Depuis le début du siècle, les chaînes logistiques mondiales ont subi de dures épreuves : les attentats du 11 septembre, la crise financière mondiale, le tremblement de terre de Fukushima, le Brexit. Toutefois, rien ne se compare à l’année que nous venons de vivre. Pensons à la fermeture soudaine des usines chinoises, à la ruée mondiale vers les masques et les équipements de protection individuelle, aux avions cloués au sol pendant des mois à cause des mesures sanitaires, et aux engorgements dans les ports. Vient ensuite le symbole suprême du chaos commercial provoqué par la COVID-19 : Ever Given, l’un des plus grands porte-conteneurs au monde, coincé dans le canal de Suez. Heureusement, des dragueurs et des remorqueurs ont fini par réussir à dégager l’immense navire. Différents indices portent à croire que plus rien ne sera comme avant après cette pandémie. Comme l’a notamment réitéré Brian Deese, le principal conseiller économique de la Maison-Blanche, sur Twitter après la libération de Ever Given, il est de plus en plus urgent d’augmenter la résilience des chaînes logistiques du pays.

Les États-Unis cherchent donc à réorganiser leurs chaînes en fonction de nouvelles priorités : la sécurité nationale, les travailleurs, l’environnement et le contexte géopolitique. Pour l’administration Biden, ces réseaux forment les pierres d’assise de la nouvelle stratégie industrielle américaine qui consiste à rapatrier les activités de fabrication, à investir dans les véhicules électriques, les batteries, les semi-conducteurs et d’autres technologies propres, puis à faire en sorte que les États-Unis gagnent la « course de l’avenir » contre son rival, la Chine, en pleine ascension.

Le Canada pourrait aussi bien avoir l’occasion de récupérer le terrain qu’il a perdu, comme on peut le lire dans le nouveau rapport Interversion, publié récemment par Services économiques RBC. Jumelées à une alliance commerciale encore plus solide avec les États-Unis, les nouvelles stratégies industrielles que mettra en place le Canada pourraient lui permettre de s’implanter dans les chaînes logistiques des technologies de demain. Le Canada pourrait en profiter pour reconstruire sa puissance d’exportation, qui s’est amoindrie au cours des dernières années, en raison de la baisse de sa part du marché américain, et dans un contexte où les investissements résidentiels et les dépenses de consommation sont devenus les principaux moteurs de croissance économique. Il pourrait en outre saisir la chance de revitaliser des secteurs traditionnels fortement susceptibles de pâtir du passage aux technologies propres, soit l’automobile, l’énergie, les métaux et les minéraux, lesquels équivalent à plus de la moitié de ses exportations totales vers les États-Unis, soit 227 milliards de dollars en 2019.


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La réussite n’est pas assurée, car d’autres pays se disputent une place dans les nouvelles chaînes logistiques qui soutiennent la plus grande économie du monde. Cela dit, le Canada a une bonne longueur d’avance : il est profondément intégré au secteur nord-américain de l’automobile, a conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, et possède des gisements de chaque minéral essentiel utilisé dans la fabrication de batteries de véhicules électriques ou en produit.

Afin de livrer concurrence sur le plan des investissements, le Canada devra envisager de se doter d’outils politiques modernes pour appuyer les biens stratégiques, y compris les véhicules électriques et les batteries qu’ils utilisent, d’autant plus que d’autres pays offrent des mesures incitatives et des subventions. Le Canada devra établir des secteurs prioritaires pour l’investissement, comme les infrastructures, et élaborer des stratégies plus robustes de recherche et développement et de perfectionnement des compétences. Il devra travailler en étroite collaboration avec des partenaires internationaux clés. Les gains pourraient être considérables et contribuer à aider le Canada à atteindre une cible ambitieuse, mais raisonnable, de 1 000 milliards de dollars de nouvelles exportations d’ici 2030.

 

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