Bien que la pandémie présente toujours un risque important pour l’ensemble des économies provinciales, la reprise se poursuit généralement bien. La majorité des provinces ont maintenu une croissance suffisamment robuste en 2021, dans bien des cas la plus forte depuis des décennies, pour regagner tout le terrain perdu en 2020. Nous prévoyons que les tendances positives persisteront en 2022. Les taux élevés de vaccination sont de bon augure pour un assouplissement continu des restrictions à l’échelle du pays, permettant à la reprise de s’étendre davantage. Les ménages seront enclins à réorienter une partie de leurs dépenses vers les services, tout en ayant encore les moyens de stimuler également la consommation de biens. Les entreprises chercheront à investir davantage, pressées par l’augmentation des contraintes de capacité, les pénuries de main-d’œuvre et la nécessité de s’attaquer au changement climatique. Et les gouvernements continueront de jouer un rôle constructif en maintenant les mesures de soutien nécessaires et en stimulant la reprise des secteurs durement touchés.



Le dernier souci vient d’Omicron

La détection récente du variant Omicron entraîne un risque de baisse pour nos perspectives. Beaucoup d’interrogations subsistent à propos de la virulence du variant et des interventions nécessaires pour arrêter sa propagation au pays et à l’étranger. Si d’autres restrictions s’avéraient nécessaires, la croissance de la production provinciale en 2022 s’en ressentirait. Les taux de croissance indiqués dans la mise à jour de nos perspectives ne tiennent pas compte de restrictions supplémentaires.

Croissance soutenue d’un océan à l’autre

Nous prévoyons une progression continue de toutes les économies provinciales en 2022. Toutefois, le rythme sera généralement plus lent qu’en 2021 (la Saskatchewan sera la seule exception), la phase de reprise arrivant à maturité. D’ailleurs, la maturité relative de la reprise constituera un important facteur de variation de la croissance entre les provinces. Nous nous attendons à ce que les provinces maritimes, la Colombie-Britannique, le Québec et le Manitoba soient les plus avancés dans leur reprise quand 2021 prendra fin, soit en raison d’une contraction économique relativement moindre en 2020 (Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Manitoba), d’une forte remontée en 2021 (Québec) ou des deux (Colombie-Britannique). Ces provinces atteindront la limite de leurs capacités plus tôt en 2022, ce qui entraînera une décélération plus rapide du dynamisme général.

La Saskatchewan, l’Alberta et l’Ontario prendront la tête

Par contre, les provinces productrices de pétrole et l’Ontario continueront selon nous de rattraper leur retard en 2022. Cette situation opposera une résistance au ralentissement de la croissance dans ces provinces. Dans le cas de la Saskatchewan, nous estimons que la croissance s’accélérera à 5,6 %, le plus haut taux de notre classement provincial en 2022, grâce à une augmentation des dépenses en capital, à une amélioration de l’état des cultures et à un redressement important du secteur énergétique. Ces facteurs favoriseront également la croissance en Alberta (4,7 %, deuxième rang dans notre classement). L’Ontario (4,4 %, troisième) bénéficiera d’un coup de pouce lorsque les problèmes liés aux chaînes logistiques seront résolus.

Croissance plus forte à l’échelle du pays sous l’impulsion des consommateurs

Toutes les provinces partageront un certain nombre de tendances communes. Les consommateurs continueront de jouer un rôle déterminant dans l’accroissement de l’activité en 2022 (et au-delà). Les Canadiens d’un océan à l’autre ont accumulé des niveaux records d’épargne pendant la pandémie, qui serviront de plus en plus, à notre avis, à réaliser des achats. Nous croyons qu’il existe une importante demande refoulée de services à forte proximité physique dans chaque province.
La reprise de l’immigration se fera sentir presque partout au pays. La réouverture de notre frontière devrait déclencher une vague de nouveaux arrivants, alors que le Canada s’efforce d’atteindre des cibles plus élevées de nouveaux résidents permanents (401 000 en 2021, 411 000 en 2022 et 421 000 en 2023). Nous tablons sur un retour rapide de la croissance démographique des provinces aux niveaux d’avant la pandémie ; certaines provinces (p. ex., les provinces de l’Atlantique et la Colombie-Britannique) pourraient même dépasser ces niveaux si les tendances récentes en matière de migration interprovinciale persistent.

