Au cours de son histoire, Davos a connu plusieurs âges d’or. Dans les années 1880, cette ville des Alpes suisses devint en Europe l’une des premières destinations touristiques des nouveaux grands voyageurs. Elle acquit un nouveau lustre dans les années 1920, comme station thermale fréquentée par les « nouveaux riches » du continent. Dans les années 1990, sa renommée ne fit que croître : devenue le cadre du Forum économique mondial (FEM), elle allait s’imposer comme le point de rassemblement des têtes pensantes de la mondialisation.

Ce paradis des skieurs est sorti cette semaine de sa léthargie relative, gagné par une fièvre typiquement américaine. En retrait, les États-Unis ? Pas vraiment : Davos accueillait 700 de leurs représentants – géants de la Silicon Valley, milliardaires de Wall Street, prix Nobel, industriels et même, puisque l’or était à l’honneur, ces champions olympiques que sont les légendes du ski Lindsay Vonn et Picabo Street. Clou du spectacle : Donald Trump, nouveau président et vieil habitué de Davos, était présent en vidéoconférence, reprochant aux autres pays et chefs d’entreprise de ne pas faire leur part tout en soulignant le caractère unique des États-Unis. Âge d’or ou non ? Une nouvelle ère semble en tout cas s’être ouverte, pas seulement pour les 50 chefs d’État et les 3 000 autres participants au Forum, mais aussi pour une grande partie de la planète.

Voici quelques-uns des traits saillants de Davos 2025.

1. Les États-Unis ont rarement été aussi sûrs d’eux

Face à l’exubérance des PDG américains et des investisseurs, un habitué de Davos s’est dit pris de vertige. En annonçant triomphalement un « âge d’or », M. Trump semble avoir galvanisé le milieu des affaires. L’année 2025 se présente sous un tout nouveau jour. La vigueur de l’économie américaine est telle que le Fonds monétaire international prévoit un taux de croissance mondial de 2,7 % en 2025, contre 2,2 % jusqu’ici. De fait, les grandes sociétés investissent à tour de bras, notamment dans l’intelligence artificielle (IA), et des acquisitions sont à prévoir. C’est essentiellement vers les États-Unis que se tournent aujourd’hui les investisseurs. Au cours des 12 mois qui ont précédé le retour de M. Trump à la Maison-Blanche, le pays a attiré pour 227 milliards de dollars américains de tout nouveaux investissements, soit au moins 100 milliards de plus que la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni à eux trois. Les consommateurs reprennent également confiance. Quant à la promesse du président de réduire l’impôt des entreprises et d’alléger considérablement la réglementation, elle a vite réveillé les instincts des tenants du marché libre. Même la menace des tarifs douaniers qui plane sur les partenaires commerciaux des États-Unis est perçue comme positive, puisqu’elle pousse les entreprises à gonfler leurs stocks et à accroître leur capacité de production. Au-delà des politiques, M. Trump semble vouloir susciter à nouveau la ferveur à l’égard des grandes sociétés américaines et de l’économie en général, tout en rendant son pays plus ambitieux que jamais. « Obtenir l’impossible, c’est ce que nous faisons le mieux », a-t-il dit durant la vidéoconférence. L’exception américaine va peut-être fouetter quelque temps l’ardeur des entreprises et des marchés, mais des nuages se dessinent à l’horizon. Une grande partie des investissements découlait en effet de la loi sur la réduction de l’inflation promulguée sous l’administration Biden. Or les subventions massives prévues dans l’Inflation Reduction Act (IRA) seront bientôt choses du passé. L’inflation inquiète également, car le gouvernement américain, déjà lourdement endetté, continue de dépenser, faisant d’ailleurs concurrence aux investisseurs privés. En outre, les coupes pratiquées en immigration vont faire perdre de nombreux travailleurs et pourraient donc pousser les salaires à la hausse. Tout cela pèse sur les taux d’intérêt à long terme, car les investisseurs se demandent si l’inflation a vraiment été jugulée. Larry Fink, chef de la direction de BlackRock, a dit entrevoir un scénario selon lequel le rendement des obligations à 10 ans atteindrait 5,5 % ; ce n’est pas une prévision, a-t-il précisé, mais une simple possibilité – qui pourrait refroidir les esprits.

Q25 : Une administration se consacrant uniquement aux intérêts des États-Unis pourrait-elle s’unir aux autres pays afin de contenir les déséquilibres internationaux ?

