Habituellement, Davos offre le cadre idéal pour les activités hivernales : un air pur, un village pittoresque et un climat prévisible.
Cette année, dame Nature nous a toutefois joué des tours. Pendant les nuits froides, six pieds de neige ont recouvert le village suisse, tandis que les journées chaudes ont transformé les rues en rivières. Chose rare à Davos, la glace et la neige fondante ont provoqué des embouteillages. Les dieux de la météo nous ont concocté une métaphore parfaite pour l’année 2018 : un monde et une économie si contrastés qu’il est difficile d’y voir clair.
Ce fut ma troisième participation au Forum économique mondial et certainement la plus enrichissante. J’ai pu constater le rythme effréné auquel les changements se produisent actuellement et les difficultés à résoudre les problèmes les plus urgents de notre époque, allant de la stagnation des revenus qui a alimenté la montée des mouvements populistes en 2016 aux scandales des abus sexuels qui ont éclaté en 2017, en passant par les inquiétudes que suscite la technologie à l’échelle mondiale en 2018. Le thème du Forum, « Construire un avenir commun dans un monde fracturé », était parfaitement adapté à la situation. Comment y arrive-t-on ?
Les alpinistes qui explorent les environs de Davos pourraient dire qu’il faut se munir d’une bonne carte, s’adapter au terrain au lieu d’avancer en ligne droite, adopter un bon rythme et travailler en équipes, tant pour monter que pour redescendre.
Voici quelques-unes des questions qui m’ont le plus interpellé au Forum tenu cette année.
1. Reprise synchronisée ou complaisance irrationnelle ?
L’économie mondiale s’est rarement si bien portée. Des 192 pays suivis par le Fonds monétaire international, 187 affichent une croissance positive, ce qui représente un nombre record. Au Canada et aux États-Unis, le taux de chômage n’a pas été aussi bas en 40 ans. L’Europe est bien avancée sur la voie de la reprise. Enfin, l’Asie connaît la croissance la plus synchronisée avec le reste du monde qu’on ait vu depuis des décennies. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les marchés soient en hausse. Un économiste a qualifié la confiance ambiante de « complaisance irrationnelle ». De fait, les actions ont progressé plus rapidement que l’économie pendant neuf années d’affilée. Rares sont ceux qui jugeraient un tel phénomène durable. La plupart des économistes présents à Davos ont estimé que sans les dernières mesures de stimulation budgétaire (entre autres, réductions d’impôt aux États-Unis et déficit actif au Canada), une correction aurait probablement lieu cette année.
Si nous sommes plus proches de la fin du cycle que du début, quels sont les facteurs susceptibles de provoquer un repli ? Lors du Forum, les dirigeants d’entreprises ont consacré une bonne partie de leur temps à examiner les menaces qui pèsent sur l’expansion. Il s’agit notamment des cyberattaques, des catastrophes naturelles et des éventuelles guerres commerciales. Elles pourraient obliger les pays en situation d’excédent (p. ex., la Chine) à cesser de financer la dette d’autres pays (p. ex., les États-Unis). Cependant, les risques politiques, comme ceux liés à la Corée du Nord, ont généralement été ignorés. La question du Brésil a été soulevée. Le pays organisera bientôt une élection importante qui pourrait porter au pouvoir un gouvernement populiste et exacerber la crise des caisses de retraite que le pays traverse. L’Italie, qui entre aussi en année électorale, a été montrée du doigt en raison de ses difficultés budgétaires. Pourtant, toutes ces préoccupations n’ont pas été considérées comme des menaces pour la reprise mondiale. Dans l’ensemble, les participants de Davos se sont montrés optimistes. Or, cet optimisme est à lui seul une source d’inquiétude.