La pénurie de main-d’œuvre demeurera une entrave, surtout en Colombie-Britannique et au Québec

L’arrivée de nouveaux travailleurs serait plus que bienvenue pour de nombreux employeurs. Les marchés du travail provinciaux se sont considérablement resserrés au cours de la dernière année. À tel point que les pénuries de main-d’œuvre seront parmi les principaux défis à relever en 2022 dans pratiquement tout le pays. À l’heure actuelle, c’est en Colombie-Britannique et au Québec que ces problèmes sont les plus graves, bien que les taux de postes vacants soient bien au-dessus des normes historiques dans toutes les provinces. Nous nous attendons à ce que la course aux candidats talentueux se traduise par une augmentation généralisée des salaires, ce qui accentuera la pression sur les entreprises qui font face à une montée des coûts des intrants.

Les perturbations des chaînes logistiques resteront parmi les préoccupations dans les centres manufacturiers provinciaux

Les perturbations des chaînes logistiques mondiales sont l’une des principales raisons pour lesquelles les coûts de nombreux intrants (et extrants) augmentent. Elles ont causé de graves maux de tête aux fabricants, en particulier ceux du secteur des véhicules et pièces automobiles, qui ont dû réduire leurs activités en raison de pénuries de pièces. D’autres secteurs, allant du commerce de détail à la construction, en souffrent également. Il s’agit de problèmes complexes dont la résolution nécessitera du temps. Cependant, nous nous attendons à ce que l’activité industrielle se redresse partout au pays lorsqu’ils seront réglés. Et ce rebond devrait constituer un atout important pour la croissance en Ontario au deuxième semestre de 2022.

La prédominance de l’inflation dans l’est du pays sera moindre en 2022

La hausse de l’inflation persistera dans toutes les provinces au cours de la prochaine année. Nous pensons toutefois que la tendance inflationniste plus forte observée à l’est du Manitoba en 2021 s’atténuera, alors que les consommateurs reprendront des habitudes de consommation plus normales.

Malgré un ralentissement dans toutes les régions du pays, le marché du logement reste effervescent

Enfin, les tendances en matière de logement seront assez semblables d’un océan à l’autre. L’activité, qui était extrêmement élevée, diminuera dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, de détérioration généralisée de l’accessibilité et d’apaisement de l’effervescence du marché provoquée par la pandémie. L’insuffisance de l’offre aura pour effet de tenir les constructeurs d’habitations très occupés, même si nous prévoyons que les mises en chantier diminueront dans l’ensemble par rapport aux niveaux exceptionnellement élevés de 2021.


Colombie-Britannique : Fort rebond malgré les catastrophes naturelles

Bien qu’elle ait été frappée par une série de catastrophes naturelles, dont, encore tout récemment, des inondations sans précédent qui ont isolé plusieurs collectivités de l’intérieur de la province, l’économie de la Colombie-Britannique a connu en 2021 l’une des plus fortes reprises au Canada. Nous prévoyons que cette tendance se maintiendra en grande partie en 2022. Les consommateurs de la Colombie-Britannique disposent encore d’épargnes considérables qu’ils peuvent utiliser pour des achats de biens et de services. La reprise de l’immigration stimulera davantage la consommation et l’investissement. La réouverture accrue de la frontière canadienne dopera le secteur du tourisme. Enfin, la poursuite des travaux liés à de grands projets d’infrastructure générera d’importantes retombées économiques. Nous prévoyons que la croissance demeurera forte, à 4,2 % en 2022 contre un taux intenable de 5,6 % en 2021.

Certes, les énormes inondations du mois de novembre posent d’importants défis à court terme pour le transport, l’agriculture, la sylviculture et de nombreux autres secteurs. Nous nous attendons à ce que les perturbations de l’économie provinciale dans son ensemble s’atténuent assez rapidement, à mesure que les travaux de réparation permettent la réouverture des principaux corridors de transport. Toutefois, la reprise sera beaucoup plus lente pour certaines collectivités. De fait, les travaux de réparation contribueront à la croissance économique de la province, alors que la destruction de propriétés et d’infrastructures n’aura presque aucun effet sur le PIB.