2. L’Europe a rarement été aussi peu sûre d’elle

D’habitude, les dirigeants européens se réunissent à Davos pour rappeler au reste du monde la place particulière qu’ils occupent dans le monde sur le plan diplomatique, commercial et économique. Pas cette fois-ci. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est exprimée au nom de tous ceux qui, sur le continent, se disent préoccupés par l’avenir de l’Union. De leur côté, les dirigeants américains du monde des affaires et de la sphère gouvernementale (M. Trump y compris, bien sûr) ont clamé qu’il est devenu presque impossible d’investir en Europe, compte tenu de l’extrême lourdeur de la bureaucratie à laquelle sociétés et entrepreneurs sont en butte (un cadre a dit que, dans le cadre d’un appel d’offres, les nouvelles règles de déclaration environnementale obligeaient son entreprise à répondre à 800 questions). Mme Von der Leyen a reconnu que toute une génération de jeunes entrepreneurs était tentée de s’établir aux États-Unis ou ailleurs et que l’évocation par le président américain d’un nouvel âge d’or devait être pour l’Europe un appel à se réveiller. Le chef de l’opposition en Allemagne, Friedrich Merz – que l’on donne comme gagnant des élections du mois prochain et qui serait donc le futur chancelier – a présenté son programme conservateur : moins d’impôts, réduction de la facture d’électricité pour les fabricants (les prix sont montés en flèche depuis que l’Allemagne a fermé ses centrales nucléaires et que la Russie lui a coupé le gaz), diminution des prestations d’assurance-chômage et priorité aux seuls immigrants qualifiés plutôt qu’aux membres de leur famille. M. Merz veut aussi s’attaquer à la paperasserie imposée par Bruxelles. Il fallait toutefois un Américain – le PDG de BlackRock, encore lui – pour évoquer les retombées positives qu’aurait la tourmente en vue si l’Europe pouvait s’entendre sur un unique marché des capitaux. « On est trop pessimiste en Europe, a déclaré M. Fink le dernier jour. Le moment est probablement venu d’y investir à nouveau. »

Q25 : Le virage prévu à droite va-t-il entraîner de grands changements au sein de l’Union européenne ?

3. Les soubresauts de l’offre contribuent au risque géopolitique

Alors que le monde essayait de retrouver son équilibre après la pandémie, l’anormalité est devenue la norme. À Davos, plusieurs gouverneurs de banque centrale se sont dit préoccupés de la menace croissante des « chocs d’offre » (ces perturbations de l’économie mondiale qui compromettent le libre fonctionnement des marchés) ; de fait, en matière d’inflation, agir sur les taux directeurs a ses limites. Prenons le cas d’une des cibles favorites de M. Trump : le canal de Panama. Toute perturbation de ses activités ferait à nouveau grimper l’inflation. Idem pour le canal de Suez, sur lequel plane l’ombre de l’Iran. Les deux conflits dont se soucie le plus M. Trump – ceux d’Ukraine et de Gaza – pourraient facilement s’envenimer et s’étendre aux pays voisins, au moment même où de nombreux États se retirent d’institutions internationales comme l’ONU. Sans compter ce qui pèse probablement le plus sur l’offre, à savoir les catastrophes climatiques. M. Trump a affirmé que son administration saura rétablir la paix et en finir avec les incertitudes devant lesquelles d’autres que lui ont déclaré forfait. Il a déjà ouvert le dialogue avec le président chinois Xi Jinping, auquel il a suggéré de travailler avec les États-Unis afin de mettre fin à la guerre en Ukraine (Washington traiterait avec les Ukrainiens, Pékin avec Vladimir Putin). Enfin, M. Trump, qui s’est par ailleurs présenté comme l’instigateur du cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas, a dit souhaiter parler de désarmement nucléaire avec la Chine et la Russie, une fois l’affaire ukrainienne réglée. De nombreux habitués de Davos se demandent si le président américain, après avoir remporté deux fois l’investiture, n’espère pas obtenir le prix Nobel de la paix…

Q25 : L’habileté du négociateur en chef et la forte influence des États-Unis sur le monde peuvent-elles éviter à celui-ci un conflit généralisé ?

