Les Canadiens ont déployé des efforts collectifs considérables pour aplatir la courbe de propagation de la COVID-19. Il faudra ensuite faire de même pour redresser l'économie.

Au cours des prochaines semaines, nous allons commencer à constater l’ampleur des répercussions économiques de la pandémie et du confinement qu’il a fallu observer. Le premier trimestre de l’année aura été marqué par un recul économique sans précédent en raison des pertes d’emplois et des fermetures d’entreprises inévitables, dont le pays tout entier risque de ressentir les répercussions longtemps après que la pandémie aura été maîtrisée.

En de pareilles circonstances, il est naturel de se concentrer sur les problèmes immédiats, mais nous devons aussi réfléchir à la reprise qui suivra la crise, afin d’être prêts à passer à l’action le temps venu.

Depuis le début de la crise actuelle, j’ai parlé à des dizaines de clients – des plus grandes entreprises du pays à de simples emprunteurs hypothécaires – et j’ai travaillé étroitement avec mes pairs d’ailleurs dans le monde ainsi qu’avec nos gouvernements afin de comprendre la situation et les risques complexes auxquels nous faisons face. Beaucoup d’entre nous reconnaissent maintenant qu’il est peu probable que nous assistions à une reprise économique en V, contrairement à ce qu’on espérait encore il y a quelques semaines ; il nous faudra sans doute travailler très fort au cours des prochains mois pour opérer plutôt un redressement en U.

Et nous n’atteindrons pas cet objectif sans mal. Même si les mesures de confinement sont abrogées à l’été, il faudra du temps pour effacer les cicatrices économiques laissées par la COVID-19. Heureusement, le gouvernement fédéral a mis sur pied d’importants programmes d’aide, qui totalisent actuellement plus de 100 milliards de dollars, mais il faudra qu’Ottawa et les provinces en face encore davantage.

À l’heure actuelle, il faut agir sans perdre un instant. Au cours des jours qui viennent, Équipe Canada doit réunir ses forces pour que les engagements historiques des gouvernements parviennent aux propriétaires d’entreprise, aux innovateurs, aux entrepreneurs sociaux et aux familles des quatre coins du pays. De nombreuses entreprises ne disposent que de quelques jours pour préserver leur effectif. Au cours des mois qui viennent, bien des familles auront du mal à joindre les deux bouts.

Malgré tout, les investissements historiques des autorités doivent non seulement nous permettre de survivre aujourd’hui, mais aussi servir à réformer l’économie pour demain. Et cela implique de passer de la défensive à l’offensive, comme sait le faire Équipe Canada.

Pour opérer cette transition, nous devons imaginer une nouvelle normalité, car nous ne pourrons pas revenir à nos anciennes façons de faire. Le commerce mondial ne pourra sans doute pas reprendre son cours traditionnel. Il y a peu de chances que les échanges internationaux restent inchangés. Les consommateurs, les gourmets et les touristes pourraient décider de garder leurs distances pendant un certain temps. Même le partage des technologies et des innovations pourrait ne pas revenir de sitôt à son rythme d’il y a quelques mois.

Pour un pays relativement petit comme le Canada, qui a profité sur bien des plans de l’économie mondiale ouverte, ces défis sont considérables. Cela n’implique pas nécessairement de renoncer à la mondialisation. Il nous faut toutefois, pour la première fois depuis des décennies, réfléchir aux façons d’être plus autosuffisants dans les secteurs qui comptent le plus pour notre compétitivité et notre prospérité.

Voici quelques exemples d’outils dont nous disposons :

Capital

Le Canada affiche un excellent bilan, parmi les meilleurs au monde. Le gouvernement fédéral commence à exploiter de façon plus ambitieuse sa situation financière, et il devra continuer à le faire ; par conséquent, les Canadiens doivent s’habituer à ce que leur dette collective soit plus élevée. Par ailleurs, nos banques, nos compagnies d’assurances et nos régimes de pension se classent parmi les plus solides au monde, et leur bilan enviable peut être exploité pour rétablir notre économie. Depuis la crise financière mondiale de 2008-2009, les Canadiens ont travaillé fort à consolider ces fondations et à protéger leur capital ; il est maintenant temps de mettre ce capital à l’œuvre en investissant dans les entrepreneurs et les innovateurs qui peuvent bâtir les marchés et les chaînes logistiques de demain.

Commerce

Nous avons longtemps tenu pour acquise la libre circulation des fournitures essentielles comme l’équipement médical, les médicaments, les aliments et les produits agricoles. Tout cela ne sera peut-être plus possible dans la prochaine normalité. Nos gouvernements, nos entreprises de pointe et nos universités doivent déterminer comment assurer la résilience des chaînes logistiques canadiennes. Évidemment, l’autosuffisance du pays pourrait coûter plus cher aux Canadiens, car notre marché intérieur est limité. Nous aurons besoin de nos meilleurs innovateurs pour concevoir et mettre en œuvre des technologies qui nous permettront de réaliser des gains de productivité et d’assurer ainsi la compétitivité du Canada.