2. Donald Trump : d’apprenti de la politique à homme fort de Davos
Donald Trump a tenu la vedette à Davos cette semaine. Avant même que son hélicoptère touche terre, il faisait l’objet de presque toutes les conversations, notamment parce que huit de ses secrétaires d’État étaient présents pour promouvoir son programme « America First ». L’an dernier, dans le sillage de l’élection de M. Trump, le Forum avait fait l’effet d’un grand blessé. Cette année, les participants semblaient cependant prêts à en découdre avec le président. La réforme fiscale des États-Unis a été bien accueillie par les entreprises. M. Trump a également défendu des thèmes, comme l’équité des échanges commerciaux et les emplois de la classe moyenne, qu’il n’était pas inconvenant d’aborder à Davos. Devant un public de gens d’affaires, ses conseillers ont affirmé ne pas être opposés aux échanges commerciaux, mais plutôt à certains pays qui, comme la Chine, ne respectent pas les règles (selon le point de vue de Washington). Leur appui à une refonte de l’ALENA était aussi manifeste. Il n’est pas exclu que le président américain signale l’abrogation de l’accord en vigueur par un préavis de six mois. Néanmoins, son équipe vise une entente avec le Canada et le Mexique qui moderniserait les conditions actuelles. Le dernier jour de sa visite, M. Trump a prononcé sa phrase-choc signifiant que les États-Unis sont l’endroit où faire des affaires (America is open for business). Cette déclaration a répondu aux attentes de la foule, même si d’autres propos ont eu moins de succès. Faut-il considérer M. Trump comme un internationaliste ? Loin de là. Il ne serait cependant pas étonnant de le revoir à Davos.
3. L’Europe est de retour… pour le moment
L’an dernier, le Forum de Davos était prêt à enterrer le projet européen et même à faire le deuil de sa tradition de démocratie libérale. Les élections qui ont eu lieu aux Pays-Bas, en France et en Allemagne ont changé la donne. Cette année, Emmanuel Macron a fait fureur à Davos en exposant la vision de son pays et du continent pour le 21e siècle. Le président français a indiqué qu’il comptait diminuer les impôts, réduire la taille du gouvernement, réformer les régimes de retraite et injecter les économies ainsi réalisées dans l’éducation et la recherche en vue de stimuler l’innovation. Heureusement, l’économie européenne a renoué avec la croissance, en partie grâce à la faiblesse des taux d’intérêt.
Toutefois, les difficultés ne sont jamais bien loin. L’Union européenne doit trouver une solution pour la sortie du Royaume-Uni et, en même temps, faire face à ses propres contradictions, notamment en ce qui concerne la taille de l’appareil gouvernemental, la liberté de déplacement et les restrictions applicables au libre-échange de services. Mark Rutte, le premier ministre néerlandais qui a remporté l’élection face au candidat nationaliste l’an dernier, s’est inquiété du fait que le continent ne prend pas les décisions difficiles au moment où il bénéficie d’un solide leadership et d’une renaissance économique. Sa patience pourrait être mise à l’épreuve durant l’élection qui se tiendra en Italie en mars, étant donné que le Mouvement cinq étoiles pourrait fort bien connaître le meilleur résultat de son histoire. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie de la France, a prévenu les participants que les populistes pourraient faire un retour en force si la croissance et l’emploi n’augmentaient pas. « Nous n’avons d’autre choix que de réussir », a-t-il déclaré
4. Chine : moins de pourparlers, plus de décisions
La Chine a été la vedette de Davos en 2017. Son président, Xi Jinping, y avait exposé le rôle de leader mondial qu’il ambitionnait pour son pays. La présence de Beijing était beaucoup moins visible cette année, mais son influence était tout aussi grande. Le premier conseiller économique de M. Xi, Liu He, a énoncé les priorités du gouvernement : réorganiser les secteurs dirigés par l’État, combattre la pauvreté et réduire la pollution. En ce qui concerne ce dernier enjeu, les spécialistes de la Chine croient que M. Xi est réellement déterminé à lutter contre les changements climatiques et qu’il est bien placé pour transformer la Chine et une bonne partie de l’Asie. L’énorme projet d’infrastructure mené par la Chine, surnommé « la Ceinture et la Route », fixe déjà de nouvelles normes environnementales pour la région et jette les bases d’un transfert massif de capital mondial. D’après les autorités chinoises, cette initiative peut générer 2 500 milliards de dollars d’échanges commerciaux en dix ans grâce à de nouveaux corridors reliant la côte du Pacifique à la mer Arabique et à la Manche.
