L’agriculture intérieure peut servir de source locale d’aliments en milieu nordique – et urbain

L’agriculture verticale est un type d’agriculture en environnement contrôlé qui permet aux producteurs de mieux contrôler l’environnement de leurs cultures, ce qui peut être avantageux dans des conditions de culture difficiles.

La production alimentaire au moyen de l’agriculture verticale intérieure était sur le point de prendre une expansion considérable ; toutefois, les rendements du capital investi, peu prometteurs dans ce secteur, ainsi que les défis liés à l’expansion, ont ralenti celle-ci.

« Dans ce secteur, il y a eu une grosse bulle qui a plus ou moins éclaté au cours des quatre dernières années, a déclaré Alesandros Glaros, du Food and Agriculture Institute de l’Université Fraser Valley. Les entreprises qui ont résisté à la tempête sont patientes, et elles ont investi massivement dans la recherche et le développement. Elles ont adopté des technologies éprouvées et se sont intégrées à de solides chaînes logistiques locales et régionales, et elles misent beaucoup sur la collaboration. Et maintenant, on peut trouver leurs légumes-feuilles – cultivés à l’aide de méthodes d’agriculture verticale –, à des prix concurrentiels, à la fois dans les régions éloignées et dans les grandes chaînes d’épiciers. »

Il y a des exemples d’innovation dans le domaine. QuantoTech Solutions, une entreprise de technologie agricole intégrée verticalement de la Colombie-Britannique, a mis au point un système de culture dans des hangars de 2,4 m sur 3,7 m contenant des étagères conçues pour l’agriculture verticale, permettant une production annuelle de 4,8 à 7,2 tonnes d’aliments par année ; entre autres, des légumes-feuilles, des fraises et des tomates cerises. Chaque unité nécessite de 37,2 à 52 gigajoules d’énergie par année, une quantité inférieure à celle qu’exige l’alimentation en énergie d’un ménage moyen au Canada.1 Initialement, ces unités mobiles ont été mises au point pour une utilisation dans des milieux nordiques et où les conditions de culture sont difficiles. Toutefois, elles conviennent aussi aux milieux urbains.

Le système de QuantoTech Solutions comprend des hangars de 8 par 12 pieds avec des unités d’étagères pour permettre l’agriculture verticale.

Une source de production alimentaire pour les communautés isolées et du Nord du Canada

Les communautés isolées et du Nord sont confrontées à de nombreux obstacles en matière d’accès à des fruits et légumes frais ; en effet, ceux-ci sont souvent de piètre qualité et coûteux lorsqu’ils y arrivent, en provenance de centres de production ou de distribution situés au sud du 49e parallèle. À elles seules, les entreprises d’agriculture verticale intérieure ne peuvent régler le problème de l’insécurité alimentaire dans le Nord ou remplacer les sources d’aliments traditionnelles autochtones, mais elles peuvent toutefois contribuer à l’expansion de l’offre de fruits et légumes frais locaux dans la région.

Principaux points à considérer en matière d’agriculture intérieure dans les communautés isolées et du Nord :

1. L’investissement et la croissance. Avant que les producteurs puissent investir dans le démarrage ou la croissance d’une exploitation d’agriculture intérieure, ils doivent d’abord tenir compte de l’échéancier à l’égard du rendement du capital investi et de la disponibilité des subventions nécessaires pour couvrir les coûts initiaux et opérationnels.

2. L’approvisionnement en énergie et sa consommation. Au Canada, environ 178 communautés isolées autochtones et du Nord dépendent de génératrices souvent alimentées par du carburant diesel, car ces communautés ne sont pas reliées au réseau électrique nord-américain ou à l’infrastructure gazière continentale.2

3. La croissance des rendements. Pour soutenir l’exploitation, il faut simplifier l’accès aux intrants et améliorer les rendements. Le développement et le maintien de l’accès aux fournisseurs et de l’expertise locale en agriculture verticale sont essentiels.

L’expansion de l’agriculture urbaine

L’écosystème de l’agriculture verticale intérieure peut facilement être reproduit dans les milieux urbains, qui présentent toutefois des défis particuliers. Les liens avec la production agricole dans les grandes zones urbaines sont de moins en moins fréquents, car les villes se développent et la demande augmente, ce qui rend nécessaire une production commerciale à grande échelle, assortie de chaînes logistiques rationalisées. L’intégration d’exploitations agricoles verticales intérieures à de nouveaux bâtiments ou à des bâtiments rénovés est une façon de donner aux citadins un accès rapide aux produits locaux, et peut contribuer aux efforts de décarbonation des villes et du secteur de la construction.

Principaux points à considérer en matière d’agriculture intérieure en milieu urbain :

1. Créer des liens avec les consommateurs. Pour inciter les consommateurs à se procurer leurs légumes verts auprès d’une exploitation agricole verticale locale, il faudra promouvoir cette option et leur offrir une facilité d’accès.

2. Présenter un argumentaire convaincant. Pour justifier l’expansion des exploitations agricoles verticales intérieures dans des zones urbaines ou à proximité de celles-ci, il faut disposer de plus d’énergie, de plus d’espace et de plus d’investissements, et offrir un intéressant rendement du capital investi.

3. Planifier l’utilisation des terres. On observe dans les zones urbaines une concurrence féroce pour les terres. C’est pourquoi la production alimentaire devrait être stratégiquement intégrée à la planification municipale, faire l’objet d’une collaboration avec les municipalités et répondre aux besoins locaux.

L’agriculture verticale intérieure pourrait devenir une source principale de production alimentaire partout au Canada, si l’on arrive à mieux justifier son expansion. Mais pour l’instant, elle sert principalement à répondre à la demande des marchés locaux et spécialisés.

Lisa Ashton est responsable principale, Politique agricole à l’Institut d’action climatique RBC.

  1. Statistique Canada. (2024). Consommation d’énergie des ménages, Canada et les provinces.
  2. Régie de l’énergie du Canada. (2023). Aperçu du marché : Projets d’énergie propre dans les communautés isolées autochtones et du Nord.

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