Certains assimilent l’entrepreneuriat au saut dans le vide d’une personne qui confectionne ensuite son parachute. Or, l’année 2020 a exacerbé la prise de risque.

La pandémie a été particulièrement dure pour les petites entreprises du Canada. Du jour au lendemain, il leur a fallu innover, créer de nouveaux réseaux de vente et rivaliser en ligne avec des joueurs établis aux poches profondes et mieux pourvus qu’elles.

Plusieurs ont relevé le défi.

Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, les secteurs les plus durement touchés (tourisme, arts et culture) sont ceux où les taux d’adoption du commerce électronique depuis le début de la pandémie figurent parmi les plus élevés. De plus, près de 70 % des petites entreprises sur Internet indiquent que la vente en ligne a augmenté leur rentabilité, d’après un récent sondage de PayPal Canada et Edelman.

Dans le dernier épisode de l’année 2020 de la série Les innovateurs, nous nous sommes entretenus avec des entrepreneurs du Canada qui se mesurent aux grands noms du secteur de la technologie, et ce, avec une fraction de leurs ressources. Ils intègrent les données et prospèrent en ligne malgré une expérience limitée. Voici ce qu’ils peuvent nous apprendre.

Petit train va loin

Alisha Esmail, fondatrice de Road Coffee à Saskatoon, a pris conscience en janvier qu’un malheur se préparait lorsque ses fournisseurs de l’Asie ont soudainement cessé de respecter les délais de livraison. Suivant son instinct, Mme Esmail s’est retournée de bord et a lancé un site Web renouvelé facilitant la vente en ligne la veille du début du confinement en Saskatchewan.

Ayant déjà investi dans une plateforme de commerce en ligne, Andrew Feenstra, de la boutique de vélos Cyclesmith d’Halifax, faisait figure d’exception parmi les propriétaires de petites entreprises canadiennes, dont la majorité n’avait pas de site Web au début de la pandémie. En quelques semaines seulement, les ventes en ligne sont passées de 5 % à 50 % du total des ventes de Cyclesmith. Comme il était prêt, M. Feenstra a pu se consacrer à optimiser ces ventes et à dégager des gains d’efficacité.

Fabriqué au Canada : c’est possible avec un peu d’automatisation

Soslan Tsoutsiev, président de Transformer Table de Montréal, comptait auparavant sur 600 ouvriers à l’étranger pour fabriquer 60 % des produits de son entreprise. Lorsque la COVID-19 a perturbé la chaîne d’approvisionnement de Transformer Table, M. Tsoutsiev a devancé les projets de rapatriement de sa production au Québec. Pour assurer la viabilité financière de la fabrication au Canada, il a intégré l’automatisation en apprenant sur le tas. La fabrication d’un article, qui nécessitait auparavant 55 heures-personnes, a été ramenée à quatre heures : deux heures-personnes et deux heures-robots. M. Tsoutsiev a réduit ses coûts.

« Les entreprises s’aperçoivent que plus elles dépendent de la main-d’œuvre, plus elles sont vulnérables. Par contre, l’externalisation les rend aussi vulnérables. Il s’agit donc d’arriver à un équilibre », selon M.Tsoutsiev.

Toute entreprise peut devenir une entreprise de données

Même si le propriétaire de Cyclesmith était prêt à se lancer dans le commerce électronique, il ne savait pas quelle en serait l’incidence sur son entreprise. « Je possède une boutique de vélos, pas Amazon. C’est une tout autre chose de comprendre la logique des achats en ligne que de comprendre celle des achats en magasin, explique M. Feenstra.

Grâce à l’exploitation et à l’analyse de ses données, il a appris que sa procédure de vente de bicyclettes en ligne était inutilement compliquée. En prenant des mesures pour y remédier, il s’est aperçu qu’il pourrait vendre des bicyclettes à une clientèle plus diversifiée, dont des cyclistes occasionnels et des familles.

Cyclesmith a aussi constaté qu’elle comptait parmi ses clients de nombreux résidents d’Ottawa ou de Calgary, situés à des milliers de kilomètres d’Halifax. L’équipe de M. Feenstra, qui cherche à prendre de l’expansion dans ces villes, utilise maintenant les données pour définir la stratégie à suivre pour rivaliser avec les boutiques de vélos qui y ont pignon sur rue.

Mme Esmail, propriétaire de Road Coffee, a adopté des stratégies agiles et à faible coût de marketing numérique, et elle a utilisé les renseignements tirés des données pour accroître sa clientèle. En misant sur l’optimisation des moteurs de recherche et l’analyse des données ainsi que sur le suivi constant des mesures, Road Coffee est parvenue à doubler le nombre de ses abonnés et à faire croître ses ventes de façon importante. Elle a mis à profit pour ce faire le « marketing de croissance », technique des géants de la technologie que Mme Esmail a reprise à son compte. En voici un exemple : suivez dix personnes sur Instagram, commentez leurs publications tous les jours pendant cinq jours, puis envoyez-leur un message direct dans lequel vous leur posez une question, tout en leur apportant de la valeur d’une façon ou d’une autre. Et voilà, vous obtenez un fidèle abonné.

Si vous n’êtes pas certains de les vaincre, imitez-les

Brandon Grossutti, copropriétaire du restaurant PiDGiN de Vancouver, versait à contrecœur des frais élevés à des fournisseurs d’applications de livraison.

Il s’est servi de son expérience en technologie informatique pour concevoir sa plateforme de livraison, FromTo, afin d’offrir aux restaurants de la région de Vancouver des services de livraison et de soutien sans commission. Son idée : créer des conditions égales pour les restaurateurs de la région. Les restaurants du quartier de M. Grossutti disposent maintenant d’une solution de rechange économique à celle des grands du secteur de la livraison. L’interface est conviviale et les conditions sont avantageuses. La plateforme FromTo, qui comptait initialement six restaurants adhérents, a maintenant noué 24 partenariats et est en voie d’en conclure 60 de plus.

 

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