Les pertes d’emplois au début de la pandémie étant maintenant complètement effacées, le marché du travail de la Colombie-Britannique amorcera l’année 2022 dans un contexte difficile. La pénurie de main-d’œuvre est un problème plus grave que dans n’importe quelle autre province, le taux de postes vacants étant le plus élevé au pays (7,4 % en septembre 2021). Nous nous attendons à ce que cet enjeu demeure au cœur des préoccupations des employeurs. L’augmentation de l’immigration contribuera à améliorer la situation, sans pour autant régler totalement le problème.

Les flux migratoires nets en provenance d’autres provinces (principalement l’Alberta et l’Ontario) ont atteint un sommet en 25 ans pendant la pandémie. Nous prévoyons qu’une forte hausse de l’immigration en 2022 ramènera la croissance démographique à son niveau d’avant la pandémie, ce qui provoquera, entre autres effets, une augmentation considérable du nombre de personnes en âge de travailler.

L’investissement non résidentiel continuera de jouer un rôle majeur dans la croissance de la Colombie-Britannique. Nous nous attendons à ce que les travaux liés aux grands projets d’infrastructure, comme le pipeline Trans Mountain, le barrage hydroélectrique du site C, le terminal de gaz naturel liquéfié LNG Canada et le gazoduc Coastal Gaslink, soient d’énormes catalyseurs économiques dans plusieurs régions de la province.

Alberta : Une solide expansion économique en cours

Nous sommes étonnés de voir à quel point l’économie de l’Alberta devrait profiter du rebond des marchés mondiaux du pétrole et du gaz. La vigueur de la demande et la hausse des prix des marchandises ont stimulé le secteur énergétique de la province en 2021, ce qui a favorisé une reprise généralisée de l’économie qui se poursuivra, selon nous, pendant une bonne partie de 2022.

L’économie de la province a beaucoup de retard à rattraper. L’Alberta, qui conservait encore quelques séquelles de la récession de 2015-2016, a subi les pires conséquences de la pandémie parmi toutes les provinces, dont une chute de près de 8 % de son PIB l’an dernier. Après avoir progressé de 5,9 % en 2021, ce qui la placerait au premier rang (ex æquo avec le Québec) à l’échelle nationale, l’Alberta croîtrait de 4,7 % en 2022.

Le cycle haussier actuel du secteur du pétrole et du gaz devrait se poursuivre (quoique le variant Omicron pourrait y couper court si la récente volatilité des marchés mondiaux est le signe de ce qui nous attend). RBC a revu à la hausse ses prévisions du prix du pétrole (WTI) pour 2022 depuis la publication du dernier rapport Perspectives provinciales, compte tenu de la vigueur de la demande mondiale. Le redressement des flux de trésorerie favorisera le renforcement des activités de forage et de production de pétrole brut. En outre, l’augmentation de la capacité liée aux nouveaux pipelines (ce qui inclut le remplacement de la canalisation 3 d’Enbridge) facilitera davantage la livraison dans les marchés. Les dépenses en immobilisations du secteur devraient, quant à elles, augmenter tout en demeurant faibles par rapport à leurs niveaux d’avant l’effondrement des prix du pétrole au milieu de l’année 2014.

Les investissements dans le secteur des énergies renouvelables de l’Alberta croîtront probablement beaucoup plus rapidement. La construction de la plus grande centrale solaire au Canada (Travers Solar) est en cours dans une partie de la province connue comme la région la plus ensoleillée du Canada. L’Alberta compte présentement 61 projets d’énergie solaire en cours, qui devraient être achevés d’ici le milieu des années 2020. À notre avis, la province est en bonne position pour attirer davantage d’investissements de ce type et de cette envergure dans les années à venir.

Outre le secteur de l’énergie, d’autres éléments devraient contribuer à la vigueur de la croissance économique en 2022. Le secteur agricole devrait bien se remettre du fort repli causé par la sécheresse en 2021 (les rendements du blé et du canola ont chuté respectivement de 40 % et de 30 %). Le raffermissement du marché du travail, l’amélioration de la confiance des consommateurs, l’épargne élevée des ménages et une immigration plus forte devraient, par ailleurs, stimuler les dépenses de consommation et l’investissement résidentiel. De fait, l’Alberta est l’une des deux provinces où, selon nos prévisions, le nombre de mises en chantier devrait commencer à remonter en 2022.

