En 2024, on comptait au-delà d’un quart de million de plus de véhicules électriques (VE) sur les routes canadiennes. Toutefois, comme on l’indique dans Action climatique 2025 : Une année de réorientation, notre rapport annuel phare, cette année, les ventes de VE au pays pourraient être affectées par la suppression progressive des mesures incitatives qui soutenaient les achats dans ce marché en pleine éclosion.

L’expérience européenne offre un indice : la fin des subventions pour véhicule électrique en Allemagne en 2023 a entraîné une hausse des ventes avant la date limite, suivie d’une baisse significative de 10 à 15 % des taux d’adoption au cours des 12 mois suivants. Des tendances similaires ont été observées dans d’autres régions de l’Europe.

Au Canada, le programme d’incitatifs du gouvernement fédéral a épuisé ses fonds au début de l’année, avant la date prévue, mettant fin à la subvention de 5 000 $ qui avait motivé les acheteurs à opter pour un VE. Le Québec, qui est en train de mettre fin à ses mesures incitatives, a également interrompu son programme pendant deux mois en raison du volume élevé de demandes. Les décideurs politiques et les acteurs de l’industrie automobile se demandent maintenant si les ventes de VE au Canada peuvent tenir la route en l’absence de mesures incitatives. Les données de janvier indiquent déjà une baisse des ventes de VE.

Grâce aux subventions, une voiture sur sept vendue l’année dernière était un VE. Ce niveau élevé peut être attribué au fait que les acheteurs se sont précipités pour faire un achat avant que les mesures incitatives ne soient progressivement supprimées. Comme on le souligne dans Action climatique 2025 : Une année de réorientation, notre rapport annuel phare, près de 90 % des ventes de VE ont bénéficié de subventions fédérales ou provinciales.

Voici les principaux facteurs qui pourraient influer sur l’adoption des VE au Canada cette année :

1. La suppression progressive des mesures incitatives. Certains constructeurs de véhicules continuent de remplacer les mesures incitatives précédemment offertes par les gouvernements afin d’atténuer les coûts pour les consommateurs. Nous croyons que les mesures incitatives demeureront un facteur d’adoption essentiel, jusqu’à l’atteinte de la parité des prix avec les véhicules à essence.

2. Les tarifs et les barrières commerciales. Généralement, les tarifs font monter les prix, et les VE n’échappent pas à cette tendance, malgré le fait qu’on trouve des véhicules de marques asiatiques, moins chers, dans ce segment. En outre, les incertitudes sur le plan géopolitique se traduisent par des retards dans la mise en œuvre des plans de production de VE au Canada.

3. Les craintes à l’égard de l’autonomie.
La crainte que la batterie se décharge complètement pendant les déplacements compte parmi les principaux facteurs de dissuasion pour les acheteurs. Cependant, l’autonomie des batteries a été grandement améliorée ; à preuve, des VE soumis à des essais par temps froid1 ont une autonomie moyenne de 300 kilomètres avec une seule charge, ce qui est suffisant pour permettre à 90 % des Canadiens de se rendre au travail chaque semaine.

4. La perception d’un manque de bornes de recharge. Ces dernières années, les sites de recharge publics se sont multipliés, passant à 12 000 au pays, tandis qu’on y compte 10 000 stations-service. Toutefois, ces sites se trouvent principalement dans des zones urbaines. Le ratio optimal est de 20 à 25 VE par borne de recharge2. Toutefois, il faudra élargir considérablement le réseau pour stimuler l’adoption des VE par les personnes n’ayant pas toujours accès à une borne de recharge à domicile.

5. L’incidence sur le climat. Selon notre rapport annuel, la croissance des ventes de VE au cours de la dernière année a contribué à réduire l’augmentation des émissions dans le secteur. Si l’objectif de ventes de VE est atteint malgré les difficultés qu’éprouvent les constructeurs automobiles, on devrait observer une autre réduction de 10 millions de tonnes en équivalent CO2 des émissions du secteur.

Pour en savoir plus sur les politiques, les personnes et les entreprises qui favorisent l’action climatique dans le secteur des transports, consultez l’analyse sectorielle de notre rapport phare ici.

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