Les ambitions de la Chine en matière de technologie ne sont pas moins impressionnantes. Elles n’émanent toutefois pas du gouvernement. Durant le Forum, Kai-Fu Lee, chef de la direction de Sinovation Ventures, a déclaré avoir investi dans 45 nouvelles sociétés chinoises d’intelligence artificielle depuis 2015. Ces investissement s’inscrivent dans un programme qu’il qualifie de course aux armements contre la Silicon Valley. Selon lui, Beijing s’est engagée à faire de la Chine un chef de file de l’IA d’ici 2030 et a construit de toutes nouvelles écoles d’ingénierie épatantes pour alimenter des entreprises comme les siennes. La Chine jouit d’un avantage : elle impose moins de restrictions en ce qui concerne la protection des renseignements personnels. Ses entreprises peuvent ainsi accéder à des données en employant des méthodes hors de portée de leurs concurrents occidentaux.
5. Les écosystèmes et l’essor du darwinisme numérique
Le Forum de Davos réunit des représentants de gouvernements, d’entreprises et d’universités ainsi que des militants. Ces participants viennent de tous les pays du monde pour faire part de leurs
expériences en ce qui concerne les nouvelles tendances. Cette année, toutes les discussions semblaient tourner autour des préoccupations entourant l’évolution rapide des relations entre les entreprises et leurs clients, et entre les gouvernements et les citoyens. Les sociétés qui s’en sortent le mieux tentent de redéfinir leurs marchés en les traitant comme des écosystèmes. Elles élaborent ces derniers en collaboration avec les fournisseurs, les partenaires et les clients. Chacun utilise les données des autres afin de comprendre les besoins des clients. Jeff Schumacher, de BCG Digital Ventures, est l’un des philosophes des écosystèmes que je préfère. Il a prédit l’émergence d’une nouvelle génération d’écosystèmes spécialisés (p. ex., les besoins des nouveau-nés) qui nous obligera à miser sur nos forces et à trouver des alliés pour pallier nos faiblesses. Un grand nombre de ces décisions seront prises pour nous grâce aux données. On ne sait pas encore si les producteurs de biens et les fournisseurs de services prospéreront dans ces nouveaux écosystèmes ou s’ils devront subir les contraintes imposées par les plateformes, comme Facebook et Amazon, qui agissent à titre d’intermédiaires. Quoi qu’il en soit, les consommateurs en sortent gagnants : choix étendu, plus grande commodité, prix plus intéressants et expériences améliorées.
Les entreprises de petite taille sont également florissantes, surtout celles qui réussissent à s’insérer dans un écosystème à croissance rapide. D’ailleurs, ce n’est peut-être pas une coïncidence si, cette année, le Forum a attiré un nombre record de petites entreprises. L’économie des plateformes perturbe les vieilles sociétés, mais favorise la création d’un grand nombre de nouvelles entreprises. Ce bouleversement darwinien pourrait même entraîner une fragmentation d’Internet, c’est-à-dire un monde numérique fracturé composé d’un grand nombre d’écosystèmes remplaçant les plateformes mondiales qui ont dominé jusqu’à présent.
6. Des gouvernements à la traîne des grandes sociétés technologiques
À une certaine époque, les mégaentreprises technologiques de Silicon Valley étaient les vedettes de Davos. Cette année, chaque table ronde semblait avoir pour but de leur attribuer tous les malheurs du monde. Marc Benioff, le fondateur de Salesforce et un pilier de Silicon Valley, a exhorté les gouvernements à renforcer la réglementation en vue de limiter l’influence des moteurs de recherche et des réseaux sociaux. George Soros est allé plus loin. Lors du souper qu’il organise chaque année à Davos, il a déclenché une tempête en déclarant que les sociétés de médias sociaux exploitaient le climat social de la même manière que les pétrolières exploitaient autrefois le milieu naturel. Il s’en est pris à Google et à Facebook, estimant que ces sociétés de « services publics » devraient être imposées et réglementées de façon beaucoup plus stricte. Selon M. Soros, l’UE étant plus forte, elle fera figure de pionnière dans ce domaine. Le président de la France, M. Macron, a exprimé un avis similaire, mais de façon plus diplomatique. Il a incité les autres gouvernements à se joindre au sien pour tenter d’assujettir l’économie numérique à de nouvelles normes fiscales à l’échelle internationale. La manière dont ce cadre serait administré n’est pas claire. On ne voit pas non plus très bien quels problèmes ces pourfendeurs de Silicon Valley veulent résoudre. Équité fiscale ? Part de marché excessive ? Violation des données confidentielles ? Non-respect des normes des médias ? Ou autre chose ? Les sociétés de technologie n’ont pas répondu aux critiques, mais elles savent qu’elles font face à un problème. Elles devront y remédier rapidement.