Saskatchewan : De meilleures perspectives pour la prochaine année

La Saskatchewan a connu une année 2021 plus difficile que prévu. La quatrième vague de la pandémie a frappé de plein fouet la province, et de graves conditions de sécheresse ont miné la production agricole. Nous avons revu à la baisse notre prévision de croissance pour 2021, qui est passée de 3,8 % à 3,1 %. Nous nous attendons à ce que l’économie de la province se rattrape en 2022, portée par une accélération de la croissance à 5,6 %, soit le plus fort taux au pays, pourvu que les autorités puissent limiter au minimum les restrictions liées à la COVID et que les récoltes s’améliorent. Il est possible que les exportations augmentent considérablement. La forte demande mondiale d’engrais, combinée à une offre restreinte et à des prix élevés, donnera aux producteurs de potasse des occasions d’accroître leur production. Il en va de même pour les producteurs de légumineuses, qui font face à une demande plus forte en raison de sécheresses qui sévissent dans d’autres pays producteurs (notamment en Inde et en Turquie). Les perspectives quant aux exportations d’énergie sont également plus prometteuses, la hausse des prix des produits de base étant susceptible de stimuler la production de pétrole et de gaz. En outre, les dépenses en immobilisations sont sur le point d’augmenter de façon importante, puisque BHP a annoncé qu’elle entreprendra la construction de la mine de potasse Jansen, d’une valeur de 12 milliards de dollars – le plus grand projet jamais réalisé dans la province.

Cet investissement lié à la potasse sera un élément majeur qui contribuera de façon marquée à l’économie de la Saskatchewan pendant des années. Lorsqu’elle sera opérationnelle, en 2027, la mine produira 4,4 millions de tonnes de potasse par an, ce qui est quatre fois plus élevé que le niveau actuel de production de potasse de la province.

La prochaine période de forage pétrolier et gazier a démarré sur les chapeaux de roue, le nombre d’appareils de forage en activité en novembre 2021 ayant crû de près de 70 % par rapport à l’an dernier. Cette activité est soutenue par la position de trésorerie plus saine des producteurs, découlant de la forte hausse des prix du pétrole et du gaz, et laisse entrevoir un accroissement de la production en 2022.

Bien que les récoltes aient souffert de sécheresses sévères, l’essor des prix des marchandises a amorti le choc. Les exportations de produits alimentaires de la province ont tout de même tenu le coup en 2021, les prix du canola (+75 % depuis le début de l’année) et du blé (+62 %) ayant monté en flèche. Ces conditions ont atténué les répercussions sur le revenu des agriculteurs et, par conséquent, sur les recettes fiscales de la province. Nous croyons que les entreprises, les ménages et les gouvernements seront généralement en bonne position pour contribuer à la croissance économique en 2022.

Manitoba : La flambée des prix des marchandises donne un coup de pouce

Alors que l’année 2021 touche à sa fin, la plupart des signaux indiquent que l’économie du Manitoba a essentiellement retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Les prix élevés des marchandises ont largement soutenu la reprise, tout comme l’essor des investissements dans la construction. À ce jour, la grande majorité des emplois perdus à cause de la pandémie ont été récupérés, et la rémunération des employés a augmenté à un rythme supérieur à la moyenne nationale.

Le Manitoba se trouve dans une situation comparable à celle d’autres provinces des Prairies. La flambée des prix des marchandises, causée par les tensions sur les marchés du canola et du blé, a compensé la baisse des rendements des cultures, car les recettes d’exportation demeurent bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie. Il en va de même pour la production de pétrole. Le nombre de barils physiques produits quotidiennement au Manitoba a reculé de 15 % en 2021 (depuis le début de l’année), mais les prix font monter la valeur des exportations de produits énergétiques. D’après nous, les prix élevés des marchandises continueront de renforcer les flux de trésorerie des exportateurs de produits agricoles et énergétiques en 2022.

Tout au long de la pandémie, les produits alimentaires ont généré la majeure partie de la croissance des ventes de produits manufacturés au Manitoba. En 2022, la capacité de l’industrie de transformation de pois augmentera, puisque le Manitoba se positionne comme la plaque tournante des protéines végétales. La nouvelle usine de transformation de pois (Roquette) devrait tourner à plein régime l’an prochain. De ce fait, la production de ce secteur grimpera de 50 %. Les perspectives sont plus nuancées dans les autres segments du secteur manufacturier, et les problèmes de chaîne logistique devraient subsister pendant encore un certain temps.

