- Le gouvernement de l’Ontario a revu à la baisse ses prévisions de déficit budgétaire à 6,6 milliards de dollars pour l’exercice 2024-2025, soit 3,2 milliards de dollars de moins par rapport au budget de 2024 publié au printemps.
- Il a également réduit son déficit pour 2025-2026 à 1,5 milliard de dollars (contre 4,6 milliards de dollars) et prévoit un excédent légèrement plus important de 895 millions de dollars en 2026-2027.
- Les revenus pour 2024-2025 ont augmenté de 6,9 milliards de dollars par rapport au budget de 2024 en raison d’une croissance économique plus forte que prévu et d’une imposition plus élevée (en partie grâce aux changements apportés par le gouvernement fédéral au taux d’inclusion des gains en capital).
- Parmi les nouvelles mesures politiques emblématiques, citons une remise de 200 dollars aux contribuables pour tous les adultes admissibles (coûtant 3 milliards de dollars au gouvernement) et une prolongation des réductions de taxes sur l’essence et les carburants (coûtant 625 millions de dollars sur deux ans).
- Conclusion : Les attentes ayant été surpassées au cours du premier semestre, l’énoncé économique de l’Ontario pour 2024 dresse un bilan plus positif du budget par rapport au début de l’année. Toutefois, les récents changements apportés au programme d’immigration du Canada sont susceptibles d’entraîner une détérioration de la situation budgétaire, ce qui pourrait amener le gouvernement à prendre des mesures concertées pour que l’amélioration se poursuive.
L’exposé Perspectives économiques et revue financière de l’Ontario 2024 présente un plan budgétaire amélioré par rapport à celui publié ce printemps. Toutefois, les récentes modifications apportées au plan des niveaux d’immigration du gouvernement fédéral n’ont pas été prises en compte dans les hypothèses économiques sous-jacentes, ce qui fait courir un risque de détérioration du plan budgétaire.
Après un budget quasi équilibré en 2023-2024, la province prévoit toujours un important déficit pour l’exercice en cours, qui devrait cependant être ramené de 9,8 milliards de dollars à 6,6 milliards de dollars pour l’exercice 2024-2025.
Augmentation des revenus grâce à une croissance plus forte et à des mesures fiscales fédérales
L’amélioration des perspectives budgétaires reflète en grande partie un contexte de croissance macroéconomique plus solide que prévu pour le budget de 2024. Les projections de croissance réelle et nominale ont d’ailleurs fait l’objet d’importants rajustements à la hausse : en 2024, la croissance du produit intérieur brut réel a triplé, passant de 0,3 % à 0,9 %, et celle du PIB nominal a augmenté de plus d’un point de pourcentage, passant de 2,7 % à 3,8 %.
Les changements apportés par le gouvernement fédéral au taux d’inclusion des gains en capital ont également stimulé les prévisions de revenus pour l’impôt des particuliers et des entreprises. Les rajustements générés par l’impôt sur le revenu représentent la quasi-totalité des 6,9 milliards de dollars de revenus supplémentaires attendues.
La perte de revenus de 285 millions de dollars subie par la Régie des alcools de l’Ontario sera légèrement compensée par l’extension des permis d’alcool dans les dépanneurs de la province.
Les remises et les rajustements de rémunération représentent la majorité des nouvelles dépenses
Les dépenses devraient croître de 3,8 milliards de dollars par rapport aux prévisions du budget de 2024, soit beaucoup moins que l’augmentation de 6,9 milliards de dollars des revenus, ce qui entraîne une réduction du déficit prévu pour cet exercice.
La hausse des dépenses découle en grande partie d’une nouvelle remise aux contribuables d’un montant total de 3 milliards de dollars, qui seront entièrement dépensés au cours de l’exercice. Les contribuables âgés de plus de 18 ans peuvent s’attendre à une remise de 200 dollars au début de l’année prochaine. Un montant supplémentaire de 200 $ par enfant de moins de 18 ans sera versé aux familles admissibles au paiement de l’Allocation canadienne pour enfants en 2024.
La province a l’intention de prolonger les réductions temporaires de taxes sur l’essence et le carburant, ce qui coûtera au gouvernement 625 millions de dollars supplémentaires, dont la moitié sera inscrite au résultat de l’exercice 2024-2025. La prolongation temporaire permettrait de maintenir ces réductions à 9 cents le litre jusqu’en juin 2025, soit six mois de plus par rapport à la date d’expiration fixée initialement à décembre 2024.
Le soutien au secteur de la santé – y compris l’indemnisation des travailleurs et les accords salariaux – représente 1,6 milliard de dollars de nouvelles dépenses. Une augmentation du fonds de prévoyance soustraira 900 millions de dollars supplémentaires au résultat net de la province pour l’exercice 2024-2025.
Allègement du fardeau de la dette provinciale
Le fardeau de la dette nette de l’Ontario a baissé à 37,3 % au cours de l’exercice 2023-2024, soit son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Plutôt que de grimper en flèche à près de 40 % comme prévu dans le budget de 2024, le ratio dette nette/PIB devrait désormais rester inférieur à 38 % sur la durée des perspectives budgétaires, ce qui représente une amélioration notable.
L’allègement du fardeau de la dette reflète à la fois la diminution du déficit et la révision à la hausse des prévisions du PIB nominal.
La baisse des taux d’intérêt permettra d’économiser 1,2 milliard de dollars sur le service de la dette en 2024-2025. Un rehaussement de la cote de crédit en début d’année y contribuera également.
Grâce à l’amélioration de la situation, le gouvernement provincial sera en mesure de respecter ses cibles budgétaires et nous considérons que cela envoie un message positif aux marchés.
Risque de détérioration des perspectives en raison de la réduction draconienne des cibles d’immigration
La réduction des quotas d’immigration annoncée par le gouvernement fédéral en octobre fait courir un risque important de détérioration au plan budgétaire ontarien.
La nouvelle approche devrait freiner la croissance démographique de l’Ontario et ralentir considérablement sa croissance économique, mais elle n’a pas été abordée dans l’énoncé d’automne de la province. Les projections du gouvernement en matière de revenus, de dépenses et d’endettement auraient été probablement beaucoup moins séduisantes si les nouvelles cibles d’immigration avaient été prises en compte.
Nous nous attendons à ce que le budget 2025 reflète le resserrement du programme d’immigration, ce qui exercera une pression à la baisse sur les résultats de la province. Par conséquent, le gouvernement ontarien devra probablement redoubler d’efforts pour que l’amélioration budgétaire annoncée mercredi se poursuive.
Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales.
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