4. Qui va payer pour que les États-Unis assurent leur domination en matière énergétique ?

On peut dire toutes sortes de choses sur M. Trump, mais certainement pas qu’il mâche ses mots. Sur la question de l’énergie, il n’a pas caché à son auditoire de Davos qu’il s’agit de forer à tout-va. Autour de moi, les Européens ont accusé le choc, avant d’entendre le président garantir au continent ses approvisionnements en gaz naturel. Le désir qu’a M. Trump d’obtenir davantage d’énergie sous de multiples formes (il a cité le pétrole, le gaz naturel, l’énergie nucléaire et même le charbon) est une bonne nouvelle pour les nombreux pays où les consommateurs paient cher leur électricité. Il s’agit cependant d’un objectif politique qui va se heurter à certains principes fondamentaux du marché. Le secteur pétrolier, qui a manqué de capitaux pendant la plus grande partie de la décennie écoulée, ne voudra pas forcément investir des milliards de dollars dans de nouveaux moyens de production si les cours demeurent incertains et risquent de chuter. Sans parler de la chaîne d’approvisionnement… Pour creuser de nouveaux puits et construire de nouveaux pipelines, il faudra du matériel lourd et une main-d’œuvre qualifiée qui, actuellement, font défaut. Il en sera de même pour la production des minéraux critiques, secteur dominé aujourd’hui par la Chine – une tutelle dont M. Trump demande aux États-Unis et à leurs alliés (le Canada, par exemple) de s’affranchir. Quant à l’énergie nucléaire, si elle gagne en popularité, elle soulève des difficultés qui lui sont propres, qu’il s’agisse des délais d’exécution ou des coûts. Reste le secteur des énergies renouvelables, celui qui a crû le plus vite aux États-Unis et ailleurs, mais dont l’avenir à court terme semble soudain compromis. Il a grandement profité du Inflation Reduction Act mais devra désormais compter davantage sur lui-même.

Q25 : La croissance du secteur de l’énergie se fera-t-elle aux frais des États, des entreprises ou des consommateurs ?

5. Les États commencent à se réarmer et à changer leurs cibles

Chaque année, le FEM sonde ses membres sur la question des risques. Les conflits armés sont devenus la préoccupation majeure ; il y a deux ans, ils ne figuraient même pas parmi les 10 premières. L’Ukraine inquiète d’autant plus les Européens que les États-Unis pourraient cesser de l’aider ; en Asie, c’est au détroit de Taïwan que l’on songe. Au Moyen-Orient, l’Iran est certes affaibli – son influence a beaucoup diminué en Syrie, au Liban et à Gaza –, mais il révise ses plans. M. Trump a promis de rétablir la paix mais – tout comme d’autres dirigeants, d’ailleurs –, il a dit clairement à Davos que son gouvernement dépenserait beaucoup plus pour la défense nationale au cours des prochaines années. Cela signifie que bien des pays vont se disputer les nouvelles technologies et les matériaux traditionnels (l’acier, notamment) dont sont faites les machines de guerre. La fabrication de pointe devenant un secteur clé, l’Allemagne et les États-Unis sont en train de repenser leurs infrastructures industrielles, afin de pouvoir produire leurs propres armes. Il leur sera peut-être plus difficile de se doter de troupes à la hauteur, compte tenu du vieillissement de la population en Occident et du peu d’engouement des jeunes pour le service militaire. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy était aussi à Davos. Dans sa tenue militaire, il a demandé à ses alliés de continuer à le soutenir tout en les mettant en garde : l’armée russe comprend 1,4 million de soldats, dont 600 000 en Ukraine ou à proximité. La deuxième armée la plus importante en Europe est celle de l’Ukraine, qui aligne 800 000 combattants. Vient ensuite la France (200 000 soldats). Plus d’un tiers des approvisionnements en armes de l’Ukraine provient des États-Unis ; elle continue de construire des usines d’armement afin d’être moins dépendante de ses alliés. Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l’OTAN, a évoqué la menace croissante que constituent les dispositifs civils transformés en armes (drones, téléavertisseurs, etc.). M. Zelenskyy a suggéré que l’Europe se dote d’un « dôme de fer » similaire à celui d’Israël, afin de se protéger des missiles russes. D’autres mécanismes de défense pourraient s’imposer, y compris en matière de cybersécurité – la conduite de la guerre évolue en effet très vite et aucune nation n’est réellement à l’abri.

Q25 : L’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans les armes à la fois offensives et défensives. Qui, des pays démocratiques ou des États totalitaires, tirera le mieux son épingle du jeu ?