Technologie

La crise a donné la possibilité à de nombreuses entreprises d’explorer d’autres manières de travailler et de garder le contact avec leurs clients. Si nous tirons parti des nouvelles technologies dans l’ensemble des secteurs, y compris au sein de la fonction publique, nous pouvons accélérer notre transition vers une économie plus concurrentielle et inclusive. De plus, nous pouvons nous assurer que ces technologies nous aident à mieux nous préparer à de futurs défis touchant la santé publique. Cela étant dit, les entreprises ne sont pas les seules à devoir évoluer. En s’appuyant sur son bilan, le Canada a l’occasion d’investir dans la prochaine génération d’infrastructures – comme les réseaux large bande par satellite en milieu rural et les villes intelligentes – en vue d’accroître notre ingéniosité, de créer des collectivités plus résilientes et de garantir des moyens de subsistance. La reprise à venir doit être axée sur les technologies numériques, optimisée par les données et assurée par des Canadiens dotés des compétences nécessaires pour affronter la prochaine décennie.

Aptitudes

Pour mener à bien cette transition, nous devons transformer nos modes d’apprentissage et de formation, afin que les entreprises et les collectivités soient mieux outillées pour faire face à un nouveau modèle de perturbation. Grâce au programme Objectif avenir, un engagement de 500 millions de dollars, et à sa série d’études Humains recherchés, la Banque Royale du Canada a encouragé au cours des dernières années les employeurs, les enseignants et les étudiants à se concentrer sur les emplois de demain. Nos écoles, collèges et universités ont répondu à l’appel en réalisant d’importants progrès qui font du système d’éducation canadien l’un des meilleurs au monde. Toutefois, si, au sortir de cette crise, nous continuons d’enseigner et d’apprendre comme nous le faisions auparavant, nous aurons échoué.

Jeunes

Malheureusement, la nouvelle génération de Canadiens portera pendant de nombreuses années les stigmates économiques de la présente crise. Si nous leur prêtons main-forte dès maintenant, ils pourront contribuer à la reprise et à la reconstruction de notre économie. Maîtrisant bien les technologies numériques, les jeunes n’ont pas tardé à s’adapter à cette nouvelle réalité. C’est pourquoi RBC s’est engagée à maintenir en poste les quelque 1 400 étudiants auxquels elle avait offert un emploi d’été, même si certains n’auront pas de lieu de travail à leur première journée. Pas d’inquiétude, cependant : la plupart d’entre eux travailleront de la maison et pourront nous aider à envisager autrement tout ce que nous pouvons bâtir ensemble. Ils représentent l’avenir et nous aideront à nous y préparer.

Au cours des mois d’épreuves et de tumultes que nous a apportés cette crise, j’ai été encouragé par la capacité des 85 000 employés de RBC à passer à un système d’exploitation mondial sans pratiquement aucune perturbation. À mes yeux, nous faisons les choses différemment, et aussi avec plus d’efficacité. Cette amélioration de nos façons de faire sera essentielle au succès de notre reprise dans un monde qui ressortira transformé de la période que nous traversons. C’est pourquoi j’ai demandé à tous nos gestionnaires de noter ce qu’ils apprennent et ce qui, selon eux, pourrait constituer la nouvelle normalité.

J’ai mis l’accent sur deux mots en particulier : « vitesse » et « envergure ». Nous avons besoin de ces deux forces pour assurer la croissance de nos activités. Les politiques publiques doivent également en tenir compte, pour que nous puissions élaborer des solutions au rythme où apparaissent nos problèmes communs, et pour que ces solutions aient une envergure à la hauteur de ce que nous observons ailleurs dans le monde.

Dans les prochaines semaines, il nous faudra avancer à une vitesse plus élevée qu’à l’habitude et viser une envergure à la fois audacieuse et ambitieuse. Nous devrons aussi maintenir la cadence, même si nous serons confrontés à des questions qui nous feront douter des moyens à employer pour nous rétablir collectivement de cette crise.

Nous devrons mettre sur pied des plans de reprise, pour déterminer quels secteurs de la société pourront reprendre leurs activités en premier et évaluer la meilleure façon de procéder pour éviter une cohue.

Par ailleurs, nous devrons investir massivement dans le dépistage à grande échelle de la COVID-19 et adopter de nouvelles approches de surveillance, afin de mieux situer le virus et d’en limiter la propagation le plus efficacement et humainement possible.

Nous devrons veiller à protéger l’ensemble des Canadiens tout en acceptant l’éventualité de coexister avec le virus, au pays et à l’étranger, avant qu’un vaccin ou un traitement efficace ne soit mis au point et produit à grande échelle.

La façon dont nous répondrons à ces questions et travaillerons ensemble dans les prochaines semaines restera ancrée dans les mémoires pendant de nombreuses années. La façon dont nous rebâtirons notre économie par la suite laissera un souvenir durable aux générations à venir.

Nous savons que cette crise est différente et plus grave que toutes celles que nous avons traversées par le passé. Nous savons aussi qu’elle peut annoncer le début d’un nouveau chapitre pour l’économie canadienne, un chapitre qui nous permettra de prospérer à l’ère numérique.

Il nous faudra unir nos forces – ce dans quoi les Canadiens excellent, même en des temps difficiles. Nous devrons adopter une approche à la fois offensive et défensive. Enfin, nous devrons comprendre que cette épreuve représente pour le Canada un défi à surmonter, mais aussi une occasion de briller.

Cela pourra être notre nouvelle normalité.

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