Budget Du Québec 2021

  • Le gouvernement prévoit un déficit de 12,3 milliards de dollars en 2021-2022.
  • Il suspend l’application de la Loi sur l’équilibre budgétaire et vise le retour à l’équilibre dans sept ans.
  • Il annonce 15 milliards de dollars de nouvelles dépenses, dont 5,2 milliards en 2021-22.
  • Pas de nouveaux impôts ou taxes.
  • La dette nette culminera à 45,5 % du PIB en 2021-2022 avant de diminuer progressivement.


Il est évident que le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, songeait encore à la pandémie lorsqu’il a annoncé son budget de 2021. La réponse aux conséquences sanitaires et aux difficultés subies par les Québécois et les entreprises a demandé à la province une quantité phénoménale de ressources qui contribuera à un impressionnant déficit de 12,3 milliards de dollars l’année prochaine, soit un peu moins que les 15 milliards de l’exercice 2020-2021. Toutefois, le ministre Girard a aussi décidé de s’attaquer à certains des problèmes du système de santé que la pandémie a exposés et de jeter les bases d’une reprise complète, durable et inclusive. Le budget de 2021 comprend des dépenses de 15 milliards en six ans pour financer de nouvelles mesures visant à renforcer le système de santé, à appuyer la prochaine génération de Québécois et à stimuler la croissance économique. Le gouvernement dépensera 5,2 de ces 15 milliards en 2021-2022.

Suspension de la Loi sur l’équilibre budgétaire

Ce choix fait en sorte que le gouvernement aura plus de difficulté à équilibrer son budget dans le délai de cinq ans actuellement exigé par la loi. Le ministre Girard a donc annoncé que le Québec suspendrait l’application de cette loi pour retrouver l’équilibre budgétaire dans sept ans (2027-2028). Il s’est aussi engagé à ne pas imposer de restrictions budgétaires tant que l’emploi n’aura pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie à l’échelle provinciale. Comme, selon les projections, le marché de l’emploi se sera entièrement rétabli en 2022, les restrictions budgétaires réapparaîtront en 2022-2023 (les dépenses que le gouvernement prévoit consacrer à des programmes autres que la santé, l’éducation et les études postsecondaires diminueront de 0,2 % cette année-là).



Un plan à plus long terme : le déficit sera épongé en sept ans

Le budget 2021 comporte les premières ébauches du plan de sept ans pour retrouver l’équilibre. Le ministre Girard a exposé ses quatre principes directeurs : ne pas augmenter le fardeau fiscal, lier l’augmentation des dépenses à celle des revenus, accélérer la croissance économique et demander une augmentation de la contribution du gouvernement fédéral aux dépenses en matière de santé. Les dernières années du plan révèlent tout de même d’importantes lacunes. D’ici 2027-2028, des mesures qui ne sont pas encore définies accapareront 6,5 milliards de dollars. C’est ce que le gouvernement appelle son déficit structurel. Le plan s’étoffera au fil des prochains budgets. Il n’y a aucun doute que la province s’attend à ce que le gouvernement fédéral contribue à combler ces lacunes.



Le gouvernement ratera ses cibles en matière de dette

Le ministre Girard avait une autre raison de suspendre sa Loi sur l’équilibre budgétaire : la province est en train de rater les cibles précisées par cette loi. À cause d’une succession de déficits importants, la dette brute de la province devrait atteindre 47 % du PIB en 2025-2026 (dépassant ainsi la limite de 45 %), et la dette représentant les déficits cumulés, 24,6 % du PIB (dépassant ainsi la limite de 17 %). L’adoption d’une recommandation de la vérificatrice générale, qui consistait à changer le traitement comptable de certains paiements de transfert à des entités comptables, complique la tâche sur certains plans. En raison de ce changement, la dette nette et la dette représentant les déficits cumulés ont été rehaussées de 12,4 milliards de dollars en 2019-2020. La dette brute est cependant restée la même. Selon les projections du budget de 2021, la dette nette augmentera de 15 milliards en 2021-2022 pour atteindre 199 milliards de dollars, puis de 14 milliards de dollars en 2022-2023 pour atteindre 213 milliards. En pourcentage du PIB, la dette nette culminera à 45,5 % en 2021-2022 avant de diminuer progressivement jusqu’à 40,7 % d’ici 2027-2028.



La gestion de cette dette plus lourde demeurera toutefois supportable. Le coût du service de la dette augmentera, mais il n’atteindra que 7,0 % des revenus en 2021-2022, ce qui est largement inférieur aux 10 % et plus qu’il représentait il y a cinq ans. Le rapport entre le coût du service de la dette et les revenus devrait diminuer à moyen terme, ce qui s’explique surtout par la faiblesse des taux d’intérêt.

Le programme de financement du gouvernement passera de 38,4 milliards en 2020-2021 à 28,5 milliards de dollars en 2021-2022. Selon les prévisions, il atteindra ensuite 32,2 milliards en 2022-2023 puis, en moyenne, 31 milliards de dollars les trois années suivantes.

Un budget à la fois défensif et offensif

Comme la troisième vague de la pandémie soulève des préoccupations alors que les campagnes de vaccination massive donnent de l’espoir, les prévisions sont à la fois prometteuses et incertaines. Le budget de 2021 est à la fois défensif et offensif. Il consacre plus de 10 milliards de dollars de financement supplémentaire sur six ans à la défense et au renforcement du système de santé provincial, dont 7 milliards de dollars serviront précisément à surmonter la crise sanitaire, et 2 milliards à améliorer les services aux personnes âgées. Il prépare aussi le Québec pour l’avenir en augmentant les investissements dans le système scolaire, la formation professionnelle, l’accélération de la transition numérique (notamment l’expansion des services d’accès Internet à haute vitesse), et l’aide à la reprise des secteurs du tourisme et de la culture, qui ont été durement touchés.

Les mesures de lutte au déficit se retrouveront dans un autre budget

Tout en restant résolu à réduire le déficit, le gouvernement a sagement évité de s’empresser d’adopter des mesures visant à l’éliminer. À ce stade de reprise précoce, l’économie reste trop fragile pour que l’on puisse cesser de la soutenir. Les restrictions aux dépenses, les augmentations d’impôts (ou les deux à la fois) seront à l’ordre du jour dans un autre budget. En fait, le taux d’imposition des petites entreprises a été réduit de 4 % à 3,2 %. Cela dit, le gouvernement devait présenter un plan de réduction du déficit et de la dette à plus long terme. Ce plan est encore à l’état d’ébauche, comporte de nombreuses lacunes et nécessitera la coopération du gouvernement fédéral, mais il constituera tout de même une référence utile pour évaluer les progrès accomplis au cours des prochaines années.



 

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