Issue #09
La plupart des pays n’ont pas fait leurs devoirs liés aux changements climatiques
➔ Pourquoi les projets énergétiques annulés refont les manchettes
➔ Indicateur « Trump »
➔ Présentation de l’Espace commercial
Sujets chauds
➔ La plupart des pays n’ont pas fait leurs devoirs liés aux changements climatiques, Pratiquement la totalité (95 %) des pays n’a pas respecté l’échéance établie par les Nations Unies pour remettre leur nouvelle feuille de route climatique pour 2035. Selon les Nations Unies, nombre d’entre eux ont demandé une prolongation pour s’assurer que leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en vertu de l’Accord de Paris soient de la plus grande qualité. Cela dit, le Canada a envoyé son plan, s’engageant à réduire ses émissions de 45 à 50 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2035. Pour suivre les progrès du Canada à l’égard de son parcours vers la carboneutralité, lisez notre bulletin annuel Action climatique 2025.
➔ Énergie Est, Northern Gateway et Énergie Saguenay de GNL. Les projets énergétiques mis sur les tablettes depuis belle lurette refont surface puisque le sujet de l’extraction des ressources et de leur livraison ailleurs qu’aux États-Unis gagne en popularité. Mais il faudrait que la réglementation change pour que ces projets bougent. Greg Ebel, chef de la direction d’Enbridge et ancien porteur du projet d’oléoduc Northern Gateway entre l’Alberta et la Colombie-Britannique, a indiqué qu’il faudrait de « véritables changements » de la part des gouvernements pour que le projet reprenne. Il faudrait notamment que les lois changent, entre autres que le Projet de loi C-69, aussi appelé la « loi antipipeline » par ses détracteurs, soit abrogé. François Poirier, chef de la direction de TC Énergie, qui a proposé le projet d’oléoduc Énergie Est reliant l’Alberta à la côte Est en 2013, a déclaré que les projets canadiens sont en concurrence avec les autres occasions de l’entreprise aux États-Unis et au Mexique. Mais une rapide révision du cadre réglementaire, note M. Poirier, signalerait la volonté du Canada de mettre les projets en chantier.
➔ BP a modifié sa stratégie. L’entreprise énergétique britannique a révélé qu’elle remodelait ses activités à faibles émissions de carbone en vue de les faire « croître, mais en engageant moins de capitaux ». Les analystes croient que cela entraînera la dilution des ambitions climatiques de l’entreprise. Ayant perdu près du quart de la valeur de son action au cours des deux dernières années, BP est aussi la cible d’un investisseur militant, qui fait partie des investisseurs aigris par les politiques de l’ancien chef de la direction. Murray Auchincloss, le nouveau chef de la direction et l’un des principaux architectes de la stratégie zéro émission nette de l’ancien régime, est à la tête du « virage profond » de l’entreprise.
➔ De formidables idées ont été dévoilées lors du lancement de notre rapport annuel sur les progrès climatiques du Canada. Parmi les idées avancées lors d’un événement tenu pour célébrer notre Action climatique 2025 : Une année de réorientation, nous en avons choisi cinq à appliquer au cours des cinq prochaines années. Envoyez-moi un courriel, à Yadullah.hussain@rbc.com, pour obtenir une copie PDF du document.
Le plan de Carney
Parlons-nous d’un plan d’action sur le climat à notre époque ? Oui, tout à fait. Mark Carney, ancien gouverneur de deux banques centrales du G7, et principal candidat à la chefferie du Parti libéral pour les prochaines élections fédérales, nous a parlé de certaines idées présentées dans sa plateforme sur la façon d’intégrer les questions climatiques dans la politique économique. Tout d’abord, comme le chef conservateur Pierre Poilievre, il souhaite abolir la taxe sur le carbone à la consommation.