Comme partout ailleurs au Canada, le Manitoba a enregistré une hausse record des reventes de logements en 2021, de 55 % par rapport à 2019. Nous prévoyons que l’activité ralentira au cours de l’année à venir, mais qu’elle demeurera plus soutenue que par le passé. La demande de logements sera favorisée par le rebond de l’immigration. En 2021, la province a délivré 10 000 invitations dans le cadre de son programme des Candidats. Selon nous, cet effort fera grimper le nombre de personnes sélectionnées. Ces immigrants qualifiés contribueront fortement à l’économie manitobaine. Leur arrivée permettra de combler les emplois vacants tout en stimulant les dépenses de consommation, et en engendrant une hausse des recettes fiscales de la province.

Ontario : Les signes de reprise pullulent

Presque tous les secteurs de l’Ontario montrent des signes de reprise malgré un redémarrage plus lent de l’activité par rapport à la plupart des autres provinces. Revigorés par les taux de vaccination élevés et leur fort pouvoir d’achat, les Ontariens ont repris d’assaut les restaurants, les gymnases et les arénas cet automne. Les perturbations persistantes des chaînes logistiques minent toutefois l’économie provinciale, l’empêchant de se rétablir complètement en 2021. La pleine reprise se matérialisera en 2022 lorsque les problèmes de chaînes logistiques s’atténueront et que les consommateurs dépenseront plus. La croissance économique de l’Ontario devrait s’établir à 4,4 %, inchangée par rapport à 2021 (4,4 %), et sera la plus forte à l’est des Prairies.

L’explosion de l’investissement résidentiel a joué un grand rôle au début de la reprise. Les reventes et les mises en chantier (y compris les rénovations) ont bondi, tout comme les prix des propriétés. L’activité ne devrait pas se maintenir à un niveau record (la tendance dénote déjà un ralentissement), mais le logement continuera d’être un important moteur économique en Ontario. Ce sera le cas non seulement dans les grandes agglomérations urbaines de la province, mais aussi dans les plus petites collectivités où l’afflux de migrants des grandes villes appuiera la forte demande de logements.

L’investissement non résidentiel alimentera aussi la croissance en Ontario. Le gouvernement provincial augmente de 11 % les dépenses en infrastructures publiques au cours de l’exercice 2021-2022. L’expansion du transport en commun et la construction d’autoroutes figurent parmi les grands projets. Les constructeurs automobiles de la province veulent collectivement investir 4 milliards de dollars dans la fabrication des véhicules électriques transformateurs (VE) au sein de leurs installations. À long terme, le gouvernement s’efforce de développer le Cercle de feu, une région minière à fort potentiel du nord de l’Ontario qui contient des minéraux clés utilisés dans la production de batteries de véhicules électriques.

La reprise de la production de véhicules automobiles à l’usine d’Oshawa de GM est une bonne nouvelle pour le secteur manufacturier de la province, qui doit également composer avec les goulots d’étranglement des chaînes logistiques. L’usine créera directement 1 800 emplois et renforcera la production manufacturière en 2022.

Le secteur technologique de classe mondiale de l’Ontario s’est développé pendant la pandémie. Près de 100 000 nouveaux travailleurs ont été recrutés, ce qui représente plus de la moitié de l’embauche au Canada dans le secteur. Toronto a par ailleurs surclassé les autres centres technologiques nord-américains, dont Seattle et Vancouver, en enregistrant une croissance de l’emploi de 26 %. Selon nous, ce secteur devrait se développer davantage au cours de la prochaine année.

Québec – Le rythme effréné ne persistera pas (ou ne pourra persister)

L’économie du Québec a effectué un redressement impressionnant en 2021. Les consommateurs, les entreprises et les pouvoirs publics se sont activés avec vigueur lorsque les restrictions ont été assouplies, alimentant une croissance prévue de 5,9 % – au premier rang de notre classement, à égalité avec la prévision pour l’Alberta. Et ce n’est pas encore fini. Il est possible, à notre avis, que la progression se poursuive en 2022, car les ménages de la province augmenteront leurs dépenses en puisant dans leurs importantes économies, et les entreprises investiront davantage pour s’attaquer à des problèmes de capacité grandissants. Nous nous attendons toutefois à ce que le rythme ralentisse considérablement, à 3,5 %. Les pénuries de main-d’œuvre et d’autres contraintes de capacité se feront de plus en plus sentir, et le marché du logement, dont on prévoit un ralentissement, contribuera moins à l’économie.

