Issue #02

Le problème que pose Northvolt au Québec
Une taxonomie climatique canadienne pour attirer les capitaux verts
Un nouveau système canadien de tarification du carbone produit par le secteur industriel


Points brûlants

Le Royaume-Uni a cessé d’utiliser le charbon comme source d’énergie, le premier pays du G7 à le faire Ici au Canada, l’Alberta a éliminé cette année la production d’électricité alimentée par le charbon, mais la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick n’y sont pas encore parvenues. Shaz Merwat, responsable principal, Politique énergétique, RBC, croit que la transition vers des sources d’énergie renouvelable, combinée au stockage sur batteries et au gaz naturel, s’avérera la stratégie à privilégier pour le reste de la décennie. Cela ne suffira toutefois pas pour permettre au Canada d’atteindre sa cible zéro émission nette : il faudra mettre en œuvre des mesures de capture du carbone et mieux synchroniser les stratégies provinciales.

Le Canada a diffusé des lignes directrices en matière d’investissement durable La nouvelle taxonomie climatique a pour but de permettre aux investisseurs, institutions financières et autres parties intéressées de cibler les activités économiques « vertes » ou « en transition ». Il s’agit d’une étape importante de l’établissement au Canada d’un écosystème de finance durable, alors que des investisseurs disposant de billions de dollars en capitaux sont à la recherche d’occasions de placement dans des activités dont le caractère vert ou en transition a été vérifié. Cette taxonomie pourrait contribuer à attirer les capitaux privés si importants pour la croissance économique et la réduction des gaz à effet de serre. Même s’il reste encore beaucoup de travail à accomplir – notamment la définition des utilisations du gaz naturel comme source d’énergie de transition –, la taxonomie canadienne constitue un jalon important dans le parcours du Canada vers la carboneutralité.

Une énergie nouvelle galvanise Calgary. John Stackhouse, directeur de l’Institut d’action climatique RBC, présent à Calgary pour la conférence Energy Disruptors Unite, a constaté l’enthousiasme qui marquait l’événement. Ses principales observations : l’énergie nucléaire est de retour, les critères ESG n’ont pas disparu, et l’équité à l’égard des peuples autochtones est la nouvelle norme. Pour prendre connaissance de ses dix points à retenir, cliquez ici (AN).

À propos des énergies nouvelles : la société de Calgary TC Énergie, fondée il y a 70 ans, a abandonné ses activités liées aux pipelines de pétrole afin de se réorienter vers des sources d’énergie à plus faibles émissions de carbone. Le gaz naturel et les solutions de production d’énergie « qui s’appuient sur le nucléaire, l’accumulation hydro-électrique par pompage et les nouvelles possibilités en matière d’énergie » ouvrent pour la société la voie à une infrastructure s’apparentant à celle des services publics. Autre bonne nouvelle : l’augmentation potentielle à 4 800 mégawatts de la capacité de la centrale nucléaire Bruce Power, en Ontario, dans le cadre du projet Bruce C.

  • Un émoji pour exprimer votre frustration face aux changements climatiques. Des émojis représentant des arbres morts seront bientôt disponibles pour permettre aux citoyens d’exprimer leur angoisse face aux changements climatiques. Les ouragans Helene et Milton ne sont que les plus récents phénomènes météorologiques suralimentés par les changements climatiques. Depuis 2019, pratiquement chaque province canadienne et État américain a été victime d’une coûteuse catastrophe naturelle. Et pourtant, les politiques permettant de lutter contre les changements climatiques sont de plus en plus impopulaires à Ottawa, à Vienne et à Washington.

Prix bimensuel de l’action climatique : attribué à Shane Gross, de la Colombie-Britannique, qui a remporté le prestigieux prix Wildlife Photographer of the Year du Natural History Museum du Royaume-Uni. Sa photo Swarm of Life, ci-dessous, qui montre un banc de têtards dans un lac près de l’île de Vancouver, lui a valu cette distinction.


Copyright Shane Gross

Prix bimensuel du flop climatique : attribué à une nouvelle étude de l’Université de Cambridge qui recommande de réduire les vitesses de vol de 15 % afin de diminuer les émissions de GES, ce qui augmenterait de 50 minutes la durée des vols transatlantiques
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La production de batteries : un enjeu de taille pour le Canada et le Québec

Ayant misé sur Northvolt, Ottawa et le Québec se retrouvent maintenant devant un problème de taille. Le plus grand fabricant européen de batteries, ayant réuni 15 milliards de dollars US de capitaux provenant de l’industrie automobile, de banques et de gouvernements européens, planifiait la construction d’une usine de batteries pour véhicules électriques près de Montréal, avec l’appui de Québec et d’Ottawa.