6. Intelligence artificielle : les agents du changement

À Davos, l’intelligence artificielle est devenue un thème aussi commun que celui des perspectives économiques ; le lien ne fait d’ailleurs que se renforcer. Naguère, c’était surtout les spécialistes de la technologie ou de l’éthique qui en parlaient ; à présent, c’est aussi le domaine des entrepreneurs, car les « agents IA » se sont multipliés dans les milieux de travail. En anglais, on parle d’ailleurs d’agentic era (« l’ère des agents »). Ces dix dernières années, les États-Unis ont créé plus de 5 000 sociétés dont le mandat est d’aider les entreprises à mettre en œuvre de tels agents dans les centres d’appels, auprès des équipes de vente ou dans les arrière-boutiques. À Davos, le FEM a présenté les conclusions d’une de ses études : les entreprises qui adoptent rapidement l’IA engrangent des revenus supérieurs de 15 % à ceux de leurs rivales. La croissance la plus forte s’observe dans les secteurs des services financiers, des télécommunications et des médias. Toutes sortes d’entreprises publiques ou privées ont parlé de ce que leur apporte plus généralement l’IA, qu’il s’agisse d’accélérer la mise au point de nouveaux médicaments, de fournir des services municipaux dans des dizaines de langues ou de dépister plus tôt le cancer. Dans le domaine de l’éducation (à l’école ou au travail), « copilotes » et agents séduisent de plus en plus, car l’IA permet de personnaliser et de baliser de mieux en mieux les parcours d’apprentissage. Selon Marc Benioff, chef de la direction de Salesforce – l’un des chefs de file de la conception d’agents –, le défi que doivent maintenant relever les entreprises qui investissent en intelligence artificielle est de développer davantage que le simple savoir-faire technique. À tous les niveaux, les agents IA vont bientôt être prépondérants dans les entreprises ; la culture organisationnelle et la constitution d’équipes vont nécessiter de nouvelles approches, car les équipes de demain comprendront des agents axés sur l’apprentissage actif. Comme l’a expliqué M. Benioff à un auditoire de cadres dirigeants : « Nous serons les derniers à gérer des effectifs composés seulement d’humains. »

Q25 : La société est-elle prête à voir travailler côte à côte des humains et des agents IA?

7. La diversité, l’équité et l’inclusion aux oubliettes. Quel avenir, pour les politiques climatiques ?

À Davos, il était courant de parler de diversité, d’égalité et d’inclusion. Des thèmes centraux qui ne le sont plus, sinon pour servir de cibles aux attaques de certains politiciens. En qualifiant d’« absurdes » les programmes de soutien à la diversité et en annonçant à maintes reprises que les États-Unis seraient désormais une « méritocratie », M. Trump a mis la foule très mal à l’aise – on voyait presque des cheveux se hérisser dans l’assistance. Ses propos étaient pourtant moins perturbants que le discours prononcé plus tôt dans la journée par Javier Milei : raillant les défenseurs de la justice sociale, le président argentin a dit que, les droits étant inscrits dans la loi, nul n’a besoin de « privilèges » tels que les préférences à l’embauche. À l’abri des projecteurs, certains se sont demandé si le climat allait faire lui aussi l’objet d’un tel revirement, tandis que les Européens cherchaient à minimiser l’impact de décisions comme le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Beaucoup d’organismes axés jusqu’ici sur les changements climatiques semblent déjà changer discrètement leur fusil d’épaule pour, par exemple, revenir à la simple conservation de la nature. Un autre mouvement s’esquisse, consistant à utiliser les maigres enveloppes allouées pour aider particuliers et collectivités à s’adapter à un monde où les inondations et les incendies se multiplieront. Dans le rapport précité du FEM, cinq des dix risques à long terme les plus évoqués concernent encore les changements climatiques. Il faudra peut-être s’y attaquer différemment – et plus silencieusement…

Q25 : Face à la multiplication des catastrophes naturelles et aux dommages de plus en plus graves qu’elles entraînent, que va faire la nouvelle génération de gouvernements conservateurs ?

