La reprise de l’économie mondiale se poursuit, malgré les vagues continues de propagation du virus de la COVID-19. Le soutien constant des politiques et la faiblesse des taux d’intérêt continuent d’agir comme un baume sur la confiance des consommateurs et des entreprises. Dans les économies avancées que nous suivons, la voie de la reprise a été parsemée d’embûches. La détection du plus récent variant de la COVID-19, Omicron, assombrit davantage les perspectives, même si l’on ne sait pas encore si des mesures supplémentaires autres que les restrictions de voyage et l’augmentation des taux de vaccination seront nécessaires. Le ralentissement généralisé de l’activité qui pourrait en résulter retarderait le moment auquel le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et la zone euro récupéreront toutes leurs pertes liées à la pandémie en 2022.



L’année 2022 ne sera pas forcément de tout repos

Nous sommes optimistes quant aux perspectives, mais les risques restent élevés compte tenu de l’évolution incertaine du virus. Selon notre hypothèse de base, vu le haut degré de vaccination dans les pays que nous surveillons de près, les restrictions d’activité futures seront limitées. Toutefois, d’autres difficultés sont susceptibles de peser sur la croissance l’an prochain. Les chaînes logistiques sont altérées, le coût des intrants a augmenté et les pénuries de main-d’œuvre sont généralisées. La demande demeure forte grâce à l’amélioration des conditions du marché de l’emploi et à l’épargne massive accumulée pendant la crise. Nous prévoyons une atténuation progressive des goulots d’étranglement dans les chaînes logistiques et de la hausse du coût des intrants d’entreprises au cours de la prochaine année, mais la persistance des pénuries de main-d’œuvre limitera les perspectives de croissance du PIB à court terme.

Risques de hausse de l’inflation en 2022


Alors que les risques qui pèsent sur les perspectives de croissance se sont atténués à mesure que les taux de vaccination ont augmenté, les risques compromettant les perspectives d’inflation se sont accrus. Les effets de base liés à la réouverture, la hausse des prix des marchandises, les mesures de relance et l’augmentation du coût des intrants ont gonflé les taux d’inflation. Certains de ces facteurs s’atténueront avec le temps, mais la demande des consommateurs s’accentue et la capacité de production supplémentaire est limitée. Étant donné que l’offre de biens et de services est de plus en plus limitée alors que le pouvoir d’achat s’est accru, les taux d’inflation devraient rester supérieurs aux cibles des banques centrales en 2022. De nombreux décideurs politiques considèrent que la récente flambée de l’inflation est temporaire et prévoient un retour vers le taux cible en 2022. Les attentes d’inflation du marché ont augmenté, mais restent relativement modérées, car les investisseurs prévoient que les banques centrales commenceront à réduire la stimulation en augmentant les taux d’intérêt.

Banques centrales – les résultats avant les échéances

Le gouverneur de la Banque du Canada, M. Macklem, a résumé la situation en disant que les banques centrales établissent leur politique en fonction des résultats, et non des échéances. Cette position semble correspondre à l’opinion générale, nombreux étant ceux qui estiment que les tensions inflationnistes seront temporaires et que des mesures de relance sont encore nécessaires pour assurer une reprise complète. Ces résultats, soit l’absorption de la capacité excédentaire et l’atteinte du taux d’inflation cible, ont entraîné divers calendriers de hausse de taux pour les banques centrales que nous suivons. La Banque d’Angleterre et la Banque du Canada devraient amorcer le mouvement, suivies par la Réserve fédérale au deuxième semestre de 2022 et la Banque centrale européenne en 2023.

2022 – retour vers le futur


La reprise de l’économie canadienne s’est heurtée à quelques obstacles en 2021, mais l’année finit sans doute sur des bases plus solides, ce qui justifie la croissance de 5,1 % du PIB que nous avons prévue pour l’année. Nous nous attendons à ce que cet élan se poursuive en 2022 et à ce que l’économie progresse de 4,3 %. Selon notre hypothèse de base, compte tenu du taux élevé de vaccination, toute future restriction d’activité sera ciblée et de courte durée. Outre les risques liés à la COVID, les perturbations des chaînes logistiques, les pénuries de main-d’œuvre et la hausse du coût des intrants freineront la croissance au début de l’an prochain. Certains de ces problèmes s’atténueront à mesure que l’économie mondiale se rétablira, mais les pénuries de main-d’œuvre devraient persister en raison des obstacles démographiques à long terme liés à la diminution du taux d’activité causée par le vieillissement de la population.

Le marché du travail connaît une reprise, mais des travailleurs sont nécessaires

Au cours du deuxième semestre de 2021, la création d’emplois s’est accélérée après la chute liée au confinement du deuxième trimestre. En septembre, les effectifs étaient supérieurs à ceux d’avant la pandémie et, en octobre, le taux de chômage de 6,7 % était d’un point de pourcentage supérieur au creux atteint avant la pandémie. Les gains d’emploi ont été très importants dans des secteurs comme les services professionnels et financiers, tandis que les pertes persistent dans les secteurs fortement tributaires des rassemblements. Les postes vacants ont atteint un niveau record en septembre dans divers secteurs d’activité, notamment dans les secteurs de services à contacts fréquents comme la restauration et l’hébergement. La forte demande de main-d’œuvre se traduira par une nouvelle progression de l’emploi et une baisse du taux de chômage en 2022. Le bassin de travailleurs représentera l’obstacle à l’embauche, car la baisse de l’immigration durant la pandémie et le nombre grandissant de travailleurs atteignant l’âge de la retraite pèsent sur la population active. Il en résultera sans doute une pression à la hausse sur les salaires.



