Au Canada, après celui du pétrole et du gaz, le secteur du transport est celui qui arrive au deuxième rang en termes de volume d’émissions ; en outre, la plupart des émissions des véhicules sont attribuables aux véhicules de promenade. On parle beaucoup de l’importance des investissements liés aux véhicules électriques. Toutefois, la transformation des véhicules moyens et lourds constitue une importante occasion de décarbonation. Ces véhicules ne représentent que 5 % du parc de véhicules au Canada, mais produisent 37 % des émissions de GES du secteur.
Les moyens de réduire les émissions des véhicules moyens et lourds constituaient le thème principal d’un récent atelier animé par le Pembina Institute, un groupe de réflexion de Calgary, dans le cadre de l’événement EV & Charging Expo 2024, à Toronto. Contrairement à d’autres conférences sur la transition énergétique, qui portent souvent sur les besoins en matière de technologie et de capitaux, on a mis l’accent sur les défis au chapitre de la mise en œuvre et de la gestion. Et cela, parce que le passage à l’électrification, même pour les véhicules lourds, est amorcé. La technologie existe et, bien qu’elle n’ait pas fini d’évoluer, on connaît ses coûts et ses avantages. Le secteur des véhicules lourds passe aussi à l’action. Même les conducteurs se préparent à la transition. Une observation émise lors de l’atelier illustre le changement de mentalité : une fois que les conducteurs de véhicules ont goûté à l’expérience du VE, sans le grand bruit des moteurs diésel, ils souhaitent passer à un véhicule de ce type.
Des experts du secteur ont souligné l’importance de trois grands axes qui contribueront à l’accélération du changement :
- La collaboration : la transition ne peut avoir lieu sans elle.
- Les décisions fondées sur les données : les données et l’information sont d’une importance capitale.
- La gestion du changement : une planification globale est essentielle.
L’atteinte d’une synergie entre les gestionnaires de parcs de véhicules et les gestionnaires de services publics devient cruciale, car ces parties sont liées dans le parcours vers la décarbonation. Les gestionnaires de parcs ne sont pas habitués à parler de kilowatts, eux qui pensent généralement en kilomètres. La courbe d’apprentissage qui les amène à choisir les types de bornes de recharge et de véhicules appropriés est pour le moins abrupte. Les gestionnaires de services publics font face à un défi différent : ils doivent développer leur infrastructure, mais ils ne sont pas sûrs de l’ampleur qu’elle doit prendre, et ils ont du mal à ajuster les échéances. De plus, ils essaient de comprendre les détails complexes des besoins énergétiques des parcs de véhicules ainsi que de trouver des options de tarifs d’électricité convenables. Une collaboration efficace permettra de rationaliser le développement des infrastructures et d’éviter les redondances tout en répondant à la demande croissante.
Avant même d’innover, les gestionnaires de parcs sont confrontés à un ensemble complexe de décisions. Le passage à un parc de véhicules électriques nécessite une planification précise, afin d’éviter les dépassements de coûts et les perturbations de l’approvisionnement. C’est alors que les données deviennent indispensables, car un élément important de la transition est le fait que l’électrification implique la numérisation. Des outils comme la télématique – par exemple, des dispositifs de repérage du véhicule – sont essentiels pour recueillir et analyser les données de chaque trajet. Souvent, la décarbonation du parc se produit un véhicule à la fois, et la réussite de celle-ci réside dans la connaissance précise du véhicule et du trajet qui conviennent le mieux dans le cadre de la transition. Il faut ensuite déterminer quand, où et comment charger les véhicules. Bien que certains gestionnaires de parcs s’avèrent être des pionniers, qui ont déjà procédé à la transition de leur parc ou mis en place des projets pilotes, d’autres en sont encore à l’étape de la planification. L’établissement de pratiques d’échange de données peut accélérer les progrès dans l’ensemble du secteur et faciliter la planification pour les gestionnaires de services publics.
De plus, l’électrification des parcs de véhicules modifie les responsabilités traditionnelles et exige une approche globale au sein des organisations. Cela implique des changements de la part de tous : notamment, les conducteurs, qui doivent modifier leurs habitudes de conduite ; les ingénieurs et les spécialistes des TI, qui doivent assurer la continuité opérationnelle au quotidien ; et les gestionnaires de la logistique, qui devront repenser des systèmes de gestion en entier. Une gestion efficace du changement est essentielle pour atteindre cet objectif important et assurer une mobilisation continue des parties prenantes internes et externes.
À mesure que les entreprises de transport et de camionnage progresseront dans la transition énergétique, une nouvelle approche de gestion pourrait s’avérer aussi importante que les moteurs et les systèmes énergétiques qui favorisent la réduction des émissions.
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