Voici les grandes lignes de son ébauche de plan d’action sur le climat :
➔ Renforcer la taxe sur le carbone pour les émetteurs industriels. M. Carney veut raffiner le système de tarification fondé sur le rendement (STFR) et le prolonger jusqu’en 2035, resserrant les repères pour conserver un bon signal du prix du carbone et abaisser l’offre excédentaire de crédits. Le plan sous-entend également une collaboration entre les provinces. L’an dernier, nous avons travaillé avec l’Institut climatique du Canada et Clean Prosperity pour déterminer comment utiliser la tarification du carbone pour renforcer l’avantage concurrentiel du pays.
➔ Le plan regorge d’incitatifs destinés aux consommateurs. Parmi les idées avancées, il y a le renforcement du Prêt canadien pour des maisons plus vertes, l’augmentation des subventions pour les thermopompes et la mise en place d’outils financiers de rechange, comme une assurance hypothécaire à prix réduit pour les maisons écoénergétiques. Le plan ne fournit aucun chiffre pour tous ces incitatifs et toutes ces subventions. Une autre idée qui a attiré notre attention : l’utilisation de la technologie pour évaluer en temps réel l’efficacité énergétique résidentielle pour favoriser l’adoption de décisions plus intelligentes en matière de consommation énergétique. (Nous avons aussi écrit un article à ce sujet.)
➔ Mobiliser des capitaux. Il est difficile de mobiliser des capitaux quand la menace de droits de douane et les regards durs de nos voisins du Sud rendent les investisseurs nerveux. Selon le plan, il faudrait enfin finaliser la taxonomie de transition du Canada qui a été annulée depuis trop longtemps. « Rendre obligatoire une large diffusion de l’information sur les risques climatiques pour les entreprises à travers le Canada » constitue une autre mesure qui sera difficile à réaliser à une époque où les États-Unis s’attaquent activement aux entreprises qui respectent les règles sur le climat.
Chrystia Freeland, la rivale libérale de Carney et ancienne vice-première ministère, a aussi un programme pour transformer le Canada en « superpuissance énergétique » grâce à d’importants crédits d’impôt à l’investissement économique.
Si elle devait devenir la Première ministre, Mme Freeland a promis de « redoubler d’efforts » pour commercialiser l’énergie et les ressources canadiennes et construire des oléoducs entre l’Ouest et l’Est pour réduire la dépendance du Canada à l’égard des États-Unis et garantir la souveraineté du pays en matière d’énergie. De façon critique, son gouvernement accélérerait l’approbation chaque année de 10 projets d’importance régionale, dont trois doivent être des projets relatifs aux minéraux critiques.
Nous continuerons de surveiller les plateformes en matière de climat et d’énergie des autres candidats et des autres partis, et vous les résumerons d’ici les élections fédérales.
INDICATEUR TRUMP
Voici un aperçu des déclarations, des arrêtés, des actions et des envolées du Président américain Donald Trump et de son administration qui pourraient avoir des répercussions sur les tendances et les politiques en matière de climat.
➔ Mesure 1 : Les États-Unis ont approuvé une proposition du plus important exploitant de réseau du pays visant la construction de 50 nouvelles centrales de production d’énergie.
➔ Incidences : Supposément agnostique aux sources d’énergie, le projet devrait favoriser le gaz naturel, considéré comme plus fiable que les énergies éolienne et solaire, pour répondre aux besoins urgents en énergie. Les promoteurs d’installations aux énergies renouvelables et les groupes environnementalistes croient que les 50 nouvelles centrales « contourneront la file d’attente », ce qui retardera encore plus la construction de nouvelles fermes éoliennes et solaires.
➔ Mesure 2 : Une défenseur de l’industrie pétrogazière a été nommée à la tête du Bureau of Land Management.
➔ Incidences : Si la nomination est approuvée, Kathleen Sgamma aura la responsabilité de gérer les activités de pâturage, d’exploitation forestière, de forage et de conservation de la faune sur des terres publiques de 245 millions d’acres. Le rôle est considéré comme faisant partie de la vision de « domination énergétique » de la Maison-Blanche qui repose davantage sur les énergies conventionnelles que les énergies renouvelables.