Le raffermissement du marché du travail favorisera les consommateurs en 2022, le pouvoir d’achat étant renforcé par l’abondance de l’épargne au bilan des ménages. Selon nos calculs, le bilan des ménages présente une épargne excédentaire de 280 milliards de dollars, qui, au fil du temps, seront dépensés en biens et en services, utilisés pour rembourser des dettes ou investis dans des actifs financiers et des biens immobiliers.



Le marché du logement a connu un second souffle à l’automne, après la période plus calme qui a suivi le rythme d’activité trépidant observé durant l’été, les acheteurs voulant profiter des taux hypothécaires avantageux. La pénurie de propriétés à vendre a joué un rôle important dans le marché canadien du logement, alimentant une hausse des prix supérieure à 10 %. À notre avis, à mesure que l’économie continuera de se rétablir, les vendeurs se manifesteront. Leur retour, combiné à une augmentation du nombre de logements achevés, atténuera un peu la pression sur les prix. Après l’année record de 2021, les ventes immobilières devraient ralentir en 2022 pour atteindre un taux se rapprochant du rythme moyen sur dix ans. L’augmentation des prix, qui a été d’environ 17 % cette année, sera également moindre, les gains prévus se chiffrant aux alentours de 3 %.

Les entreprises investiront pour répondre à une plus grande demande

L’optimisme des entreprises a bondi avec la remise en marche de l’économie. Plus de la moitié des entreprises sondées ont affirmé que les perspectives de ventes ont continué à s’améliorer au troisième trimestre. Les deux tiers des entreprises ont mentionné les difficultés à répondre à la demande et les énormes pénuries de main-d’œuvre. Les entreprises disposent de hauts niveaux de liquidité et un nombre croissant d’entre elles entendent investir dans leurs activités au cours de l’année à venir. Les importations de machines et de matériel se sont raffermies en 2021 et devraient continuer à augmenter. De nombreuses entreprises cherchent à investir dans la technologie, la pénurie de main-d’œuvre les incitant à automatiser les processus et la croissance des ventes en ligne favorisant le passage aux plateformes de commerce électronique.

Les entreprises s’attendent à ce que l’inflation soit plus forte qu’avant la pandémie en raison des pénuries de main-d’œuvre et de l’accroissement des revendications salariales, lesquels sont combinés aux perturbations des chaînes logistiques et à la hausse des prix des marchandises. Selon les dernières enquêtes de la Banque du Canada, près de la moitié des entreprises s’attendent à ce que le taux d’inflation moyen au Canada soit supérieur à 3 % au cours des deux prochaines années, soit la proportion la plus forte depuis au moins 20 ans.

La Banque du Canada diminuera son soutien extraordinaire en 2022


Au Canada, le taux d’inflation a atteint un sommet de 19 ans en octobre, les hausses de prix s’étant généralisées. La Banque du Canada a revu à la hausse ses prévisions d’inflation et a modifié son orientation politique en octobre, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle réduction des mesures de relance en 2022. La Banque avait déjà réduit son programme d’achat d’obligations en 2021. Elle s’attend à un ralentissement de l’inflation en 2022, à mesure que s’atténueront les effets de base et les contraintes d’approvisionnement. Toutefois, étant donné le fort degré d’incertitude quant à l’importance des capacités excédentaires de l’économie et au moment de l’assouplissement des tensions inflationnistes, nous nous attendons à ce que les décideurs réagissent rapidement et qu’ils augmentent le taux du financement à un jour au début du deuxième trimestre afin d’éviter toute hausse persistante des attentes inflationnistes. D’autres augmentations suivront sans doute au cours du deuxième semestre de l’année. C’est pourquoi nous pensons que la Banque augmentera le taux directeur de 75 pb l’an prochain pour le porter à 1 %.



Le dollar canadien n’est ni à un extrême, ni à l’autre : il se porte tout simplement bien

Grâce à la hausse des prix des marchandises et à la position relativement ferme de la Banque du Canada, le dollar canadien pondéré en fonction des échanges est en hausse de 4 % par rapport à ses creux de la pandémie. Comparativement au dollar américain, le huard a gagné 6,2 %. Nous pensons que le regain de la devise prendra fin en 2022, car la dynamique des taux d’intérêt changera en faveur du dollar américain et les prix de l’énergie seront moins favorables. Aucun de ces deux facteurs ne devrait toutefois exercer une pression suffisamment forte pour faire sortir le dollar canadien de sa fourchette de 2021. La monnaie se négociera donc à une valeur tournant autour de 80 cents américains en 2022.

 


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À titre d’économiste en chef, Craig Wright dirige une équipe d’économistes qui mènent des recherches sur l’économie, les titres à revenu fixe et les devises pour le compte de clients de RBC. M. Wright collabore régulièrement à un certain nombre de publications de RBC, et il est l’un des principaux animateurs des séances d’information que les Services économiques organisent de façon périodique pour communiquer les résultats d’analyses économiques aux clients et aux médias

Dawn Desjardins s’est jointe à l’équipe Services économiques RBC en janvier 2006 à titre de première économiste. Elle est responsable des prévisions macroéconomiques et de celles portant sur les taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis. Auparavant, Mme Desjardins était reportrice aux actualités financières de Bloomberg, à Toronto, où elle couvrait le marché obligataire et le marché des changes du Canada.

Nathan Janzen travaille à RBC depuis 2008, où il s’occupe principalement de la couverture des perspectives macroéconomiques du Canada et des États-Unis. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université McMaster et d’un baccalauréat en économie de l’Université de Regina.

 

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