Les capacités inutilisées disparaissent rapidement ; le PIB est revenu aux niveaux d’avant la pandémie au deuxième trimestre de 2021, bien avant celui de l’Ontario (qui devrait atteindre ce stade au début de 2022). Par conséquent, l’année 2022 devrait être marquée par des tensions croissantes au sein de l’économie du Québec. Le stress est déjà palpable sur le marché du travail, où il y a de plus en plus de postes vacants. Le dernier relevé a fait état de 280 000 emplois non pourvus dans la province, un nombre record qui correspond à 7,3 % du total. Le taux de chômage au Québec (5,6 % en octobre) est l’un des plus bas au pays et se rapproche rapidement de ses creux antérieurs à la pandémie, inégalés depuis plusieurs décennies. Selon nos prévisions, les conditions du marché du travail resteront tendues, étant donné la forte demande et le fait qu’une proportion grandissante de la main-d’œuvre vieillissante optera pour la retraite. La course aux candidats talentueux ne fera que s’intensifier au Québec.

La nécessité d’investir dans la machinerie, l’équipement et la technologie prendra également de l’ampleur. À notre avis, les pressions s’accentueront sur les entreprises pour qu’elles augmentent leur productivité, améliorent leur efficacité et rapprochent une partie de leurs chaînes logistiques de leur marché local. L’escalade des coûts ne fera qu’accroître ces pressions.

À mesure que les taux d’intérêt augmenteront au cours de la période à venir, les tensions liées à l’accessibilité à la propriété deviendront trop importantes pour un nombre croissant d’acheteurs de maisons dans la province. Ce facteur ralentira l’activité dans un secteur qui a joué un rôle central dans la reprise économique depuis l’été 2020. Nous nous attendons à ce que les investissements résidentiels diminuent par rapport aux niveaux records (et manifestement non viables) observés en 2021. Nous prévoyons 55 000 mises en chantier en 2022, une baisse par rapport à 71 500 unités en 2021, le plus haut niveau des 34 dernières années.

Nouveau-Brunswick : La reprise passe à la vitesse supérieure

Nous croyons que le Nouveau-Brunswick entre maintenant dans la phase d’expansion de son cycle économique. Comme dans d’autres provinces maritimes, tout semble indiquer que l’économie se sera complètement rétablie en 2021. Cette situation s’explique surtout par un nombre de cas de COVID-19 généralement faible (malgré une hausse cet automne), qui permet un assouplissement plus rapide des restrictions. La forte demande et la flambée des prix des produits de base (y compris le bois d’œuvre et les produits pétroliers) ont également contribué à faire passer la reprise à une vitesse supérieure. Nous prévoyons un taux de croissance de 4,1 %, qui compenserait largement le déclin de 3,2 % subi en 2020 et placerait l’économie provinciale devant la plupart des autres en regard des niveaux d’avant la pandémie. Toutefois, l’entrée dans la phase d’expansion sera associée à un ralentissement de la croissance. Nous croyons que le rythme ralentira pour s’établir à 2,6 % en 2022, soit sous la moyenne nationale de 4,3 %.

Même si les prix du bois d’œuvre sont inférieurs à leur sommet historique atteint en mai, ils demeurent bien au-dessus des niveaux antérieurs à la pandémie, soutenus par la vigueur des mises en chantier aux États-Unis et au Canada. La demande de bois d’œuvre du Nouveau-Brunswick devrait demeurer élevée au cours de la prochaine année, selon nous, la faiblesse des stocks de logements sur le continent continuant de stimuler la construction résidentielle. La récente décision des États-Unis d’augmenter les tarifs sur les importations de bois d’œuvre résineux du Canada présente un risque, mais la forte demande et les prix historiquement élevés devraient atténuer l’incidence de cette augmentation sur les producteurs.

Les exportations de produits énergétiques continueront également d’alimenter la croissance en 2022. À notre avis, la demande d’essence augmentera à mesure que de plus en plus de travailleurs se rendront au travail et que les déplacements estivaux reprendront, ce qui est de bon augure pour les activités de raffinage de la province.

La demande de logements a explosé pendant la pandémie, en partie sous l’influence d’un afflux de migrants des autres provinces. Le Nouveau-Brunswick a affiché la plus forte progression des reventes de logements dans les Maritimes en 2021 (en hausse de 28 % pour les dix premiers mois de l’année). Nous nous attendons à ce que l’activité immobilière reste élevée en 2022, même si elle sera légèrement plus faible qu’en 2021. Des flux migratoires interprovinciaux positifs et la reprise de l’immigration apporteront un soutien.