➔ Mesure 3 : Le jour où Doug Burgum a été nommé Secrétaire à l’Intérieur, il a rédigé plusieurs décrets qui auront des répercussions directes sur les émissions de dioxyde de carbone. Bien que la « prospérité grâce à la déréglementation » et la reprise des concessions offshore de pétrole et de gaz dans plusieurs régions figurent parmi les principaux décrets signés par le Secrétaire dès le premier jour de son mandat, un autre point nous a sauté aux yeux : la prise de mesures pour prioriser la mise à jour de la liste américaine des relèvements géologiques des minéraux critiques et l’accélération de la cartographie géologique continue du pays.
➔ Incidences : Du Groenland au Canada, la nouvelle (qui a eu un mois aujourd’hui!) administration américaine considère les minéraux critiques comme un prix très précieux. Le Premier ministre Justin Trudeau a même suggéré que les minéraux critiques seraient derrière les menaces des États-Unis d’annexer le Canada par la « force économique ».
➔ Mesure 4 : Les pailles en plastique sont de retour, au détriment des pailles en carton, selon un nouveau décret exécutif présidentiel.
Incidences : « Je ne pense pas que le plastique va affecter un requin quand il mange ou qu’il se fraye un chemin dans l’océan », a dit M. Trump.
Ouf… Nous sommes convaincus d’en avoir manqué quelques-unes. Signalez-nous toute réglementation ou tout décret pertinent et nous tenterons de l’inclure dans le prochain numéro.
Espace commercial
Aujourd’hui, il est impossible de parler de climat sans parler de commerce. L’Espace commercial, une nouvelle plateforme numérique de RBC, vise à mettre en évidence les occasions qui se présentent pour le Canada sur le plan économique et qui reposent sur l’énergie et la sécurité nationale. Nous examinerons plusieurs domaines clés dans lesquels le Canada peut tirer parti de ses atouts, notamment l’agriculture, l’énergie, les minéraux critiques et les chaînes logistiques de fabrication, ainsi que les réglementations et les politiques qui stimulent les investissements dans le pays.
Lisez nos plus récentes perspectives ici :
➔ Plan de match pour mesurer l’impact d’un choc tarifaire au Canada
Au cas où vous l’auriez manqué
➔ How each country’s emissions and climate goals compare—a handy guide (Comment les émissions et les objectifs climatiques de chaque pays se comparent-ils ? – Un guide pratique)
➔ Construire de nouveaux logements à l’abri des impacts climatiques
➔ What are Ukraine’s critical minerals – and why does Trump want them? (Quels sont les minéraux critiques de l’Ukraine – Et pourquoi Trump les veut-il ?)
➔ Climate aid projects fighting extremism and unrest are closing down (Les projets sur le climat qui luttent contre l’extrémisme et les troubles sont arrêtés)
➔ Don’t say climate: how cleantech is rebranding as national security in the Trump era (Ne parlez pas de climat : Comment les technologies propres se positionnent en tant que sécurité nationale dans l’ère Trump)
L’institut à l’œuvre
➔ Chef de l’Institut, John Stackhouse siégera sur un panel à la réunion annuelle générale de la Fédération canadienne de l’agriculture qui aura lieu les 25 et 26 février à Ottawa. Modéré par Tyler McCann, directeur général à l’Institut canadien des politiques agroalimentaires, le panel sur la place du Canada dans le monde se penchera sur l’évolution des dynamiques commerciales et géopolitiques et les répercussions de celles-ci sur les politiques étrangères et commerciales du Canada, et tout particulièrement ce que cela sous-tend pour l’agriculture canadienne.
➔ L’économiste Farhad Panahov est allé au salon international de l’auto du Canada 2025. Restez à l’affût! À venir bientôt : ses plus récents commentaires sur les tendances en matière de demande de VÉ au Canada.
Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.
le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John Stackhouse, Myha Truong-Regan, Sarah Pendrith, Farhad Panahov, Lisa Ashton, Shaz Merwat, Vivan Sorab, Caprice Biasoni et Frances Dawson.
Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).
Bulletin d’information sur le climat
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses entités ne font pas la promotion, ni explicitement ni implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.