Une quatrième révolution agricole est en cours, et ce ne sont ni les semences ni le diésel qui en sont le moteur. C'est plutôt une question de données.

Alors que les agriculteurs canadiens laissent les tâches traditionnelles aux machines intelligentes pour se concentrer sur les stratégies et les systèmes, ils seront mieux placés que jamais pour nourrir la population mondiale en croissance rapide. Mais pour y arriver, en plus de devoir parfaire leurs aptitudes actuelles, ils auront besoin de nouvelles aptitudes que le Canada devra s’atteler à développer sans tarder.

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Selon Agriculteur 4.0, un nouveau rapport de RBC, le pays pourrait connaître une pénurie de main-d’œuvre possédant des aptitudes essentielles à la transformation du secteur : analyses des données, robotique, ventes internationales, pour n’en citer que quelques-unes. On prévoit en effet une transformation qui risque d’entraîner un manque à gagner de 123 000 travailleurs agricoles d’ici 2030. Toutefois, la bonne combinaison d’aptitudes pourrait ajouter 11 milliards de dollars au PIB du Canada et accroître la productivité du secteur à un niveau supérieur à celui des secteurs de l’automobile et de l’aérospatiale réunis.

Agriculteur 4.0 présente les résultats d’une étude de quatre mois menée par des chercheurs et des économistes sur l’évolution des aptitudes agricoles exigées, au moyen de l’analyse des données recueillies dans le cadre d’entrevues avec des personnes se trouvant au cœur même de la révolution agricole.

L’étude a révélé que les agriculteurs canadiens sont au carrefour d’une révolution démographique et technologique. D’ici 2025, un agriculteur sur quatre aura 65 ans ou plus. Par ailleurs, il y a moins de jeunes que jamais qui se lancent dans ce métier.

Agriculteur 4.0 a aussi analysé l’émergence des technologies de pointe dans des sous-secteurs agricoles et découvert qu’elles n’entraîneront pas de réduction du nombre d’emplois à court terme, mais plutôt une évolution des aptitudes requises dans les fermes, les établissements d’aquaculture, les vignobles et les serres au cours de la prochaine décennie.

Selon le rapport, 14 % des producteurs ont automatisé leurs tâches l’an dernier, et le secteur a dépensé quatre fois plus sur la machinerie par travailleur que tout autre secteur de l’économie. Cependant, même si 95 % des grands producteurs disent utiliser les technologies de pointe, la part des investissements du Canada en technologies agricoles n’était que de 3,4 % en 2018.

En fonction d’un modèle de groupe d’aptitudes élaboré dans le cadre du rapport Humains recherchés, publié en 2018 par RBC, Agriculteur 4.0 présente cinq catégories de travailleurs agricoles qui seront touchés différemment par la technologie :

  • Le groupe le plus important, les propriétaires et exploitants d’une ferme que nous surnommons les « décideurs », auront besoin de l’expertise numérique, des capacités de leadership et de l’esprit critique nécessaires à la gestion d’exploitations agricoles plus grandes et complexes.
  • Un deuxième groupe de travailleurs qualifiés qui assurent l’entretien de l’équipement agricole devront composer de plus en plus avec des machines intelligentes, ce qui signifie qu’ils devront développer les aptitudes technologiques nécessaires pour travailler avec des robots et faire du codage. D’après le rapport, on estime que le Canada aura encore besoin de 25 000 de ces travailleurs, soit les « facilitateurs », qui ont des connaissances sur les logiciels, le sens des affaires et des aptitudes en communications.
  • Dans un troisième groupe se trouvent les « spécialistes », des travailleurs ayant des connaissances spécialisées dans des domaines scientifiques comme la génétique, la chaîne de blocs et l’intelligence artificielle. Le rapport indique que la demande pour cette catégorie d’emploi sera de 18 000 travailleurs.

L’un des plus importants défis des décideurs politiques sera de trouver des solutions à la pénurie de travailleurs peu spécialisés, qui devrait atteindre 85 000 travailleurs d’ici 2030. La demande pour ce type de postes, notamment pour la cueillette de fruits et les plantations, sera plus problématique à court terme. Une automatisation est à prévoir à long terme. La transition nécessitera une nouvelle approche en matière d’immigration et de rééducation professionnelle, entre autres choses.

Agriculteur 4.0 souligne les innovations dans des pays comme les Pays-Bas, l’Australie et Israël, où les programmes agricoles sont au cœur des priorités. Le rapport invite d’ailleurs le Canada à adopter une nouvelle combinaison d’aptitudes agricoles davantage axées sur les données, l’innovation et la diversité. Parmi les recommandations du rapport, soulignons une stratégie nationale en matière d’aptitudes, y compris des mesures visant à inciter un nombre accru de jeunes à faire leur entrée dans le secteur.

L’agriculture jouera un rôle central dans la santé et la prospérité futures du Canada. Grâce à la bonne combinaison d’aptitudes et de technologies, les agriculteurs canadiens pourront nourrir le monde et faire croître l’économie canadienne.
 

John Stackhouse est un auteur à succès et l’un des grands spécialistes en matière d’innovation et de perturbations économiques au Canada. À titre de premier vice-président, Bureau du chef de la direction, il dirige la recherche et exerce un leadership avisé concernant les changements économiques, technologiques et sociaux. Auparavant, il a été rédacteur en chef du Globe and Mail et éditeur du cahier « Report on Business. » Il est agrégé supérieur de l’institut C.D. Howe et de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, en plus de siéger aux conseils d’administration de l’Université Queen’s, de la Fondation Aga Khan Canada et de la Literary Review of Canada. Dans son dernier livre, « Planet Canada: How Our Expats Are Shaping the Future », il aborde la ressource inexploitée que représentent les millions de Canadiens qui ne vivent pas ici, mais qui exercent leur influence depuis l’étranger.

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