Les perspectives pour la saison touristique de 2022 sont encourageantes. Le secteur du tourisme de la province bénéficiera d’un retour des navires de croisière dans le port de Saint John (l’accostage est déjà prévu pour 2022).

Nouvelle-Écosse : La poussée démographique alimente la reprise

La Nouvelle-Écosse connaît une forte croissance en 2021. Actuellement, nos projections tablent sur une expansion de 4,0 %, ce qui place la Nouvelle-Écosse parmi seulement cinq provinces susceptibles d’annuler complètement la baisse de l’activité observée en 2020. La remontée de la consommation de biens et de services, combinée à des investissements résidentiels records, a favorisé la reprise jusqu’à présent. Nous nous attendons à ce que la croissance retombe à 2,5 % en 2022, en raison des contraintes limitant la capacité de l’économie. À notre avis, la vigueur de la croissance démographique et des investissements résidentiels, de meilleures perspectives d’exportation et une activité manufacturière soutenue devraient stimuler l’économie de la province.

Durant la pandémie, la Nouvelle-Écosse a grandement bénéficié de la migration interprovinciale. Au cours de la période de 12 mois terminée au deuxième trimestre de 2021, elle a accueilli un nombre net de 10 000 nouveaux résidents venus d’autres provinces, établissant ainsi un nouveau record. La croissance démographique devrait donc se révéler exceptionnelle cette année et pourrait même s’accélérer en 2022, car l’immigration repartira à la hausse après le creux de la pandémie. Nous croyons que cela contribuera en partie à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, ainsi qu’à stimuler les dépenses de consommation et les recettes fiscales de la province.

Cependant, un afflux supplémentaire de Canadiens provenant de marchés où les prix sont élevés maintiendra la pression haussière sur les prix du logement. De nombreux nouveaux arrivants ont été attirés par les coûts de logement relativement abordables, évinçant les acheteurs locaux du marché. Par conséquent, les stocks ont enregistré une diminution sans précédent et la concurrence entre les acheteurs s’est exacerbée. Le prix moyen des propriétés a grimpé de 43 % pendant la pandémie, soit la plus forte augmentation de toutes les provinces. Selon nous, les constructeurs résidentiels devraient connaître une très belle année en 2022 du fait du rapport extrêmement tendu entre l’offre et la demande. Nous estimons que les mises en chantier resteront près du sommet de la dernière décennie, à 5 200 unités, soit un peu moins que les 5 600 unités réalisées en 2021.

Les perspectives pour les fabricants de la Nouvelle-Écosse sont généralement positives. Nous prévoyons qu’après la pandémie, les producteurs de fruits de mer verront une hausse de la demande de homards de la part des restaurateurs américains et chinois. La reprise attendue des escapades routières embellira les perspectives pour les fabricants de pneus de la province. Enfin, le radoub des vieux navires de la Marine canadienne et d’autres contrats permettront de maintenir en poste plus de 1 000 travailleurs de la Nouvelle-Écosse, tout en générant des retombées économiques considérables.

Île-du-Prince-Édouard : Des obstacles menacent la solide reprise économique

Tout semble indiquer que l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard s’est déjà complètement rétablie de la récession de 2020. Le taux de croissance que nous prévoyons pour 2021, de 3,6 %, placerait la province maritime bien au-delà de son niveau de production d’avant la pandémie. Pour 2022, nous prévoyons que la croissance s’établira à 2,7 %, grâce à la vigueur des investissements résidentiels et des dépenses de consommation, ainsi qu’à la poursuite de la reprise dans le secteur manufacturier.

Les ventes du secteur agroalimentaire de l’Île-du-Prince-Édouard ont fortement remonté depuis la réouverture des restaurants au Canada et aux États-Unis. Nous prévoyons que la demande croissante de homards et de produits à base de pommes de terre continuera de stimuler les exportations provinciales en 2022. Les producteurs de pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard ont enregistré en 2021 l’une des meilleures récoltes de ces dernières décennies, et ils ont pu vendre à bon prix, en raison des sécheresses qui ont sévi dans les autres provinces. Cependant, la décision du Canada d’interrompre l’exportation de pommes de terre fraîches de la province maritime vers les États-Unis, à cause de la galle verruqueuse, assombrit les perspectives des cultivateurs. Si elle était prolongée, cette interruption pourrait considérablement nuire aux exportations de la province.

