que bon nombre des restrictions récentes seront assouplies en février et que la campagne de vaccination mènera à une vaste immunité d’ici la fin de 2021. D’après les chiffres qu’elle avance (croissance du PIB de 4 % cette année et de 4,8 % en 2022), l’économie n’atteindra pas sa pleine capacité avec une inflation soutenue de 2 % avant 2023. Elle prévoit donc maintenir le taux du financement à un jour à 0,25 % jusqu’à ce que ces conditions soient remplies. Selon notre meilleur scénario, cela se produira au premier semestre de 2022, conduisant la Banque du Canada à relever son taux directeur au troisième trimestre. Cela dit, elle procédera de manière calculée en ce qui a trait au retrait des mesures de relance. En conséquence, cette décision attendra probablement à 2023.
À l’instar des États-Unis, le Canada devrait voir son taux d’inflation augmenter de façon marquée à court terme, compte tenu des effets de la chute des prix il y a un an et de la hausse des cours des marchandises. L’augmentation des prix associée à la raréfaction de l’offre et aux perturbations des transports ne devrait pas persister, car l’économie mondiale se remettra sur les rails et les cours des marchandises se stabiliseront. Ainsi, on peut s’attendre à ce que l’inflation ne demeure pas très longtemps au-dessus de 3 % et que les prix recommencent à osciller autour de la cible de 2 % de la Banque du Canada en 2022. Néanmoins, la croissance de la demande liée aux dépenses des ménages devrait dépasser celle de l’offre d’ici la fin de l’année, le risque de renforcement sous-jacent plus persistant des pressions inflationnistes gagnant en importance en 2022 et au-delà.
L’amélioration des perspectives de croissance a stimulé les prix des marchandises et cet effet combiné à l’affaiblissement général du dollar américain a permis à la monnaie canadienne d’atteindre son plus haut niveau depuis le début de 2018. Nous croyons que les prix des marchandises demeureront élevés et que le cours du pétrole s’établira en moyenne à 61,50 $ cette année, ce qui est nettement supérieur à nos prévisions précédentes de 51,50 $. Si ces conditions sont susceptibles d’aider le dollar canadien, sa remontée risque d’être freinée par le fait que la Réserve fédérale américaine augmentera probablement les taux avant la Banque du Canada. Nous prévoyons que le dollar canadien passera de son niveau actuel de plus de 0,79 $ US à 0,77 $ US d’ici la fin de 2021.
Une nouvelle année record en perspective pour le marché du logement canadien
Bien que la pandémie ait paralysé l’activité au printemps, le marché du logement canadien a probablement connu la meilleure année de son histoire en 2020, l’activité ayant fortement augmenté pendant l’été et l’automne. Les ventes de maisons se sont encore accélérées au début de 2021, et nous envisageons un nouveau record, étant donné les taux d’intérêt historiquement bas, l’évolution des besoins en matière de logement, l’épargne élevée des ménages et l’amélioration de la confiance des consommateurs qui sous-tendent la demande.
Les prix des maisons ont aussi fortement augmenté en 2020 et les pressions à la hausse ont pris de l’ampleur en janvier et en février 2021. En outre, on observe des signes de surchauffe dans certains marchés. En raison de la forte demande et de l’offre limitée, les prix devraient progresser en moyenne de 8,4 % cette année. Cela dit, nous prévoyons que des signes de ralentissement se manifesteront au fil l’année et encore davantage en 2022, en raison des contraintes pesant sur l’offre, de l’apaisement de l’agitation que le marché a connue du fait de la pandémie, de la hausse modeste des taux d’intérêt et de la détérioration de l’accessibilité.
Les entreprises sont prêtes à plonger
La perspective d’une accélération de la vaccination permettant une réouverture élargie et plus durable de l’économie a renforcé la confiance des entreprises. En février, un baromètre de la confiance des petites entreprises a atteint un sommet depuis le début de la pandémie. D’après un sondage plus vaste sur les intentions de dépenses en immobilisations, les entreprises prévoient accroître leurs investissements de 7 % cette année. Par ailleurs, l’enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada pour le quatrième trimestre révèle une amélioration de la confiance des entreprises et des plans d’investissement. Comme certains secteurs, par exemple celui de la fabrication, connaissent déjà des contraintes de capacité, nous nous attendons à ce que l’activité d’investissement contribue à la reprise de l’économie en 2021.
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