Réduction de 50 points de base par la Banque du Canada : une approche plus graduelle se profile
Par Claire Fan
Résumé :
- Comme l’on s’y attendait, la Banque du Canada a réduit le taux du financement à un jour de 50 pb aujourd’hui. Celui-ci s’établit désormais à 3,25 %, soit l’extrémité supérieure de l’estimation de la fourchette « neutre » de la Banque du Canada (2,25 % à 3,25 %).
- La déclaration préliminaire de M. Macklem indiquait clairement que puisque les taux d’intérêt n’ont plus besoin d’être « clairement restrictifs », la banque centrale adoptera « une approche plus graduelle » des rajustements de la politique monétaire à l’avenir. Cette évolution suit nos propres prévisions selon lesquelles la Banque du Canada réduira ses taux de 25 pb lors de ses prochaines réunions en 2025.
- Nous continuons de nous attendre à ce que la faiblesse de l’économie pousse la Banque du Canada à réduire le taux du financement à un jour jusqu’à un niveau stimulant de 2 %.
Voici les détails (récapitulation de la réunion) :
- La réduction de 50 pb d’aujourd’hui est la deuxième baisse consécutive plus importante que la réduction « ordinaire » après la réduction de 50 pb d’octobre et une série de récentes réductions plus petites de 25 pb qui ont commencé en juin. Le taux du financement à un jour a été réduit de 175 pb au total.
- L’accélération des réductions de taux s’explique par les signes croissants de ralentissement persistant des activités économiques et du marché du travail. La croissance du PIB a été inférieure aux prévisions de la Banque du Canada au troisième trimestre et devrait poursuivre cette tendance au quatrième trimestre. Au Canada, le taux de chômage, qui s’établissait à 6,8 % en novembre, a augmenté de 1 % depuis l’an dernier, ou encore de 2 % depuis juillet 2022 (période de surchauffe économique).
- Dans l’ensemble, la faiblesse de la situation intérieure insinue que la future trajectoire de l’inflation évoluera plutôt à la baisse qu’à la hausse au Canada. Quelques éléments assombrissent toutefois cette perspective.
- D’abord, le rythme de l’immigration devrait ralentir fortement en 2025 et en 2026. Cela sous-tend les attentes selon lesquelles l’accroissement de la population devrait s’arrêter pour la première fois au Canada. La Banque du Canada déclare qu’elle s’attend à un ralentissement de la croissance en conséquence, mais à des effets « moins prononcés » sur l’inflation, puisque la plus faible immigration freine tant l’offre que la demande dans l’économie.
- La possibilité de perturbations du commerce a également été décrite comme « une nouvelle source importante d’incertitude », bien que les propos y relatifs soient assez vagues (à juste titre) compte tenu des fortes incertitudes associées aux scénarios possibles.
- Enfin, le congé de TPS qui doit commencer à la mi-décembre et prendre fin à la mi-février a fait l’objet d’une mention spéciale. Il réduira mécaniquement les indices de l’inflation globale (puisque les prix de l’IPC s’entendent des impôts indirects compris), mais pourrait en fait contribuer à accroître la croissance des prix sous-jacents en stimulant la demande.
- La Banque du Canada a suggéré d’examiner plutôt les mesures de base (IPC-tronq, médiane). Celles-ci éliminent les effets connexes et devraient offrir une meilleure évaluation des tensions inflationnistes au cours de ces mois.
- Pour en revenir à la croissance : au troisième trimestre, des signes timides de reprise des activités économiques avaient déjà été observés au troisième trimestre, en particulier les activités sensibles aux taux d’intérêt (dépenses de consommation, logement). Pourtant, les dépenses des entreprises ont diminué et l’économie ne tourne pas à plein régime. Les réductions de taux d’intérêt continueront de stimuler les activités, en particulier le marché du travail, avec un retard important.
- Nous nous attendons à ce que le PIB par personne demeure faible dans l’immédiat, et à ce que le taux de chômage continue d’augmenter avant de se stabiliser autour de 7 % au début de 2025. Le ralentissement persistant de l’économie en 2025 devrait finir par motiver la Banque du Canada à réduire les taux à un niveau stimulant de 2 %.
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Par Claire Fan
L’essentiel
- La Banque du Canada (BdC) a décidé de réduire le taux du financement à un jour de 50 pb aujourd’hui, car de plus en plus de signes semblent indiquer que l’économie et le marché du travail s’affaiblissent davantage que ce qui est nécessaire pour atteindre la cible d’inflation de 2 %.
- Cette réduction ne sera pas la dernière. À 3,75 %, le taux directeur est toujours restrictif, et la BdC a laissé entendre dans son communiqué de presse qu’elle effectuerait d’autres baisses pour favoriser le retour à une croissance plus vigoureuse du PIB.
L’incidence sur nos prévisions
- Nous continuons de prévoir une autre réduction de 50 pb en décembre. Le taux du financement à un jour serait alors dans le haut de la fourchette neutre estimée par la BdC (3,25 %). Nous nous attendons ensuite à un rythme d’assouplissement plus graduel en 2025.
- Nos prévisions macroéconomiques de base sont plus faibles que celles de la BdC. Nous croyons que la croissance du PIB réel restera modeste plus longtemps au Canada, puisque les taux d’intérêt demeureront restrictifs jusqu’en 2025.
- Nous prévoyons ainsi une croissance du PIB de 1,3 % en 2025, ce qui est moins que les 2,1 % de la BdC, et comparable à la croissance de quelque 1 % prévue pour cette année.