8. Les populistes doivent maintenant tenir les promesses faites au peuple

Parmi les penseurs politiques et les historiens présents à Davos, beaucoup écoutent ce que disent les nouveaux dirigeants nationaux et les réactions des électeurs qui les ont portés au pouvoir. Désormais, les populistes vont en effet devoir remplir leurs engagements, ce qui ne sera pas facile en ces temps de budgets restreints et d’attentes élevées. L’anthropologue et journaliste Gillian Tett, aujourd’hui doyenne de l’Université de Cambridge, a mis son auditoire en garde contre le « silence social » et contre les courants invisibles capables de faire vaciller n’importe quel gouvernement. Le plus grand danger, selon elle, serait un revers économique – ou, pire, une crise financière –, survenant alors que M. Trump vient d’annoncer un âge d’or et parle de consacrer l’argent des contribuables à l’IA ou aux cryptomonnaies, toutes choses dont le citoyen moyen n’a que faire. Le président est populaire aujourd’hui, mais les Américains pourraient devenir moins indulgents s’ils avaient l’impression que ses politiques profitent à ses conseillers les mieux nantis alors que l’économie va mal. Une telle éventualité généraliserait et exacerberait l’irritation contre les élites, particulièrement vivace chez les jeunes. Présenté à Davos, le Baromètre de confiance Edelman (un rapport annuel) témoigne d’une hausse alarmante, parmi les jeunes adultes, de l’acceptation de la violence comme moyen d’expression de leur mécontentement. Selon Lawrence Summers, économiste américain renommé, ancien secrétaire du Trésor et grand habitué de Davos, les gouvernements seraient bien avisés de se consacrer à la prestation de services à la population plutôt que de faire de grandes promesses et de tout restructurer ; les gens veulent des routes en bon état, des versements faits en temps et lieu ou encore des mesures d’assistance aux collectivités en difficulté. Des besoins qui ont souvent été ignorés, a ajouté M. Summers. Y répondre pourrait rétablir la confiance dans les institutions – la démocratie ne pourrait qu’y gagner.

Q25 : Les gouvernements des pays occidentaux seront-ils davantage populaires lors des prochaines élections ?

9. Le retour sur la Lune… pour commencer

Abstraction faite de toutes les discussions menées à Davos sur les marchés et les politiques (c’est le Forum économique mondial, après tout), on croise là-bas des gens d’action et des créateurs en tous genres. Cette année, l’accent était mis sur l’espace et – parfaitement ! – sur ses perspectives économiques. Un soir, sous une lune particulièrement brillante, j’ai parcouru la vallée de Davos pour me rendre à un petit dîner réunissant les dirigeants de plusieurs agences spatiales et certains des entrepreneurs qui sont en train de monter de tout nouveaux secteurs afin de pouvoir envoyer plus de gens et d’équipement en orbite ou sur notre satellite. Il y a de tout, parmi ces nouveaux explorateurs. Le Japon met au point des robots de l’espace et des engins capables de se poser à moins de 10 mètres de leur point prévu d’alunissage. Avec l’agence spatiale indienne, les Japonais planchent aussi sur la prochaine génération de rovers lunaires, qu’ils pensent pouvoir bientôt équiper de cabines pressurisées – les astronautes pourraient ainsi se déplacer sans avoir à revêtir leur scaphandre au complet. Les Saoudiens, eux, s’intéressent au lancement de satellites et à la récupération des débris dans l’espace. Une équipe du Massachusetts Institute of Technology a présenté un projet consistant à envoyer ce mois-ci un engin vers le pôle sud de la Lune, où la température varie de +1 à -200 degrés, afin d’étudier un cratère qui n’a encore été exploré qu’une fois. L’Agence spatiale européenne a elle aussi son grand projet ; il va s’agir de poursuivre un astéroïde qui se rapproche de nous – le vendredi 13 avril 2029, il passera à moins de 38 000 kilomètres de la Terre. L’investisseur américain Kam Ghaffarian faisait également partie des convives ; il a évoqué les centaines de millions de dollars qu’il mise dans de nouveaux lanceurs, avec son équipe de 700 personnes établie à Los Angeles. M. Ghaffarian pense que ce secteur va connaître l’une des plus fortes croissances, étant donné que les États-Unis, qui ont procédé à 145 mises en orbite l’année dernière (un nombre record, cinq plus élevé qu’en 2017), comptent désormais le faire… toutes les quelques semaines. Tous les mois, il y aura bientôt, de par le monde, beaucoup plus de lancements qu’aujourd’hui. L’an dernier, des entrepreneurs comme M. Ghaffarian ont réuni 8,6 milliards de dollars américains en vue de projets spatiaux – un secteur qui, selon une étude de McKinsey & Co., vaudra 1 800 milliards dans dix ans. Pour les amoureux de l’espace, ce n’est pas une question d’argent ; le but est d’aider les humains à s’élever au-dessus de leur condition et à voir leur planète d’en haut, là où frontières et conflits n’ont aucune réalité. Quant aux entreprises qui se font pourtant concurrence, c’est une question de collaboration. Comme l’a dit Mohammed Al-Tamimi, le chef de la direction de l’agence spatiale saoudienne, « aucun pays ne pourra se rendre et s’implanter sur la Lune s’il fait cavalier seul ».

Q25 : L’administration Trump lancera-t-elle officiellement un nouveau projet de conquête de Mars ?


Premier vice-président, Bureau du chef de la direction, Banque Royale du Canada, John Stackhouse dirige l’Institut d’action climatique RBC.

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