7. Cryptomonnaie : retour à la réalité
Les cryptomonnaies et la technologie de chaîne de blocs dont elles dépendent ont fait partie des sujets les plus chauds du Forum, mais pas forcément pour les bonnes raisons. À la fin de 2017, près de 1 400 cryptomonnaies (ou monnaies numériques) étaient en circulation. Ensemble, elles représentaient une valeur marchande d’environ 610 milliards de dollars, contre seulement 18 milliards au début de l’année. Au moins 33 d’entre elles étaient évaluées à 1 milliard de dollars ou plus. Toutefois, la grande tendance financière de 2017 n’a pas suscité un fort enthousiasme à Davos. Larry Fink, le directeur de BlackRock, les a comparées à un « indice du blanchiment d’argent ». Paul Achleitner, président de Deutsche Bank, a estimé qu’elles constituaient un phénomène temporaire, tout en rappelant que la technologie de chaîne de blocs pourrait servir à améliorer les systèmes financiers.
Le message des gouvernements est sans équivoque : il faut s’attendre à un renforcement de la réglementation. Steve Mnuchin, le secrétaire du Trésor américain, et Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international, ont tous deux fait part de leurs craintes concernant l’utilisation possible des cryptomonnaies aux fins de blanchiment d’argent et de financement des activités terroristes. Toutefois, ils n’ont évoqué aucune solution pour terrasser le monstre.
8. Le milieu du travail en crise
Les organisateurs du Forum de Davos se sont bien rendu compte que la campagne #MoiAussi a été le plus profond des mouvements sociaux observés depuis l’an dernier. L’explosion de révélations sur le harcèlement, les abus et la violence au travail a bouleversé le monde et a donné une nouvelle direction au débat sur le leadership. Le Forum a accueilli plus de femmes cette année (quoiqu’elles demeurent sous-représentées, à 21 %), y compris une présidence composée entièrement de représentantes du sexe féminin. Parmi les coprésidentes figuraient Christine Lagarde, directrice générale du FMI, Ginni Rometty, chef de la direction d’IBM, et Erna Solberg, première ministre de la Norvège.
Il est plus facile de mettre en place des initiatives que de changer la culture. Durant son discours, Justin Trudeau a invité le public à relever le défi. Selon lui, les responsables des gouvernements et des entreprises doivent s’attaquer à la nature même de nombreux lieux de travail. Alors que les dirigeants ont l’habitude de promouvoir leur pays auprès des investisseurs, M. Trudeau
a préféré défendre la morale plutôt que les intérêts commerciaux. Il a pressé les participants de Davos d’embaucher, de fidéliser et de promouvoir plus de femmes. Il a aussi invité les gouvernements à prendre des mesures pour améliorer les congés parentaux, investir davantage dans l’éducation des filles et, ce point est peut-être le plus important, changer les comportements en ce qui a trait à la diversité Selon lui, cette ouverture sera bonne pour les affaires. Elle constitue aussi un avantage canadien.