Mais se tailler une part de marché dans ce secteur est difficile : les batteries pour VE chinoises sont moins coûteuses et offrent de meilleures performances, et la demande de nouveaux VE en Europe est à la baisse. Ces difficultés pourraient retarder d’au moins 18 mois la réalisation du projet d’usine au Québec.

Lorsqu’annoncé il y a un an, le projet a été qualifié « [d’usine qui produira les] batteries les plus vertes au monde ». Maintenant, il est plutôt perçu comme un « risque calculé », et il s’agit d’un risque énorme : en plus du financement promis par le gouvernement fédéral (voir le tableau), Northvolt a obtenu du gouvernement du Québec un prêt garanti de 240 millions de dollars pour l’acquisition d’un terrain dans la région de Montréal apte à accueillir la construction de l’usine. Le Québec a aussi investi 270 millions de dollars dans Northvolt AB, la société mère suédoise de Northvolt, et la caisse du RRQ y est allée d’un investissement de 200 millions de dollars.

Le délai dans l’exécution du projet pourrait entraver le développement de la chaîne canadienne d’approvisionnement en pièces pour VE. Le directeur parlementaire du budget estime que des trois plus importants projets liés aux VE (y compris les usines de Volkswagen et de Stellantis-LGES en Ontario), le projet de Northvolt était celui qui devait atteindre le plus rapidement, c’est-à-dire d’ici 2037, le seuil de rentabilité. Les délais potentiels dans la réalisation des plans de l’entreprise pourraient signifier que le Canada et le Québec ne tireront des avantages économiques de leurs investissements qu’en 2040 au plus tôt.

Ce projet promettait d’être la réponse du Canada aux géants chinois du secteur des batteries pour VE. Maintenant, cette industrie émergente doit résoudre des enjeux encore plus nombreux.

La tarification du carbone en transition

Les marchés du carbone industriel au Canada peuvent être des moteurs d’innovation, de croissance économique à faible intensité carbone et d’investissements, selon un nouveau rapport publié conjointement par l’Institut d’action climatique RBC, l’Institut climatique du Canada et Clean Prosperity. Or, le Canada compte actuellement neuf systèmes de tarification du carbone distincts, ce qui pose obstacle à la concrétisation de ces avantages.

Les auteurs du rapport avancent que l’harmonisation de ces marchés permettrait d’assurer leur rôle prépondérant dans la réalisation des objectifs économiques, environnementaux et géopolitiques du Canada.

ATandis que les décideurs se tournent vers la dernière moitié des années 2020 dans un monde plus fragmenté, une nouvelle approche à l’égard de nos marchés du carbone pourrait renforcer les politiques commerciales et climatiques, et favoriser un nouveau cycle de croissance à faible intensité carbone, affirment les trois instituts.

Pour lire le rapport en entier, cliquez ici.

L’institut à l’œuvre

Nous étions présents à Ottawa le 10 octobre pour Avantage carboneutralité, la plus importante conférence sur le climat au Canada, organisée par l’Institut climatique du Canada et le Groupe consultatif pour la carboneutralité. John Stackhouse a rencontré Alok Sharma et Candace Laing, de La Chambre de commerce du Canada, pour discuter de la compétitivité du Canada en matière de carbone. Suivez cette conversation sur le compte LinkedIn de John en cliquant ici.

Le capital catalytique C’était l’un des sujets dont ont discuté Myha Truong-Regan, cheffe, Recherche climatique, à l’Institut climatique RBC et Ravinder Gill, première directrice générale et cheffe, Finance durable, RBC, dans le cadre de la nouvelle série Matière à réflexion sur les perspectives climatiques, dont la première séance s’est tenue à Toronto. Pour prendre connaissance de leurs principales observations, cliquez ici.

Sur les listes de lecture des membres de l’équipe : Le chant du prophète (par Paul Lynch), Impossible ici (par Sinclair Lewis), Vers une économie à trois zéros (par Muhammad Yunus) et What If We Get It Right? (par Ayana Elizabeth Johnson).

Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.

le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John Stackhouse, Myha Truong-Regan, Sarah Pendrith, Farhad Panahov, Lisa Ashton, Shaz Merwat, Vivan Sorab, Caprice Biasoni et Frances Dawson.

Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).

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