- En outre, nous nous attendons à ce que le marché du travail continue de fléchir. Selon nous, le ralentissement de l’activité, combiné au taux de chômage qui atteindrait 7 % au cours des prochains trimestres, fera croître les pressions désinflationnistes en 2025.
- Nous pensons que la BdC s’arrêtera à un taux de 2 % d’ici juillet, ce qui serait un niveau stimulant pour l’économie, un peu en deçà de la limite inférieure des estimations de la BdC, c’est-à-dire un taux neutre de 2,25 % à 3,25 %.
Les détails (récapitulation de la réunion)
- La baisse de taux d’aujourd’hui avait presque entièrement été prise en compte par le marché avant la réunion. L’Enquête sur les perspectives des entreprises du troisième trimestre et les données sur l’inflation de septembre, publiées la semaine dernière, avaient fait augmenter les probabilités d’une baisse de 50 pb. Les deux indiquaient une diminution de l’inflation actuelle et future au Canada.
- Le gouverneur Macklem a commencé sa conférence de presse en disant que le taux d’inflation était « redevenu bas » au Canada. Plutôt que de se concentrer sur la faiblesse de l’économie et sur les pressions désinflationnistes qui pourraient s’ensuivre, la BdC a présenté aujourd’hui des risques équilibrés en matière d’inflation.
- La croissance des prix du logement et des salaires demeure la principale préoccupation, mais on s’attend à ce que les deux ralentissent. En revanche, une reprise plus lente de l’économie (comme celle que nous l’anticipons) constitue le « risque le plus important ».
- Comme l’écart de production demeure très négatif (les estimations de la BdC le situaient à un niveau de -0,75 % à -1,75 % au troisième trimestre), et comme la politique monétaire est encore restrictive, nous pensons que la demande mettra plus de temps à rebondir et que l’offre excédentaire au sein de l’économie prendra plus de temps à se résorber.
- Les baisses de taux stimuleront l’économie avec un certain décalage. Même si les taux d’intérêt diminuent, de nombreux emprunteurs doivent encore s’attendre à ce que les remboursements de dette augmentent dans les années à venir. Il faudrait donc accélérer l’assouplissement encore davantage.
By Claire Fan
- La Banque du Canada a réduit le taux du financement à un jour de 25 points de base. Cette troisième baisse d’affilée du même ordre s’ajoute à celles de juin et de juillet. Cette décision est conforme aux prévisions du marché et à nos propres attentes avant l’annonce.
- Le gouverneur Macklem a de nouveau adouci le ton dans sa déclaration préliminaire pour la conférence de presse. Cet adoucissement souligne une réorientation de la banque centrale, dont l’attention est désormais centrée sur un affaiblissement graduel de l’économie qui renforce les pressions à la baisse sur l’inflation. La Banque du Canada a réitéré qu’il était raisonnable de s’attendre à d’autres réductions dans la mesure où les données confirment les attentes.
- Jusqu’à présent, les données vont dans ce sens. Comme la banque centrale l’a mentionné dans la déclaration préliminaire, de nombreuses mesures différentes de l’inflation se rapprochent toutes des niveaux « normaux » observés avant la pandémie. Par conséquent, les préoccupations relatives à l’inflation sont de plus en plus reléguées à l’arrière-plan.
- En juillet, la Banque du Canada prévoyait que l’inflation de base (moyenne de l’IPC-tronq et de l’IPC-méd) diminuerait pour s’établir à 2,5 % d’une année sur l’autre au troisième trimestre. Les dernières mesures en juillet indiquaient une moyenne de 2,6 %.
- À l’avenir, la banque centrale a beau ne pas souhaiter une inflation élevée, elle s’inquiéterait aussi de plus en plus d’une inflation inférieure à la cible, qui reflète la hausse des risques de chute de l’économie et de l’inflation par rapport aux dernières prévisions de la banque centrale.
- En fait, comme l’a indiqué la Banque du Canada, l’économie canadienne est restée en situation d’offre excédentaire au deuxième trimestre : la croissance trimestrielle annualisée du PIB s’est établie à 2,1 % et a été une fois de plus inférieure au potentiel de croissance du PIB (estimé par la banque centrale à 2,4 % pour 2024), alors que la forte hausse de la population gonfle l’offre de main-d’œuvre disponible.
- Entre-temps, la demande de personnel au Canada a ralenti et a du mal à suivre l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre. La Banque du Canada est donc portée à croire que la croissance des salaires, qui demeure forte (surtout compte tenu des données médiocres sur la productivité du travail), continuera de diminuer au cours de la période à venir.
Conclusion :
Après la troisième baisse consécutive des taux d’intérêt par la Banque du Canada en septembre, le taux du financement à un jour est encore relativement élevé (restrictif), en particulier dans un contexte de ralentissement de la croissance économique qui devrait maintenir l’inflation sur une trajectoire descendante. En dépit d’une augmentation persistante des prix dans certains segments (habitation et « certains » autres services), la Banque du Canada a nettement changé de ton en raison de son inquiétude face à l’affaiblissement graduel, mais constant, de l’économie. D’ailleurs, la croissance au troisième trimestre semble déjà destinée à être inférieure à la prévision de 2,8 % formulée par la banque centrale en juillet. Nous continuons de nous attendre à ce que la Banque du Canada décrète une autre baisse de taux en octobre.
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