9. La confiance en berne
Le jour de l’ouverture du Forum de Davos, le rapport annuel du Baromètre de la confiance d’Edelman a révélé que nous vivions dans un monde divisé sur le plan de la confiance. La confiance gagne du terrain en Orient et recule en Occident ; le Canada se situe quelque part entre les deux. Cependant, alors que la plupart des Canadiens se méfient de leur gouvernement, nos entreprises sont celles qui suscitent le plus de confiance au monde, avant celles établies en Suisse, en Suède et en Australie. Le baromètre d’Edelman, qui repose sur un sondage mené auprès de 32 000 personnes dans 28 pays, a montré que la confiance était en berne dans 22 de ces pays. À la queue du classement, on retrouve les
États-Unis. La confiance y a chuté de 37 % à l’égard de toutes les institutions. Dans toutes les séances d’affaires auxquelles j’ai assisté, le sujet de la confiance du public et de la citoyenneté d’entreprise a figuré au cœur des discussions. Ce n’est plus une question de responsabilité sociale ou de contribution à la collectivité. Il s’agit de renforcer le rôle de l’entreprise au sein de sa collectivité et d’assurer une présence à long terme. Ce n’est pas chose facile à l’ère numérique, étant donné que la plupart des entreprises n’ont plus de contact en personne avec leurs clients et vice versa.
Il existe cependant quelques lueurs d’espoir, notamment une remontée de la confiance envers l’expertise. Dans le rapport d’Edelman, les mesures de crédibilité des experts techniques, des analystes du secteur de la finance, des journalistes, des chefs d’entreprises et des entrepreneurs prospères sont repassées en territoire positif. Cette hausse s’explique en partie par la méfiance croissante qu’inspirent les plateformes technologiques, autrefois considérées comme un facteur important de démocratisation de l’expertise. Ce déclin s’est accompagné d’une progression de la confiance envers les véritables experts. Personne ne souhaite perdre l’ouverture et la connectivité d’Internet. Toutefois, une reconnaissance des compétences ne ferait pas de mal.
10. L’apocalypse provoquée par les robots n’est pas pour tout de suite
Les chefs d’entreprises s’inquiètent de la menace que l’automatisation fait planer sur leur modèle opérationnel et leurs employés. En outre, ils craignent que les gouvernements ou le système éducatif ne puissent aider les travailleurs à échapper au tsunami qui se prépare. Nous savons que les perturbations technologiques ont rarement pour effet d’abaisser le niveau global de l’emploi. En revanche, les avancées de l’IA et de la robotique modifieront les compétences nécessaires dans la plupart des emplois plus rapidement que nous l’imaginons. Notre main-d’œuvre devra plus que jamais faire preuve d’agilité et d’adaptation. Ruth Porat, la chef des finances de Google, estime que 90 % des nouveaux emplois créés en Europe exigent des habiletés numériques. Ces emplois sont toutefois peu nombreux. Elle précise qu’il ne s’agit pas de programmation : « Il faut savoir travailler avec des feuilles de calcul, rédiger des courriels et faire des présentations. » Or, ce n’est pas toujours facile pour un chauffeur de camion ou un caissier.
Plutôt que de licencier ces employés, certaines entreprises trouvent qu’il est moins cher (et plus judicieux) d’investir dans la nouvelle tendance de la réorientation professionnelle extrême. Cependant, les gouvernements ont réduit leurs dépenses en éducation et en formation partout dans le monde. David Autor, un économiste du Massachusetts Institute of Technology, croit qu’un investissement massif dans les nouveaux systèmes d’éducation pourrait être nécessaire, à l’instar des mesures prises pour le système des universités d’État, qui a été étendu à l’aube du dernier siècle afin de venir en aide aux jeunes déplacés par la mécanisation de l’agriculture. Yuval Noah Harari, l’auteur à succès de Sapiens, croit que nous devons revoir en profondeur l’éducation et la formation continue. Sinon, la quatrième révolution industrielle pourrait avoir un coût social plus élevé que la première, pour la simple raison que, comme le dit M. Harari, plus que d’être exploités, les gens craignent d’être inutiles. Ce pourrait bien être le plus grand défi de notre temps : conserver et renforcer l’utilité humaine, alors que les machines prennent de plus en plus de place pour nous faciliter la vie. Si nous ne nous ressaisissons pas, tous les autres problèmes soulevés à Davos resteront aussi irrésolus.
Dave McKay est président et chef de la direction de RBC, la plus importante banque au Canada et l’une des plus grandes au monde selon la capitalisation boursière. M. McKay a contribué à transformer les services de détail de la banque et à intégrer de nouvelles technologies pour permettre à RBC de s’adapter à l’évolution rapide des demandes de la clientèle.
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