La prochaine année s’annonce florissante pour les investissements résidentiels, puisque l’augmentation de l’immigration stimule la demande. En effet, l’Île-du-Prince-Édouard a accueilli en 2021 le plus grand nombre de migrants interprovinciaux et d’immigrants jamais enregistré. Nous prévoyons que cette tendance se maintiendra en 2022.

La hausse des coûts liés au logement et au transport a fait grimper l’inflation de l’Île-du-Prince-Édouard, qui a dépassé celle des autres provinces. Nous nous attendons à ce que les tensions inflationnistes persistent pendant la majeure partie de 2022 (le taux annuel se maintenant au-dessus de 4 %). Elles devraient toutefois s’atténuer progressivement à mesure que les perturbations dans les chaînes logistiques seront résolues.

Jusqu’ici en 2021, l’Île-du-Prince-Édouard a affiché le taux de croissance des ventes au détail le plus élevé au pays. Lorsque le tourisme reprendra de la vigueur en 2022, la hausse des dépenses sera encore plus soutenue. En 2021, le nombre de nuitées dans les hôtels de l’Île-du-Prince-Édouard demeure inférieur de 47 % à ce qu’il était en été avant la pandémie. Nous nous attendons à ce que le secteur du tourisme se redresse en 2022, puisque 75 navires de croisière sont déjà attendus au port de Charlottetown. Les entreprises du secteur peinent encore à pourvoir les postes vacants. Alors que le tourisme continue de se relever pour retrouver sa pleine capacité, on peut s’attendre à une pression à la hausse sur les salaires.

Terre-Neuve-et-Labrador : La route vers un rétablissement complet sera longue

Terre-Neuve-et-Labrador mettra plus de temps à se remettre complètement de la récession de 2020 que la plupart des autres provinces, compte tenu d’autres difficultés à venir. En tant que province productrice de pétrole, elle a subi un double choc en 2020 – un effondrement des prix pétroliers et une récession liée à la pandémie – qui a lourdement plombé son économie (le PIB a chuté de 5,4 %). Nous prévoyons des taux de croissance de 3,0 % en 2021 et de 2,5 % en 2022, qui ne permettraient pas à la province de regagner tout le terrain perdu. Nous devrons pour cela attendre jusqu’en 2023.

En 2020, Terre-Neuve a affiché les niveaux de production pétrolière les plus importants en dix ans. Cependant, les volumes ont chuté de 7,4 % en 2021. La production diminue à mesure que les réserves des champs pétrolifères Hibernia et White Rose s’amenuisent. De plus, le variant Omicron a récemment causé une forte volatilité des prix mondiaux du pétrole, qui, si elle persiste, pourrait miner la valeur de la production de la province. La restauration de la plateforme Terra Nova devrait toutefois entraîner une hausse de la production vers la fin de 2022. Le projet apportera un certain soutien à la production pétrolière totale de la province en 2023, annulant largement les reculs dans d’autres champs pétroliers.

L’augmentation de la production minière, la forte croissance des ventes au détail et la reprise du tourisme stimuleront l’économie de Terre-Neuve en 2022. La production accrue de minerai de fer (+11 % depuis le début de l’année) et de nickel (+39 %) profitera aux exportations de la province, car les prix des deux minéraux demeurent élevés. La migration interprovinciale favorisera les dépenses de consommation, amènera des travailleurs hautement qualifiés dans la province et stimulera les recettes fiscales.

L’accélération de la croissance des prix tout au long de la pandémie s’est traduite par une augmentation des revenus de Terre-Neuve. De plus, elle a fait grimper le PIB nominal, ce qui réduit le ratio de la dette nette au PIB de la province. Les coûts du service de la dette sont actuellement faibles, mais à mesure que la Banque du Canada ajustera les taux en 2022, nous constaterons une hausse des intérêts sur la dette à moyen terme. Dans sa mise à jour financière de l’automne, Terre-Neuve a revu à la baisse son déficit. Celui-ci a diminué de 28 % pour s’établir à 595 millions de dollars, grâce à une hausse des revenus (de 186 millions de dollars) et à une baisse des dépenses (de 45 millions de dollars).


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